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04-& 11-11-2025
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L’émission rend hommage au
travail constant des
éditions érès PO&PSY
qui font rayonner la poésie du
monde entier.
Créée par deux traductrices aux
profils complémentaires
– Danièle
Faugeras, poète, et
Pascale
Janot, linguiste
enseignant la langue française à l'École Supérieure pour Traducteurs
et Interprètes de l'université de Trieste (Italie) –, la collection
PO&PSY propose des recueils ou anthologies de poésie inédits, de
tous domaines linguistiques, époques et genres, se limitant par
contre impérativement aux écritures brèves.
Ces textes, publiés en édition
bilingue, sont accompagnés de contributions d'artistes travaillant
dans le même esprit. Certains volumes donnent lieu à des "tirages de
tête" : séries limitées, numérotées, signées par l'auteur et
l'artiste, chaque volume comportant une œuvre originale. 75 titres
dont parus à ce jour, à raison de 5 volumes par an : 3 recueils
princeps (découvertes) + 1 volume in extenso (œuvres complètes) + 1
volume a parte (abordant la poésie par des démarches créatives
connexes).
PO&PSY
est diffusé en librairies mais aussi directement, auprès des publics
des festivals, salons et marchés du livre, par l'association PO&PSY,
qui organise aussi des manifestations alliant art et poésie.
Présentation et lecture
d’extraits de :
Ouladzimir
STSIAPAN
Mouettes
au-dessus de Minsk
Version bilingue avec une
photographie
d’Alain
Blancard
Traduit par
Danièle FAUGERAS, Yana
HULTSIAYEVA
Ce recueil, composé par l'auteur,
présente 80 haïkus métrés en version bilingue, biélorusse /
français.

Ouladzimir
Stsiapan, né en 1958 à
Kastsioukowka, en Biélorussie, est un artiste, écrivain, poète et
journaliste biélorusse. Diplômé de l’École des arts de А. Hlebaw,
puis de l’Académie des arts de Biélorussie, il a pratiqué le
graphisme de livres. Pendant presque 20 ans, il a travaillé pour la
télévision biélorusse à la rédaction des programmes littéraires et
dramaturgiques, en tant que rédacteur en chef, auteur de programmes,
présentateur, scénariste de documentaires et de longs métrages. Il
est surtout connu comme un maître de la prose. Il est l’auteur de
recueils de nouvelles, dont certains ont été primés, et de deux
romans. Sa prose et ses poèmes ont été traduits vers le russe,
l’ukrainien, l’anglais, l’allemand.
Comme
au-dessus de la mer,
des mouettes
au-dessus de Minsk crient…
Début de
printemps.
*
Si chaude, la
pluie
que sur les
barbelés poussent
des petites
feuilles.
*
Cerisier en
fleurs.
Du côté
ensoleillé
du nouveau
cimetière.
*
Li QINGZHAO
Derniers
effluves de lotus rouges
Traduit par
Danièle FAUGERAS, Joanna
MAGUIRE-CHARLAT
Illustré
par Marie-José DOUTRES
Recueil sous une forme légère et
originale des poèmes de la grande poétesse de Chine,
Li Quingzhao.
Ce petit livre-leporellos est une
invitation à découvrir la poésie de
Li Qingzhao
(1084-1155), universellement reconnue comme la plus grande poète
chinoise de tous les temps, qui a mis à profit la nouvelle forme
prosodique du ci, poème chanté à vers irréguliers, apparue sous la
dynastie Song, pour exprimer d'une façon personnelle, résolument
allusive et métaphorique, les expériences intimes, intensément
éprouvées, d'une vie mouvementée. Ces quatre poèmes où apparaît le
thème du lotus, de haute valeur symbolique dans le monde asiatique,
sont accompagnés de dessins de
Marie-José
Doutres, plasticienne
contemporaine.
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28-10-2025
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L’émission est intégralement
consacrée à la revue de poésie vive
Nouveaux Délits n°
82

Éditions NOUVEAUX DÉLITS. –
415 Route de la Grèze – 46300 SOUCIRAC
Abonnement :
nouveauxdelits.editions@sfr.fr ou par courrier
40 € pour 4 numéros ou 75 € pour
8 n° (France et DOM-TOM)
48 € pour 4 numéros ou 88 € pour
8 n° (international)
Au numéro (même ancien) :
8 € + port (3 € France ; 1 €
international en tarif livres & brochures jusqu’au 30 juin 2025)
Lecture de l’éditorial de
Laurent
Bouisset :
Retour en Amérique latine huit
ans après. Nous avions proposé en 2017 un Nouveaux Délits spécial
Guatemala et voici aujourd’hui ce travail mêlant deux poètes
d’Amérique du nord (Mexique) et trois autres d’Amérique centrale
(Guatemala à nouveau).
Vania Vargas
était déjà présente en 2017, et nous avons ici traduit quelques
poèmes de son dernier recueil en date : Generalidades y reglas de
la fuga (Editorial Sophos, 2024). À nouveau, cette précision
cinématographique de ses courts textes. À nouveau, cette densité du
moindre mot. Cette façon d’esquisser des espaces hopperiens
immenses, où chaque vers semble abriter une présence fragile. Julio
Palencia est un compagnon de route présent sur le blog
www.fuegodelfuego.blogspot.com depuis plus de dix ans. Il
revient dire le monde avec cette concision presque orientale qu’on
lui connaît, cette manière discrète d’empoigner, au lieu d’une
plume, un sabre doux. Sa lame ainsi coupant les ornements attiserait
la vie, je crois, au lieu de l’enlever à quiconque.
Isabel de los
Ángeles Ruano est une
poète guatémaltèque emblématique, un personnage entier, fougueux,
hypersensible (comme tous) et empathique à chaque instant, dont on
découvrira ici la nuit cosmique, la furie par instants terribles, la
clarté plus soyeuse parfois, la détermination surtout, l’envie (la
gnaque fragile, on pourrait dire). Tandis que j’essayais de la
traduire, j’ai cru sentir le mistral traverser les murs.
Jorge Vargas
et
César Anguiano sont
deux poètes de Colima au Mexique qui avaient déjà été traduits par
Patrick Quillier en France. Grâce à la revue Teste,
j’ai d’abord rencontré Jorge, qui m’a généreusement envoyé depuis le
Mexique un livre de César (plutôt que de m’adresser un des siens).
Ces deux amigos ont des écritures sans doute distinctes : Jorge
décrit les chocs du réel direct, invasif, torturant, sous la forme
d’un journal de guerre terrible ; César, lui aussi entaillé par la
réalité du monde, me semble envisager les choses avec davantage de
recul (l’ironie l’aide à ne pas sangloter, je crois).
Y a-t-il un pont, un lien, un
semblant de nerf unissant ces cinq écritures ? Plus d’un écho
involontaire nous semble perceptible, d’une œuvre à l’autre. Partout
cette tension du texte de part en part électrifié par une nécessité
plus que vitale. Si les destins de ces poètes ont été différents
(certains ont pris le réel en pleine gueule, d’autres de manière
moins frontale), l’ensemble de leur vers exsude une même inquiétude
profonde : comment vivre ici même, là-bas ? Comment continuer à
vivre en ayant vu, en ayant entendu tout ça ? L’exigence éthique de
l’écriture semble être le poumon que l’on cherche, là où la violence
règne et tue. Un poumon qui n’est pas un Graal, très loin de là,
mais qui peut maintenir à flot un modeste moyen de respirer, c’est
déjà ça.
Laurent
Bouisset
***
Au sommaire donc de ce n° 82 :
Délits de poésie (bilingues) :
César Anguiano
(Mexique)
Isabel de los
Ángeles Ruano (Guatemala)
Julio C.
Palencia (Guatemala)
Jorge Vargas
(Mexique) : Diaro de guerra / Journal de guerre (extraits)
Vania Vargas
(Guatemala) : Generalidades y reglas de la fuga / Règles et
généralités de la fuite (extraits)
Trois d’entre eux sont lus
lors de l’émission :
César Anguiano
Silva, né à Colima,
Mexique, en 1966, a étudié les Lettres hispano-américaines à
l'Université de sa ville natale. Il publie en 2004 son premier
roman, A la deriva
(A la dérive) et son
premier recueil de poèmes,
Los poemas de Safo
(Les poèmes de Sapho). En 2013, son livre
La sangre y las cenizas
(Sang et cendres) est primé en Espagne, à Ségovie, au Concours
International de Poésie Jaime Gil de Biedma.
Lecteur passionné des classiques
et auteur réaliste, César Anguiano a écrit, outre de nombreux
romans, plusieurs pièces de théâtre, entre autres
Vengando a Pessoa
(En vengeant Pessoa) et
Delirium Bicentenarium Tremens.
Il travaille actuellement à un nouveau recueil et à une grande
fresque romanesque où il entend décrire le Mexique des dernières
décennies.
Pueblo quieto
(Paisible village) est sa première œuvre poétique. Il s'y distingue
déjà comme l'une des voix les plus authentiques et les plus
puissantes de la nouvelle génération d'écrivains mexicains. Doté
d'un regard infaillible, il s'en sert pour représenter, en images
comme en poèmes, la vie et la lutte des Mexicains pour une vie
meilleure. Sans nul doute, il faudra suivre le parcours de cet
artiste.
Paisible village,
tout comme Sang et
cendres, sont deux
recueils qui explorent, au vrai sens de la si mal nommée "guerre
contre les narcos", une réflexion incombant non seulement aux
Mexicains, mais aussi à toute personne intéressée par l'analyse des
discours politiques, quel que soit son lieu de naissance ou de
résidence. Sa poésie explore les territoires de l’innommable.
Extrait du numéro 82 de "Nouveaux
Délits", ce poème de
César Anguiano
:
Personne ne
devrait, au petit jour,
Annoncer la
mort de personne.
Personne ne
devrait ériger un tel obstacle
Sur la pente
ardue du jour qui commence.
Personne ne
devrait t'essorer le cœur
Comme ça.
C'est déjà
bien assez de respirer,
De contempler
les petites misères
Qui nous
attendent au fil du jour.
C'est déjà
bien assez de se dire
Que la vie, la
vraie
On la verra
très peu,
Voire jamais.
Ils pourraient
au moins,
Ces messagers
de la tristesse,
Nous laisser
prendre notre café,
Nous laisser
regarder un peu par la fenêtre
Et découvrir
un nuage,
Un oiseau qui
chantait un peu dans les feuillages,
Un rayon de
soleil au moins,
Avant de venir
asséner leurs coups.
Personne ne
devrait annoncer
La mort de
personne,
Te rappeler
que toi aussi
Tu as tes
jours comptés,
Te laisser
sans motivation,
Sans raison de
lutter,
Sans
possibilité de retenir tes larmes,
Sans force
pour commencer le jour.
***
Isabel de los
Ángeles Ruano est une
écrivaine, poétesse, journaliste et enseignante guatémaltèque. En
1954, elle a déménagé avec ses parents au Mexique; ils sont
retournés au Guatemala trois ans plus tard, vivant dans divers
endroits du département de Jutiapa et du département de Chiquimula.
Extrait du numéro 82 de "Nouveaux
Délits", ce poème de
Isabel de los
Ángeles Ruano :
Nous du vent,
nous qui
portons des vers gravés
au cœur du
gouvernail de notre sang.
Nous, les
porteurs de lianes troubles
nées dans
l’incertitude de la race.
Oui, nous qui
portons le destin cuirassé
par-delà la
couleur de notre sexe,
par-delà les
voix de l’héritage,
par -delà la
couleur de notre cri.
Oui, nous
allons chanter, chanter,
comme si les
mots germaient
et que notre
souffle n’était pas emprunté ;
comme si la
lumière nous recouvrait vraiment
et que la mort
ne frappait pas à notre porte.
Du cœur à
l’âme,
nous semblons
ronger nos propres désirs,
nous, les
êtres de l’après-midi anéanti,
nous de
l’automne perdu, nous du vent,
nous qui
portons notre vie
plus attachée
au ciel qu’à la terre
et qui
chantons, depuis toujours, chantons.
***
Julio C.
Palencia est né au
Guatemala, le 17 octobre 1961
C’est un poète, essayiste et
traducteur. Il s’est exilé au Mexique de 1982 à 1995.
Il a étudié à l'École nationale
d'anthropologie et d'histoire de Mexico.
Extrait du numéro 82 de "Nouveaux
Délits", ce poème de
Julio C.
Palencia :
Animal furtif
Rassemble-toi,
soupèse tes
mots.
Ce n’est pas
parce que tu écris bien
que tu dois
signer des paroles creuses.
La belle
rédaction
l’orthographe
et les bonnes
manières ne
servent à rien si
le sac de jute
que tu es
ne secrète
qu’excrément.
Ne méprise
jamais
le parfum
d’une fleur
ne ferme pas
les yeux
à la lumière
recommencée
de chaque jour
unique.
Le bonheur,
animal furtif, se tapit
dans le
quotidien.
***
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21-10-2025
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L’émission est consacrée à la lecture d’extraits de :
Eric Chassefière
Pour que
parle la beauté
Ecrits sur la route
Poèmes
Editions Rafael de Surtis, 2025, 316 p. – 25,00€.
Né
en 1956 à Montpellier, Éric Chassefière est astrophysicien,
spécialiste de l’étude des planètes, et historien des sciences. Il
est Directeur de recherche au CNRS, et a
été
Professeur chargé de cours à l’École Polytechnique. Il écrit depuis
l’enfance, et a publié une cinquantaine de recueils de poésie. Il a
obtenu le prix Xavier Grall en
2022. Il est membre du comité de lecture de la revue Interventions à
Haute Voix, chroniqueur régulier pour la revue Diérèse, et membre du
comité de la revue en
ligne Francopolis.
Ses
derniers recueils publiés sont, chez Rafael de Surtis
: Sentir
(2021),
La part d’aimer
(2022),
Palermo
(2023),
chez Alcyone :
L’arbre
chante (2021),
La
part silencieuse
(2023), chez Sémaphore :
Le jardin d’absence
(2022),
Faire parler son âme
(2023),
chez Encres vives :
Le partage
par la musique
(2019),
Moments poétiques
(2021).
***
Plus de trois cents pages de poèmes nés sur la route. Michel Cosem à
qui ce livre est dédié voyageait avec un carnet pour figer le lieu
dans l’éternité du poème.
Eric Chassefière est un de ses nombreux disciples qui portent leurs
regards sur les lieux traversés, pour en nourrir l’épopée du poème.
A
Encres
Vives, Michel Cosem
avait créé la collection
« Lieu »
qui eut un vrai succès. Eric Chassefière y a beaucoup contribué, en
grand voyageur.
Tous ses recueils de cette série « Lieu » sont réunis dans ce livre
qui nous donne en partage les sentiments du poète en chemin, d’un
continent à l’autre. La découverte du lieu est toujours prétexte à
revivre l’instant de cette
découverte. Il y a comme une métaphysique de la révélation du lieu,
parfois par les souvenirs les plus triviaux :
« Petit temple où
se déchausser / moyennant cent roupies »,
mais toujours par l’exaltation de la célébration de cette beauté des
lieux à jamais surprenante par ses infinis visages.
C’est le monde entier que célèbre Eric Chassefière, paysages de
Chine, d’Inde, de Madagascar, d’Indonésie, du Viêt-Nam, du Cambodge,
d’Angleterre, des U.S.A.,etc.
Chaque poème rend compte d’une atmosphère - et il faut bien admettre
que le poète s’attarde essentiellement dans les lieux où règne une
certaine sérénité - et de cette suite immense de lieux, plus
particuliers
les
uns que les autres, se dessine une humanité qui habite ou a fabriqué
ce lieu, avec ses peuples et leurs génies propres.
Il fallait oser donner ce vertige de la multiplicité des terres des
hommes pour louer sans retenue la beauté de notre monde auquel
ainsi, le poète donne une parole.
Jacqueline
Saint-Jean, la
Bretonne qui aime nos Pyrénées, a bien vu la richesse poétique de ce
recueil volumineux. Voici en résumé son sentiment :
« Une prose
souple et fluide épouse le multiple, avec la conscience lucide du
risque d’émiettement si le fil ou le souffle ne relient plus le
flux. On y perçoit le musical retour de motifs de l’œuvre, arbre,
lac ou jardin d’enfance.
Écrire son
voyage, ici, c’est s’amplifier, s’unir à toutes les formes du
vivant, dépasser sa propre vie, « sentir couler en soi le sang de la
montagne », « battre de la brûlure des pierres »,
sentir jusque
dans son corps vibrer la terre…Plus encore, c’est « le sentiment
d’atteindre au merveilleux, à l’inexplicable ».
L’humour s’invite aussi dans
cette vaste contemplation du monde :
Y a-t-il eu un
océan sur Mars ?
c’est le sujet
de la table ronde aujourd’hui
question de
l’origine des réseaux des vallées
question de la
dégradation des cratères anciens
question des
signatures minéralogiques
question de la
permanence de la glaciation
question d’une
possible bifurcation climatique
question de
l’évolution du volcanisme
question de
l’activité hydrothermale
question de
l’efficacité des gaz à effet de serre
question sur
la question
question sur
la question sur la question
controverse et
absence de réponse
mon voisin de
table ce soir explique
que les
savants ne se résolvent jamais à résoudre
que par nature
ce qu’ils cherchent
n’est pas la
réponse mais la question
Hotel Hyatt
Regency - Lakeside A/B
***
Photo
Claude BRETIN vacance à TANARIVE


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14-10-2025
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Au sommaire de cette
émission une lecture de
« Ramenez-les à la maison »
de
Pierre Ech-Ardour,
éditions Levant, 250 p, 15 €.
Pierre Ech-Ardour
réside à Sète. En son rapport intime aux lettres, sa poésie, « tours
de mots » où interfèrent extrinsèques lumières et clartés profondes,
incarne la parole d’une utopie propice à l’approche des sources du
monde.
Son
mouvement poétique explore le croisement les langues et l'ambition
du langage, comme retranchement de la mémoire, source de lumière et
éclairement du monde et de ses mystères.
Il reçoit à Toulouse le 6
octobre 2018 le Premier Prix de Poésie 2018 des Gourmets de Lettres
sous l'égide de l’Académie des Jeux Floraux de Toulouse pour le
recueil Lagune
- archipel de Thau
Ses dernières publications :
En suspens d’un
entrelacs de minuits –
(Édition bilingue français – occitan)
Éditions Tròba
Vox, 2024
Les Amoutous
L’An Demain
Éditions, 2024
Ramenez-les à la maison
Étincelles du
Levant – Éditions Levant, 2024
Numineuse imprésence –
(Trilogie – tome II) –
Editions Levant,
2025
Pire est la mer que les
déserts –
(Pour SOS Méditerranée)
Editions Domens,
2025
Bourgeonna l’aube en le
miroir du temps
Editions Encres
Vives (Collection Encres Blanches), 2025
Dalle radici del mondo –
(Édition bilingue français – italien. Anthologie)
Terra d’Ulivi
Edizioni, 2025
L’imprédictible livre (Trilogie),
titre sommatif de trois livrets : Polyphonique
offrande, L’imprédictible
livre et Monade
Originelle : -
Éditions Phloème, 2025
***
Ramenez-les à la maison
« David Ben
Gourion voulait faire refleurir le désert. Aujourd’hui, nos fleurs
les plus précieuses,ce sont nos enfants. »
Après l’ignominie terroriste du 7
octobre 2023, Pierre Ech-Ardour a participé du 25 février au 8 mars
2024 à une mission volontaire organisée par l’Association
Générations Gamzon.
Cette mission s’est déroulée au
centre éducatif de Nitzana, tout près de l’ancienne cité nabatéenne,
située dans le sud-ouest du désert israélien du Néguev près de la
frontière égyptienne.
Il est présent à Tel Aviv sur la
Place des Otages avec familles et sympathisants.
C’est pour se rapprocher des
vivants, car les otages sont bien de ce monde, qu’il a pris
l’initiative du présent recueil pour témoigner que les otages sont
toujours vivants.
Ce recueil leurs est dédié.
Il exprime une expérience
inoubliable d’un présent tragique qui ne peut être oublié :
Am
Israël Haïm ! עַם יִשְׂרָאֵל
חַי. « Le peuple
d’Israël vit ».
Le jour arrivera, parce que nous
avons foi en la vie et l’espoir, et nous pourrons apprendre à
dialoguer.
***
matinales vos
ombres arrachées
Vers
l’ailleurs des poussières
aux regards
malfaisants
tendues sans
obole implorent
vos mains un
retour,
se nouent
souffrances et destins
en la spirale
d’espérance
et soufflent
sur le malheur
la cruauté et
vos blessures
Enfants de la
Terre promise,
dans le
suspens du dénouement
brûle l’effroi
vos innocences
***
Comme un poème
écrit au mur
chaque aube
prononce une syllabe,
étire le temps
de tous les instants,
comme si rien
ne se passait
en l’infinie
déchirure des jours
Seule mutique
la musique
clôt son
cercueil de lumière
Renaîtront à
Reïm[1] et en Israël
multiples des Tribe
of Nova
quand tous
nous danserons !
[1] Lieu où se
déroula le festival de musique Tribe
of Nova,
où 364 personnes furent le 7 octobre 2023, assassinées par les
terroristes du Hamas.
Sur les champs où
les victimes ont été massacrées, sont depuis plantés des arbres avec
la photo d’un défunt posée au pied de chaque arbre.
Toute la nuit
jusqu’à l’aurore
sans visage
taillade la solitude
le souffle de
silences hurleurs
Tout le jour
jusqu’au crépuscule
sans verbe
atterre la souffrance
la mélodie de
paroles rompues
Il me fallut
écrire en le feu du silence
pour creuser
un antre de lumières
exhumer par
les mots le monde
où luiraient
obscurité et présences
Serions-nous
coupables d’être juifs ?
***

***
Diffusion d’un extrait de
« Pouvoirs du poème » de Charles Juliet lu par l’auteur (éditions
Thélème). Comme l’a si bien noté notre ami
Jean-Pierre Siméon :
"L'enjeu du
long périple de Charles Juliet se situe hors de la littérature : il
s'agit d'atteindre, au prix d'une volonté intraitable et
surpuissante, cet état de soi-même apaisé et réconcilié, ici nommé
le soi."
***
Lecture du chef-d’œuvre de
Ytskhoz Katzenelson :
« Le Chant du peuple juif assassiné »
Traduit du
yiddish par Batia Baum
Présenté par
Rachel Ertel
éd. Zulma Poche, 160 p, 9,95 €.
Yitskhok
Katzenelson est né en
1886 à Korelichi (Biélorussie). Il appartient à une famille de
rabbins et de lettrés qui s’est établie à Lodz alors qu’il avait 13
ans.
Il travaille d’abord dans un
magasin puis à l’usine, continue de s’instruire en autodidacte et
écrit soit en hébreu soit en yiddish.
Dès 1904 il publie ses poèmes en
yiddish à Varsovie où vont paraître la plupart de ses œuvres jusqu’à
la guerre. En 1910, il reprend l’école paternelle qu’il dirige à son
tour jusqu’en 1939.
Entre-temps, il voyage à Genève,
Berne, Berlin, mais aussi en Palestine et en Amérique.
En 1943, après trois ans de
souffrance et résistance dans le ghetto de Varsovie, il est envoyé
au camp de Vittel, en France, où il écrit ce Chant du peuple juif
assassiné,
puis est déporté en avril 1944 à
Auschwitz pour être gazé avec son fils Tsvi, âgé de 17 ans, dès leur
arrivée.
Ce magnifique poème narratif
unique en son genre est la dernière et plus grande œuvre d’Yitskhok
Katzenelson, écrit après trois ans de lutte dans le ghetto de
Varsovie, après le meurtre de sa femme et ses enfants,
après le transfert au camp de
Vittel, antichambre de la mort. Si son Journal de Vittel réussit à
sortir du camp, confié à une Française employée journalière,
Le Chant du peuple juif assassiné
ne nous est parvenu que grâce à la survie d’une autre détenue, en
trois bouteilles scellées enterrées « près de la sortie à droite, au
sixième poteau, celui qui porte une fente en son milieu,
au pied d’un arbre ».
Long cri silencieux, il est à la
fois la voix d’une souffrance personnelle indicible et celle de tout
un peuple assassiné. Une voix qui s’impose, résiste, récuse, crie,
interpelle, invective, blasphème
et fulmine face à la terre et au
ciel contre la profanation, l’horreur et le néant. Un témoignage
unique et déchirant sur la barbarie nazie et le ghetto de Varsovie.
Un chef-d’œuvre absolu, par sa
beauté littéraire comme par sa bouleversante humanité.
Ô montre-toi,
mon peuple, apparais, tends les mains
Hors des
fosses profondes et longues où sur des
milles tu
t’entasses
En rangs
serrés, couche sur couche, inondé de chaux
et brûlé.
Montez !
Sortez des profondeurs, des strates les plus
basses !
Venez tous, de
Treblinka, d’Auschwitz, de Sobibor,
De Belzec, de
Ponar, venez d’ailleurs encore, et
encore et
encore!
Les yeux
exorbités, le cri figé, un hurlement sans
voix – sortez
Des marais,
des boues profondes où vous gisez
enlisés, des
mousses putréfiées…
Venez,
desséchés, broyés, moulinés, venez, prenez
place,
Faites cercle
autour de moi, ronde immense, longue
sarabande,
Grands-pères,
grands-mères, pères, mères portant
vos enfants au
giron,
Venez,
ossements juifs, réduits en poudre et en pains
de savon !
Apparaissez,
surgissez à mes yeux, venez tous, venez,
Je veux vous
voir tous, je veux vous contempler,
je veux sur
vous,
Sur mon
peuple, mon peuple assassiné, jeter mon
regard muet,
atterré –
Et je vais
chanter… Oui… À moi la harpe – je joue!
3-5
octobre 1943
***
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07-10-2025

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L’émission est consacrée à la
lecture d’une des dernières parutions du poète
Pierre Maubé :
Cette rive,
préface
d’Estelle Fenzy,
éditions Illador, Paris, 2025, 79 p, 16 €.
Pierre Maubé est un poète
français né le 8 décembre 1962 à Saint-Gaudens(Haute-Garonne), dans
une famille franco-italienne. Après des études d’Histoire à Toulouse
et Paris, il vit de 1983 à 2011 en région parisienne.
Bibliothécaire, il travaille dans divers établissements
universitaires parisiens, parmi lesquels la BDIC, l’IUFM de Paris et
la bibliothèque Sainte-Barbe, puis dirige de 2011 à 2013 la
médiathèque municipale de Pontivy (Morbihan). Il prend en octobre
2013 la direction du Conservatoire de musique Guy Lafitte et de la
médiathèque intercommunale de la Communauté de communes du
Saint-Gaudinois, puis devient, en octobre 2020, chargé de mission au
sein du service culturel de la même Communauté.
Il est membre du comité de
rédaction de la
revue Arpa
et de la
revue Place de la Sorbonne.
Parmi ses dernières publications,
citons :
Cette rive,
préface d’Estelle Fenzy,
éditions Illador, Paris, 2025.
Soir venant,
préface de Philippe
Leuckx, éditions
Lieux-Dits, Strasbourg, collection
Les Cahiers
du Loup bleu,
2025.
Incapable,
éditions Les Cahiers des Passerelles, Clermont-Ferrand, 2023.
Étrange
suivi de Onze kaddishim pour Rose,
éditions Lieux-Dits, Strasbourg, collection Les Cahiers du Loup
bleu, 2020.
La Peau de
l’ours, préface de
Michel Baglin,
éditions Au Pont 9, Paris, 2018.
« Cette rive »
de Pierre Maubé est le plus puissant livre de poèmes d’amour que
j’ai lu depuis des années. Depuis la lecture d’Alain Borne avec son
livre « Poèmes d’amour » paru aux éditions le cherche midi en 2003.
J’ai retrouvé dans les poèmes de Pierre Maubé cette élégance
prégnante, cette distance envers l’être aimée qui lui donne sa
stature imposante. Et le poète s’adresse à elle comme il sied de
s’adresser à une divinité de l’amour, à cette déesse qui est capable
d’inspirer par sa seule existence, même lointaine, un amour dévorant
que rien ne pourra effacer.
Le livre s’ouvre sur une
tragédie :
« Amie,
voici que vous m’interdisez de vous aimer. Il n’y a pas d’amour
possible en pays de colère et votre colère a crée ce pays et ce pays
désormais est le mien. Amie, voici le temps de notre désamour. »
Ce rejet ne va pas éteindre le
feu d’amour qui consume le poète envers sa bien- aimée. Il va le
sublimer. Et c’est cette parole de sublimation de l’amour que nous
écoutons, transis de sa beauté mélancolique. Plus loin, des poèmes
nés d’un autre temps, d’un temps d’avant la rupture, colorent le
recueil de tableaux d’images de cet amour qui fut toujours
incandescent :
« chacun de
vos regards perce, rieur, ma feinte / indifférence, / chacun de vos
jours justifie seul le jour que je / traverse. »
Cet amour ne peut mourir. Il
portera son image au delà de la vie du poète. Et les poèmes
inoubliables de ce livre porteront l’amour à sa juste dimension,
celle de l’universel dont chacun d’entre nous peut se reconnaître.
Oui, depuis Alain Borne, aucun
poète français n’avait eu ce génie de la langue pour nous faire
comprendre que l’amour -celui de l’éros- est éternel.
Christian Saint-Paul

Aimée, le
souvenir que j’ai de vous va son chemin sous le vent froid qui fait
monter aux yeux des larmes inutiles,
le souvenir
que j’ai de vous creuse son nid dans la chaleur des draps, se love
dans le temps avec la lenteur douce de la mer, le sel fragile de
l’attente,
le souvenir
que j’ai de vous brille dans ma mémoire enténébrée comme brillent
dans la nuit le ventre des lucioles et les yeux des chats,
le souvenir
que j’ai de vous est souriant et silencieux, il nait de votre
absence et meurt de mon sommeil, de mon oubli.
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30-09-2025
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L’émission est consacrée à
Basile Rouchin.
Basile Rouchin est né au début des années 70. De formation
universitaire, il vit et travaille en banlieue parisienne.
Publication de deux recueils chez Interventions à Haute Voix,
IHV (Détail d'intérieur, préfacé par de M.Fragonard, 2015 et
Une pièce manquante et autres dépendances, préfacé par louis Dubost,
2023).
Parution de Scènes du placard » éd. du Port d’Attache, 8 €, de
textes et d'articles en revues.
Participation à des ouvrages collectifs, lectures en public et
communications.
L’auteur s’entretient avec Christian Saint-Paul sur les ouvrages
suivants :

Basile ROUCHIN : Une pièce manquante et autres dépendances,
(Interventions à haute voix éd., 2023), 80 pages, 10 euros –
25 rue des Fontaines Marivel – 92370 Chaville ou gerard.faucheux@numericable.fr
Dans sa généreuse préface, Louis Dubost exprime ce que la poésie de
Basile Rouchin
peut avoir à la fois de troublant et de rassurant.
On a affaire là à un jeune poète prometteur qui ne se laisse pas
abuser par les mirages
d’un miroir aux alouettes particulièrement trompeur.
On devine qu’il a lu de nombreux poètes avec lesquels il a été
familier sans jamais être tenté de les imiter.
Cette influence est lisible dans presque tous les poèmes de ce joli
recueil qui regroupe
une soixantaine de textes divisés en deux ensembles comme le titre
du livre le propose.
Dans le premier ensemble, on assiste à un feu d’artifice où se
croisent et se
bousculent calembours et jeux de mots, pastiches et pirouettes.
Dans le second ensemble, le ton se fait plus grave.
Basile Rouchin y dresse les terribles portraits d’une société
brutale.
On y retrouve le ton d’un Georges-L. Godeau avec une touche
personnelle où la
modernité vient percuter les activités humaines en nous éloignant
des valeurs solidaires
et fraternelles.
Il est difficile d’extraire des passages significatifs des poèmes de
Basile Rouchin tant ces derniers
font bloc, rétifs à tout démembrement.
On appréciera enfin la page 71 où l’auteur adresse ses remerciements
à de nombreuses personnes,
chose rare dans l’univers de la poésie vivante où sévit l’épidémie
du tout-à-l’égo.
Georges Cathalo
***
Voici cette préface citée par Georges Cathalo :
Basile Rouchin
écrit une poésie où l’on ne conte guère fleurette,
mais où l’on compte plutôt les coups qui tatouent le corps de bleus
sanglants
et meurtrissent l’âme d’un blues douloureux.
La pièce manquante
d’un monde réel, violent et brutal au quotidien,
c’est singulièrement
l’amour
— et en général une empathie tout simplement humaine.
Car même ce qui se présente comme un prétexte d’amour ne peut
réellement
s’exprimer que dans un geste qui en est la négation :
« Il aime à taper. // C’est mon cœur qui bat / Qu’il dit. // Jamais
lui. »
Violence psycho-physique qui s’abat sur les femmes et les enfants,
violence sociale faite aux sdf et aux migrants, violence d’un monde
qui
« lapide les Ulysse vaincus » et désigne tous ces « essuie-coups »
non sans cynisme « par leur petit gnon ».
Il est urgent de ne pas taire ni se taire.
Entre dénonciation
et énonciation, Basile Rouchin entreprend la très difficile et
périlleuse
tâche de décrire ce qui est (le réel) parce qu’il se refuse à
simplement constater
(donc quelque part être complice) et d’inventer dans son travail
d’écriture un langage approprié qui puisse sublimer l’indicible
(parce qu’il est poète).
Et ça ne va pas de soi.
Parce que les mots se dérobent, ont tendance à causer des routines
lexicales et syntaxiques à détourner le sens (ou pire encore,
l’anémier)
et à se cogner à un “plafond de verre” d’impuissance expressive.
On sent bien à la lecture des poèmes qu’à la fois ça tracasse et
tarabuste notre auteur.
Alors, le poète
opte pour la poésie et sa spécificité propre, à l’instar de poètes
qui l’ont précédé et auxquels il rend ainsi un hommage discrètement
affectueux.
Et ce, au moyen de deux “détournements” quasi méthodiques :
—
d’une part, dans la première partie du livre, le recours
systématique aux jeux de mots
(le
jeu
est une manière parallèle de se coltiner et mesurer aux enjeux du
réel)
: calembours, contrepèteries, collages, pastiches de poèmes plus ou
moins connus.
On reconnaît un lecteur de Jacques Prévert, de Jean
L’Anselme voire du sabir jubilatoire de Henri Michaux dans ces vers
à l’invention désopilante
: « Tu me palpaudes là où je te grouillonne / En te lichassant de
mascaves » (Messe
câline).
N’en reste pas moins que,
la pièce manquante
ainsi recherchée dans un tourbillon de
comptines luronnes, érotiques et parfois paillardes, le monde réel
demeure
latent qui rappelle qu’elle est « bien abimée / la mal aimée ».
—
d’autre part, dans la deuxième partie (Dépendances),
un ensemble de petits blocs
de prose qui sont autant de “video-clips” du réel tel qu’il est vécu
par ceux qui y (sur)vivent.
Cela ressemble aux
faits divers
que l’on peut lire dans la presse, mais ce sont d’abord
des faits bruts de misère compacte
: la solitude du vieux paysan, l’errance du sans-papier, la détresse
du sdf,
l’incommunicabilité du couple, le mutisme des « enfants enchaînés à
leurs tablettes et consoles »,
les éclopés handicapés laissés-pour-compte et autres derniers de
corvée
: « la cinquantaine, deux béquilles, une jambe qui prend la tangente
et une tête treuillant du passé
en pièces détachées »…
Et l’absence de perspective, d’espoir, d’autre
chose
— qu’importerait “la chose”
du moment qu’elle libèrerait du quotidien fossilisé, fatal. Ces
carrés de prose poétique
rappellent ceux dans lesquels excellait naguère Georges L. Godeau,
en particulier
son poème Les petits voyous
: « À force, la misère, elle met des pierres dans les mains ».
Cependant, la révolte
augurée par Godeau, si elle est sous-entendue entre les lignes
tout au long de ce livre, s’est aujourd’hui “sectorialisée” dans les
réseaux sociaux et
n’a pas plus cette vocation universalisante qu’elle semblait
posséder il y a plus d’un demi-siècle.
Le
tout-à-l’ego,
via les écrans divers ou portatifs, a singulièrement érodé nos
aspirations
à la fraternité et à la solidarité. Je suis de ceux qui s’en
attristent.
N’empêche que demeure présente et grandissante une certaine rage que
Basile Rouchin
sait faire entendre et partager : « des cahiers d’écoliers entiers
ne suffiraient
pas à éponger
(ce) désespoir, à satisfaire cette soif de justice, à mettre à plat
cette rage ».
C’est déjà ça : « mettre à plat », trouver les mots pour dire les
maux… un boulot de poète.
Et aux politiques de faire (enfin et quand même) le leur !
Louis Dubost
***
« Dimanche sans bigoudis »
de
Basile Rouchin.
éditions Le Citron Gare, 10 €.
Il y a dans l’écriture de Basile tout ce trop-plein de quotidien,
qui pourrait déborder à chaque
phrase et se répandre avec amertume et fatalisme. Mais ce serait
sans compter (conter ?) l’ironie
et la tendresse de l’auteur ceignant les débords de nos espoirs et
atermoiements, pour mieux nous
rendre à notre humanité. Désencageant le réel sous des flashes
impressionnistes aux halos surréalistes, des portraits-paysages se
succèdent,
trampolines de l’humour, où l’auteur jongle et joue avec les mots,
les décale, les laisse choir pour mieux écarter les paravents du
prémâché,
de la posture et de l’attendu. La nature se pare de nos objets,
les objets de notre nature pour mieux nous révéler à nous-même, et
dévoiler en filigrane les préoccupations majeures de l’auteur
: le temps et les transformations, voire les métamorphoses, qu’il
provoque,
la figure tutélaire du père autant respecté que rejeté,
et les soubresauts de chacun pris dans les rets de la vie, de ses
manques et de ses contradictions.
Avec délicatesse et justesse, Basile Rouchin distille la complexité
du monde.
Laurent Bayssière.
***
« Détail d’intérieur »
illustrations de Cathy Garcia,
éd. Interventions à Haute Voix , 10 €
Si c'était le titre d'un film, ce serait des « fenêtres sur cour »,
sans espionnage,
mais avec des échappées de volets mal clos, sur des drames entrevus.
Ce qu'on pourrait voir, ce qu'on pourrait entendre ou deviner.
Hélas sans Grace Kelly ni Grâce tout court.
Si c'était un métier, un objet, ce serait prête plume ou porte-voix,
celui qui écrit des mots que les autres ne peuvent formuler.
Entendre, écrire, Coucher sur du papier.
S'il y avait un symbole, ce serait l'hématome, le sang captif dans
la chair,
pas libre, ni définitivement répandu; captif, douloureux,
réitérable, changeant,
morcelé, camouflable.
Le titre dit bien le propos : détail, peut-être détails, des
moments,
des répétitions d'instants, où rien ne dure, qui porte une attente
(du mal futur)
et une fuite (du mal passé), par petites touches juxtaposées,
comme des scènes juste entrevues, les bilans d'un instant,
un instant fût-il une vie si vite sombrée, si vite résumée.
Comme des choses non dites, que ne formulent pas ces êtres
prisonniers
doublement d'un intérieur clos sur ses règles propres (Maison,
utérus, prison),
et d'un intérieur d'âme, un abandon de soi même,
les poèmes de Basile Rouchin entendent les voix intérieures, qui
racontent
presque sans émotion, juste avec la certitude de l'inévitable
enfermement,
des éclairs de justesse dans un fond de nuit cachée, intime ou
sociale.
Parce que les poèmes sont souvent à la première personne,
le lecteur suit ce rythme en suspens comme il suivrait la pensée
hésitante
d’autrui, en attente d’une confession ou d’un aveu.
Parce que les personnes sont souvent des femmes,
victimes majeures dans un univers où l'homme aliéné a pour seule
expression
la violence, il fait ressentir leur abandon:
l'anonymat des voix, la perte de leur individualité consciente et de
leur autonomie,
leur solitude, le dépeçage des corps, réduits à leurs zones de choc,
traces, morceaux, trou, à peine chair vivante.
Basile Rouchin a choisi de révéler la nudité du vrai, contre
l'obstination,
l'aveuglement et l'incompréhension de tous ces autres
qui ne savent ni ne voient et ramènent tout à un simulacre de vie
qui fausse leur jugement. Télévision, consommation, fiction
d'existence.
Basile Rouchin traque les équivoques et les détours où se cache
l'insensibilité contemporaine, dans un langage détourné, déformé.
Société de consolation, chaotidien, technidolor,
le monde fabrique des contrefaçons de penser, et des surdités, et
des absurdités.
Tout fabrique le mépris, dans ce "supermarché de l'être",
où les gens sont au mieux des ustensiles, " cocotte domestique",
et la vie une lessiveuse qui s'exténue.
Tout ce monde met tellement en défaut le langage usuel,
qu'il faut inventer des mots comme lui bifaces, contrefaits,
douloureux de révéler des contre-sens constants.
Inutile de préciser que cette ironie noire ne crée pas l'optimisme;
l'espoir fragile est toujours à reconstruire autour de l'enfant,
autour de l'aimée,
et toujours à réaffirmer, instant après instant, avec ténacité,
lucidité autant qu'on le peut.
La vie et l'idéal n'entrent là que par effraction ou comme la
tentation du pire tourment.
Qu’attendre de la poésie ? Certains en attendent du beau, de
l’extraordinaire,
du rêve de l’imaginaire, un langage convenu comme une patrie
originelle en fait scolaire.
Rien de tout cela dans la poésie de Basile Rouchin.
La versification lui donne un rythme, court, non pas rapide, mais
comme intermittent;
le suspens à la fin de chaque vers, de chaque strophe,
le blanc, n’est pas qu’un artifice graphique.
Il se passe quelque chose dans ce blanc : approfondissement,
angoisse, découverte, résignation, la voix qui parle marque une
attente.
Pas de lyrisme qui se satisferait de son propre envol.
La poésie de Basile Rouchin tient à distance une posture
d'exhibition du cœur
(classique) et du cœur arraché (baroque), on ne concède rien au
cliché,
il faut "tuer le rossignol" , tenir un fil fragile, : cela s'appelle
de la pudeur.
Poésie très loin des indignations véhémentes:
le pathos est suspect, truqué, stéréotype, appel compassionnel
détestable et vampirique
adopté par les séries télévisées et les actualités où l'on se repait
du malheur d'autrui
avant de l'oublier dans une indifférence bétonnée.
Au contraire, sans s'appesantir, l’infini respect est le contraire
du voyeurisme:
paradoxalement, au regard de la dureté des faits, le poète joint en
sourdine les mains.
Si c'était une prière, elle serait miséricorde.
Marie-Madeleine Fragonard
***
Quelques textes de Basile Rouchin
Quelques temps après la naissance du petit frère
–
face trouée de tuyaux,
familier des couveuses
–
il lui arriva une drôle de chose.
Bien malgré lui, Bakary ne réussit plus à écrire le chiffre 3 à
l'endroit. 3
comme ce symbole inaltérable du noyau familial : père, mère et lui.
3 comme cette silhouette
composée d’un visage et d’un ventre arrondi
–
mère enceinte du cadet. 3
comme les doigts impatients de père avant de mettre la menace à
exécution. 3
ce B sans tuteur, être tronqué et B, la première lettre de son
prénom.
Il fallait, bon an mal an, s’habituer à l’inconfort du chiffre 4 :
cette chaise de plage aux armatures métalliques.
Claude admire Garance
–
muse entourée de nombreux galants.
Un prétendant sort du lot, montre patte blanche, de bonnes manières
et obtient l’exclusivité.
Une rose signe la conquête sur la veste de l’élue.
La topaze au doigt décourage de pugnaces rivaux.
Claude depuis, regrette son manque d’initiative, traîne des pieds,
se morfond…
Une couronne d’épines ceint sa tête, un mur de tristesse enclot son
cœur.
Misérable souverain resté sur le rivage.
Osera-t-il confier encore à son inspiratrice, ce recueil
d’alexandrins fadasses, jaunes, à dos rond
et dont il est l’auteur ?
Livré à la merci du temps, le souvenir de cette romance perdue
l’interroge.
Que pèse, devant l’offrande à pleines mains d’un bouquet de roses et
le serment
d’une vie à bâtir; son tas de feuilles clandestin –
petit paillasson relié pour semelles propres et bons sentiments ?
Abraham : « Père écope du qualificatif de traitre. « Mytho »,
me jette-t-il au visage !
L’hémorragie s’annonce sans répit.
La ligne rouge franchie se double de reproches bouillus, de haines
recuites à perpétuité,
d’une certitude d’avoir commis l’irréparable.
Un mélange sang / bile coule de mes lèvres sèches. Joues creuses
s’offrent à la pénitence.
Bouche aspire au silence des douves ! Me voilà l’œil collé au judas
d’une geôle,
isolé pour injures, livré à la vindicte familiale.
Les raccourcis accompagnent une vérité irréfutable
:
aidons ce père sacrifié, condamnons son fils persécuteur !
Quel rôle la mort symbolique pourrait-elle tenir dans ce duel arrivé
à terme ?
La relation à haut degré de moisissure ne conduit-elle pas à
l’alternative catégorique -
c’est lui ou moi ? « #Metoo » !
En cellule, épris de chagrin comme de peur,
je réprime mes sanglots d’enfant turbulent, morveux.
Mange seul, surtout au mitard. Encore heureux, puis marcher. »
In « Scènes
du placard »,
préface et 4e
de couverture de Jacques Lucchesi, 1re
de couverture illustrée par l’auteur, éd. Port d’Attaches, 2024, 26
p., 8€
***
Un été, en bord de mer, âgé d’environ cinq ans,
Firmin trompa la vigilance de sa mère qui le serrait
par le bras. Fuyant sur la digue, à hauteur de présentoir, il vola
une barre de chocolat
et la mangea devant la terrasse d’un café.
Une dame assise lui souriait, du sucre dans le regard.
Le coeur dissous de Firmin tenait dans sa main.
Comment se sentir chez soi ?
Enfant parachuté dans un drôle de décor, Saturnin se déplie, police
à gros caractères,
entre parents, soeurs et frères.
Des fumigènes internes dissimulent la scène figeant ainsi les
sourires.
Un invisible public manifeste en force : élevage d’inconnus en
batterie,
poulailler à fantasmes mal insonorisé.
Aujourd’hui encore, une voix ténue souffle entre leurs échanges,
étire ses sous-titrages confus.
Sur le balcon de Kris, Sélim stocke un seau d'enduit.
Un matin, désireux d’en récupérer un peu, il lui tend un pot de
confiture.
Le jour-même, à la spatule, il tartine sa marmelade de mur et
sifflote.
Sa façade sent les fruits rouges.
« La classe de mathématiques donne sur le gymnase et les branches
d’un auguste cèdre.
Madame L. crinière bouclée, chemisier classique, jupe de couleur
unie, y enseigne la logique,
les opérations. Dans les travées, elle regarde les résultats,
soutient les plus faibles.
En milieu de rang, mon tour arrive. Elle se penche sur moi, face à
mes divisions posées.
J’entends le collier de perles balancer, un accent tinter sur chaque
bord de mes oreilles.
La pointe d’un de ses seins effleure ma nuque.
Elle chuchote des explications. Ses bras m’entourent.
Je sens un souffle passer dans mon cou.
Enivré par son odeur, des frissons me parcourent les bras.
Compris dans son ombre (premier ?), coulé dans sa discipline et son
intimité,
je deviens le cheveu sur sa langue.
En somme, je me prends à rêver. Il n’y a plus qu’elle et moi ».
(Ugolin)
Un beau jour inscrit dans la courbe de sa vie, Balthasar cessera de
conduire sa moto
et laissera son break au garage.
Puis, il fera livrer des repas à domicile.
Du personnel patient le stimulera pour sortir ou terminer son
plateau.
Progressivement, il renoncera à aller dehors, à passer à table.
Quitter le lit relèvera de l’exploit.
Se rendre aux toilettes équivaudra à l’ascension d’une colline
brûlante.
Lire à la loupe frisera l’effort insoutenable.
Prendre un étui à lunettes sans trembler deviendra un pari
difficile.
Articuler, une torture.
Peu à peu, l’immobilité le gagnera, enrobant son coeur d’une couche
épaisse de silence.
Fidèles et bras ballants, nous assisterons à ce déclin.
À moins que Balthasar ne rassemble ses forces pour accomplir un
dernier voyage,
dans les rapides du temps. Seul à la barre.
in « Dimanche
sans bigoudis »
avec des illustrations de Jeanne Besnard Chaty et un 4e
de couverture de Laurent Bayssière, éd. Le citron gare, juin 2023,
89 p. (10 €).
***
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23-09-2025
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Présentation et lecture
d’extraits de :
« Anthologie
de la Poésie Gazaouie d’aujourd’hui »
Textes traduits de l’arabe
(Palestine) par
Abdellatif
Laâbi
Réunis par
Yassin Adnan
éditions Points Poésie
200 pages, 10,80 €
Gaza
Y a-t-il une
vie avant la mort ?
Abdellatif Laâbi
Abdellatif Laâbi est né en 1942,
à Fès. Son opposition intellectuelle au régime lui vaut d’être
emprisonné pendant de longues années. Libéré en 1980, il s’exile en
France en 1985. Depuis, il vit en banlieue parisienne. Il est
traducteur de l'arabe et auteur d'une œuvre poétique et littéraire
foisonnante.
Il a été couronné, notamment, par
le prix Goncourt de la poésie (2009), le Grand Prix de la
francophonie décerné par l'Académie française (2011) et le prix
Mahmoud-Darwich pour la création et la liberté (2020). Yassin Adnan
est né en 1970 au Maroc. Il a été cofondateur de la revue L'Algarade
poétique et a été le concepteur et l'animateur d'émissions
littéraires et culturelles télévisées, au Maroc et en Egypte.
Il a publié plusieurs recueils de
poésie et un roman Hot Maroc (Sindbad-Actes-Sud en 2020).
Que peut bien
vouloir dire être en sécurité
en temps de
guerre ?
Cela veut dire
avoir honte de ton sourire
d’être au
chaud, de tes habits propres
de l’eau
disponible, de l’eau potable
de pouvoir
prendre un bain
et de te
rendre compte que tu es encore vivant !
Ô mon Dieu !
Je ne veux pas
être une poétesse en temps de guerre
Hind Joudeh
À Gaza, la poésie se dresse en
rempart contre la dégradation de l’humain par l’homme, comme une «
arme miraculeuse », selon la formule d’Aimé Césaire.
Alors que les bombes pleuvent et
que la terreur règne, vingt-six voix gazaouies s’élèvent, crues,
effrénées et lucides. Elles crient les horreurs de la guerre, et le
silence
du reste du monde. Face à une
réalité apocalyptique, dans ce lieu où l’espoir a été aboli, le
miracle des mots continue néanmoins d’opérer.
Une anthologie inédite de poèmes
de Gaza, un territoire où, chaque jour, "l'œil de l'espérance" se
ferme un peu plus.
Que peut bien vouloir dire être
en sécurité en temps de guerre ? Cela veut dire avoir honte de ton
sourire d'être au chaud, de tes habits propres de l'eau disponible,
de l'eau potable de pouvoir
prendre un bain et de te rendre compte que tu es encore vivant ! Ô
mon Dieu !
Je ne veux pas être une poétesse
en temps de guerre Hind Joudeh. A Gaza, la poésie se dresse en
rempart contre la dégradation de l'humain par l'homme, comme une
"arme miraculeuse" , selon la formule d'Aimé Césaire.
Alors que les bombes pleuvent et
que la terreur règne, vingt-six voix gazaouies s'élèvent, crues,
effrénées et lucides.
Elles crient les horreurs de la
guerre, et le silence du reste du monde. Face à une réalité
apocalyptique, dans ce lieu où l'espoir a été aboli, le miracle des
mots continue néanmoins d'opérer.
***
Lecture de :
« Jérusalem -
Gaza - notes d’un voyage, septembre 1994 »
d’Alain Suied
extrait de la
revue
Levant n° 10 de
2009.
La Revue Levant, Cahiers annuels
de l’Espace Méditerranéen, est consacrée au dialogue des cultures
des trois rives du « MARE NOSTRUM » afin de faire connaître au
public français les auteurs émergents du Proche et Moyen Orient non
traduits en langue française dont des poètes, romanciers,
nouvellistes, philosophes, conteurs, photographes essayistes,
artistes plasticiens français, israéliens, palestiniens, arméniens,
espagnols, grecs, italiens, syriens, irakiens, libanais et
portugais.
Alain Suied,
nous dit son éditeur Artfuyen, est né le 17 juillet 1951 à Tunis.
Ses parents appartiennent à l’ancienne communauté juive de cette
ville. Il n’a que huit ans lorsque sa famille part s’installer à
Paris.
Un de ses poèmes est publié en
1968 dans la revue L’Éphémère. Plusieurs recueils suivent: Le
silence, en 1970, puis C’est la langue, trois ans plus tard. Il
publie deux ouvrages aux Éditions Granit puis, à partir de 1989,
publiera la quasi totalité de ses textes aux Éditions Arfuyen.
En 1979 paraît un recueil de
traductions de poèmes de Dylan Thomas, N’entre pas sans violence
dans cette bonne nuit (Gallimard). Il traduit Updike, Pound,
Faulkner, Keats, Blake, Muir, etc.
Il étudie les philosophes de
l’École de Francfort et s’intéresse aux grands psychanalystes
contemporains. Il entre lui-même en analyse. Secrétaire de
l’association musicale Le Triptyque et membre de l’Académie
Charles-Cros, il a reçu le Prix Nelly Sachs pour l’ensemble de ses
traductions.
Travaillant en prise directe avec
la misère de notre temps – chômage et exclusion –, Alain Suied est
l’auteur d’une œuvre poétique d’une densité et d’une singularité qui
la rangent parmi les plus fortes de sa génération.
Alain Suied est mort le 24
juillet 2008. Il est enterré au cimetière du Montparnasse.
Une journée d’étude sur l’œuvre
d’Alain Suied a été organisée par l’université de Strasbourg le 7
février 2013. Les actes de cette journée ont été publiés en 2015 par
les Presses universitaires de Strasbourg sous le titre
Alain Suied : l’attention à
l’autre.
***
Lecture de :
« D’une
Jérusalem absente »
de Michaël
Glück
extrait de la
revue
Levant n° 10 de
2009.
Né le 10 juin 1946 à Paris,
Michaël Glück qui fut enseignant (lettres, philosophie) est
écrivain, poète, dramaturge et traducteur, il est traduit en
italien, espagnol, catalan, allemand, chinois.
Je vous écris
d’une Jérusalem absente
d’Iroushalaïm,
d’Al Qods
je vous écris
sous la croisée des voix
dans
l’insomnie de la blessure
j’écoute
j’écris
la main écrit
le sang à
l’écoute des voix
j’écris
malgré tout
contre tout
j’écris pour
Je vous écris
d’un lointain titubant entre les noms
j’ai des yeux
sans image
des yeux
tournés vers l’intérieur des visages perdus
des yeux
tournés vers l’énigme des voix
malgré tout
contre tout
qui se lèvent
pour
Je vous écris
de l’entre-deux des draps
un drap pour
nos amours
un drap pour
nos angoisses
mon lit est
une tente
plantée dans
le désert
les voix y
sont lumières
lampes et
chandeliers
poèmes
malgré tout
contre tout
debout debout
***
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16-09-2025
RETOUR

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invité de l’émission :
Joël Vernet
Copeaux du dehors

Illustrations de Vincent
Bebert
éditions Fata Morgana (25 €)
Quelques larmes sur les joues d’une vieille femme, la lumière
argentée qui tinte dans les arbres à cette seconde où un éclat
m’apporte tout. Je n’ai plus de paroles à proférer.
Je
peux et sais enfin me taire. Je puise l’encre dans le dernier
silence. Désormais, le Dehors est un soleil écrivant tous les livres
à ma place.
Pendant
l’errance la contemplation agit comme un rabot. Des copeaux,
fragments de l’esprit enlevés au Dehors,
se sont accumulés au fil de trois années de flânerie dans les paysages
hivernaux des Balkans.
Plein
air et vitesse : une écriture qui retient ce que les yeux voient.
Des phrases de lumière tirées de l’ombre de l’existence et de ses
clameurs.
Face à
l’envol des oiseaux, la musique de l’herbe ou les humeurs de la mer,
l’écrivain devient chevreuil ou hirondelle, disparaît dans l’horizon
qu’il toise.
Taillés
pour n’être plus que l’essentiel, ces fragments célèbrent la
symphonie de l’instant où, dans une danse fugace, la vie se consume.
Chaque rencontre, chaque regard, chaque remous est une réminiscence
que le langage immobilise.
Joël
Vernet est né en Margeride dans un petit village aux confins de la
Haute-Loire et de la Lozère.
Dès les
années 75, il entreprend plusieurs voyages qui le conduiront aux
quatre coins du monde. Au fil des nombreux ouvrages publiés, il
développe un style singulier, entre la poésie et le journal de
voyage.
Il a
vécu deux ans à Alep en Syrie et vit depuis plus de vingt ans dans
un tout petit village, non pour s’éloigner du monde, mais pour en
être plus proche.
En
2021, il remporte le prix de poésie Heredia de l’Académie française
pour L’oubli
est une tâche dans le ciel,
recueil en proses publié par les éditions Fata Morgana
et en
2025 le Prix Robert Ganzo pour son livre
Mon
père se promène dans les yeux de ma mère,
Ed. La rumeur libre, et l'ensemble de son œuvre.
Entretien avec Christian Saint-Paul et lecture de textes.
Voir
sur ce site l’éditorial de Christian Saint-Paul : Joël Vernet
« Copeaux du dehors »
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02-09-2025 et 09-09-2025

Le grand poète
algérien, journaliste, critique et homme de radio
Abdelmajid Kaouah
est décédé ce 25
juillet 2025 à Perpignan
RETOUR

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En hommage au
grand poète Algérien Abdelmadjïd Kaouah (1954 -2025) disparu ce mois
de juillet à Perpignan, rediffusion d’une émission qui lui avait été
consacrée en 2014.
Voir l’éditorial sur ce site :
Abdelmajid
Kaouah poète éternel
premier
hommage
Abdelmadjïd
Kaouah est journaliste, critique et poète. Leïla Boutaleb est
journaliste, elle a travaillé à la chaîne 3 d’Alger et a été la
collaboratrice de Jean Sénac à Radio Alger.
Abdelmadjïd Kaouah évoque
son arrivée à Toulouse dans l’été 1994 dans une grande, mais qui se révélera féconde,
précarité.
Il fuyait
l’Algérie où ses collègues journalistes et poètes étaient assassinés
(193 dans l’année…).
Il dit sa passion de
la poésie et son indéfectible attachement à la langue française.
D’entrée, Michel
Cosem le
publie à « Encres
Vives » et
Kaouah lui voue une reconnaissance et une amitié fidèle.
C’est « La
Maison livide » pour
lequel le peintre et poète Hamid
Tibouchi conçoit
l’illustration de couverture.
Kaouah enchaîne ensuite
les publications « Le
Nœud de Garonne »(Autres
Temps ed), « Le
Cri de la mouette quand elle perd ses plumes »,
« L’Ode à Katarina Angélabei suivie de Skärgärden »(Encres
Vives).
Le poète et Leïla Boutaleb,
revenant sur leur exil en France, ne peuvent qu’être toujours
bouleversés par l’assassinat des poètes qui étaient leurs amis,
dontTahar
Djaout qui
avait retenu Kaouah dans son anthologie sur les poètes algériens.
Plus de vingt ans
après, c’est à Kaouah d’élaborer son anthologie personnelle pour
marquer une étape dans sa longue création poétique.
"Que pèse une
vitre qu’on brise" de
A. Kaouah : quarante ans de poésie dans un recueil Publié par Fodhil
belloul .
Profonds et lapidaires,
hantés par le souvenir des compagnons assassinés ou traversés par
les douleurs de l’exil,
les poèmes du recueil "Que
pèse une vitre qu’on brise" d’Abdelmadjid Kaouah témoignent de plus
de quarante ans d’écriture et de la place du poète dans l’histoire
de la poésie algérienne francophone.
Ce recueil de 86 pages,
paru aux éditions algériennes Arak, rassemble
une quarantaine de textes, pour la plupart inédits, écrits par
Abdelmadjid Kaouah entre 1972 et 2014,
offrant aux lecteurs une
occasion de découvrir ou de redécouvrir une verve poétique
constante, marquée par des drames humains dans l’Algérie
contemporaine.
Présentés selon un ordre
plus ou moins chronologique, ces textes portent également des
hommages à d’autres poètes,
algériens comme Tahar
Djaout, Youcef Sebti et Jean Sénac (tous
trois assassinés) ou étrangers comme l'immense Mahmoud
Darwish et le
poète bosniaque Izet
Sarajlic.
Témoins de l’ "être
fraternel" du poète, comme l’écrit Djamel
Amrani - autre
grand poète algérien dont un article sur Kaouah est inséré au livre-
ces poèmes dédiés, parmi les plus poignants du recueil,
replongent aussi les
lecteurs dans l’horreur de la violence terroriste des années 1990 .
L’évocation de cette
époque où "l’on arme la haine/ à coup de versets inversés" est
différemment présentée par le poète, selon les textes: de strophes
incantatoires et puissantes,
énumérant des noms de
victimes dans "Maison livide" (1994), elle devient une vision de
"femmes en noir" posant des "talismans" pour conjurer le "règne de
l’oubli".
L’exil européen du poète
après ces années de "folie" et d’ "enfer" constitue un autre thème
majeur du recueil que le poète explore avec autant de diversité.
Dans "Les portes de l’exil
s’ouvrent à Blagnac", Kaouah s’interroge avec amertume: "Qu’est-ce
qu’un aéroport", sinon un "commerce de l’absence/ une maison close
puant de nostalgies",
alors que dans d’autres,
il convoque la figure mythique d’Ulysse.
Cette référence récurrente
au héros de l'Iliade, renseigne également sur l’ancrage
méditerranéen du poète, comme l’explique le sociologue espagnol Jordi
Estivill dans
l’avant-propos du recueil.
L’évocation de la mer est
aussi présente lorsque qu'il s’agit pour Kaouah de parler de ses
années de jeunesse dans sa ville natale d’Ain-Taya,
une référence à la nature, très présente,
surtout dans les
plus vieux textes du recueil.
Accompagnés de
reproductions de tableaux du peintre Djamel
Merbah, "Que
pèse une vitre qu’on brise" constitue un événement éditorial rare en
Algérie où la poésie n'est quasiment plus publiée.
Il se veut également, par
sa qualité d’édition, un juste hommage à ce poète discret et peu
cité dans les travaux sur la poésie algérienne d’expression
française.
Né dans les années 1950 en
Algérie et établi en France depuis les années 1990, Abdelmadjid
Kaouah est l’auteur d’une vingtaine de recueils, parus en Algérie et
en France.
Egalement journaliste et
chroniqueur littéraire, il a notamment dirigé "Quand
la nuit se brise", une
des meilleures anthologies de la poésie algérienne francophone parue
à ce jour (Seuil éd. collection Points).
Lecture de
textes par A. Kaouah et L. Boutaleb.
Christ maure
C'est un simple
sourire
franc comme du
froment
de l'ancien temps
sourire
étincelant
pareil à un
horizon
après l'averse
Le petit maure
repose
dans une benne à
ordure
Il a croisé son
destin
dit-on en guise
d'oraison
pas de Noël
pour Larbi
simplement un
cercueil plombé
pour la rive sans
jouets
des mottes de
terre jetées
à ciel ouvert sur
un ange lacéré
Larbi a rencontré
au détour des Aubiers
l'Ogre des contes
ancestraux
Au royaume du
petit maure
le père Noël
n'existe pas
et ici pour rire
on le traite de
salaud
Était-ce l'Ogre
nécrophage
un faux père Noël
le destin
dans une benne à
ordures
en la bonne ville
de Bordeaux
un enfant d'ici
d'ailleurs
Un petit Rimbaud
sans voix
surpris par
l'enfer
se décompose
entre gel et Noël
Christ fils de
Meriem
reconnais-le avec
effroi
Le petit maure
s'est trompé de
sourire
comme toi avec
Judas
mais ceci est une
autre histoire
*
FLAMME
TOULOUSE FEMME
Flamme Toulouse
La cathédrale
autour
Tournent les
livres, les vies
C'est un grand
manège
Qui conduit de
Notre-Dame d'Afrique
Aux Jacobins.
De leur temps les
temples
Servaient
d'étables aux bêtes du Bon Dieu
Toulouse femme
Tournoyant au son
Des stridences du
raï
Qui battait la
mesure
Aux hanches
langoureuses
De l'Odalisque
Dont je remonte
les reins
Sans jamais
connaître la satiété
Elle a la bouche
de braise
Comme quand le
disque du soleil
Plonge sa morsure
dans la couche de la Garonne
Tout est feu
Couronnés
d'incandescence
Sur Toulouse
Les mortels
s'aiment
Sur les pelouses
du Cours Dillon
Tandis qu'un
tam-tam
Se fracasse le
crane contre
Les parvis du
Pont-Neuf
Femme nouvelle,
bonne nouvelle
Brûlante comme
l'ardoise rouge
De Toulouse
Contre laquelle
je m'écorche les mains
D'amour
*
Abdelmajid KAOUAH parle
à l'humanité toute entière disait Michel COSEM à l'occasion d'une
préface d'un recueil. Cela fait plus de vingt ans que sa poésie,
toute de lumière d'espoir sur les deux rives, nous réconcilie avec
un réel cruel et incertain. Il porte la langue française au cœur
d'un dilemme qu'il résout avec la bonté naturelle qui l'habite. Sa
générosité colore ses poèmes et ses protestations légitimes sont
autant d'appels à la paix et à la fraternité. Nous pourrons
maintenant disposer d'un panorama de son œuvre avec son anthologie :
"Que
pèse une vitre qu'on brise",
titre emprunté à un vers d'un poète dont il a tu le nom et qu'il
vous reste à découvrir.
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juillet et août
Christian Saint-Paul
à la
Procession du
Santo Cristo
à
Almegijar dans l'Alpujarra
(Andalousie)
village évoqué dans
le poème radiophonique
"El barranco de la sangre"

Calas
roué
place Saint-Georges

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Pour ce mois d’août 2025,
diffusion de deux poèmes radiophoniques
de
Christian Saint-Paul :
1) Tolosa Melhorament
publié en édition bilingue
occitan-français d’abord à Encres Vives
puis aux
éditions Cardère
dans le recueil
« Vous
occuperez l’été »
C’est un regard sur la ville de
Toulouse juste avant l’an 2000.
Extrait :
Mais si cette
ville un jour n'était plus aimée des dieux
si l'on en
donnait la clé aux vents contraires
qui croisent
aux mauvais jours ?
Paix, paix sur
la ville que viendrait gâcher
les scrofules
de la colère et celles plus rouges encore de la
lâcheté
qui livrent au
lynchage les chiens perdus et les cœurs arrachés.
Qu'elle se
laisse porter par le vent, soit !
Mais qu'elle
dorme le nez dans les étoiles
qui martèlent
son destin,
qu'elle
grandisse comme une fleur des tropiques
sous la sueur
des pluies,
qu'elle
enfouisse ses misères dans le rire des garçons du
Stade,
qu'elle avale
la mélancolie des brouillards de la Garonne
dans les
lumières ostentatoires
qui la nuit
irradient les fontaines et
les monuments
dans leur dur recueillement,
car il y eut
tant de maîtres dans ses murs,
René Nelli, le
dernier, venu de Carcassonne
et de Joë
Bousquet,
assis à « Mon
Caf » à la place même où j'écris ces lignes,
laissant son
empreinte comme un souffle familier
sur l'érotique
des troubadours et la vision de Montségur,
tant de
maîtres à continuer...
***
2) El barranco de la sangre
suivi de
Lanjaron
Poème dédié à la région andalouse
de La Alpujarra
berceau de la famille d’Isabelle,
épouse de Christian Saint-Paul.
Ce poème radiophonique publié en
2010 dans la collection Lieu d’Encres Vives (226éme Andalousie) a
été lu aux obsèques de la mère d’Isabelle
qui était née dans l’Alpujarra.
En 1610, sous Philippe III, les
maures ( plus de 80 000 ) furent expulsés de l'Alpujarra. Une grande
partie du territoire de Grenade fut dévastée. II y eut un
repeuplement de paysans de Galice, Leon, Asturies et Castille ;
12 542 familles repeuplèrent 270
villages et 130 furent perdus pour toujours. A partir d'alors
commence la décadence de la région qui tombe peu à peu dans un long
oubli historique.
Il faut attendre l'insurrection
du 18 juillet 1936 pour que l'Alpujarra se signale, les rebelles qui
possédaient Grenade, ne pouvant s'aventurer au-delà de Lanjaron.
Orgiva, évacuée, se trouva entre
deux feux jusqu'à la fin de la guerre. Les atrocités commises par
les deux adversaires trouvaient leurs origines plus pour des raisons
personnelles que politiques.
Extrait :
Nulle tension
dans la trogne des vieux
Assidus à leur
banc et au silence complice :
Les années ont
poli le rebord de leurs certitudes
Ils savent
depuis longtemps
Que les gitans
de Lorca
Ont franchi
les frontières de la peur universelle
Qu'ils sont
partis hanter d'autres peuples
De leur
allégresse interdite
Oxygénant la
parole
Par les
brèches obstinées de leur passage
Apportant le
duende
Pour exorciser
leur terreur séculaire
Le soleil
retourne l'écho de leur éternité
Leur cri se
referme sur leurs pas sans trêve
Et ils se
parent du linge blanc
De sel de la
lune
Pour tendre
leurs rêves d'enfants en larmes
A la vierge
noire
Qui bénit les
vieux d'Almegijar
Au souffle
lourd de ce chant
Serré dans
leurs poitrines
Jusqu'à briser
leur cœur
****
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01-07-2025
RETOUR

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Présentation du livre :
« 7 Octobre -
Manifeste contre l’effacement
d’un crime »
éditions David Reinharc, 2024,
288 p, 20 €.
Textes de dizaines de
personnalités politiques,
littéraires, artistiques, réunis
à l’initiative de
Guy Bensoussan
sous la direction de Sarah Fainberg
et David
Reinharc.
Lecture du texte de notre
confrère toulousain
Robert Redeker,
philosophe qui anime à Toulouse
sur Radio Kol-Aviv l’émission
hebdomadaire
« L’Entretien
infini ».
***
Signalement du livre de :
Joël Vernet
« Copeaux du dehors »
illustrations de
Vincent Bebert,
Fata Morgana éd. 2025, 144 p, 25
€.
Ces poèmes en prose sont le
Journal poétique
2021-2023
de l’auteur ayant séjourné trois
hivers dans les Balkans.
Lecture du texte XLVIII
faisant allusion à la persécution
à laquelle s’est livré le régime
nazi, sans toutefois
jamais le nommer pour englober
toutes formes de persécution.
***
Présentation et lecture
d’extraits du livre de :
Jumana Mustafa
« Griffes » Poèmes
traduits de l’arabe (Palestine)
par
Abdellatif
Laâbi,
édition bilingue, préface de
Christophe Dauphin,
Les Hommes sans Epaules éditions,
114 p, 15 €.
Une poésie intimiste au ton
inimitable
qui chante l’amour et la
condition de la femme,
une ode au plaisir et une ode à
la vie.
Une poésie de haut vol, qui
s’adresse à toute l’humanité.
***
Présentation et lecture
d’extraits du livre de :
Ghassan Zaqtane
« Les barbares, mes intimes »
poèmes traduits de l’arabe
(Palestine) par
Abdellatif
Laâbi,
éd.
Bacchanales
hors-série,
Revue de la Maison
de la Poésie Rhône-Alpes, 110 p,
17 €.
Lecture de l’avant-propos d’Abdellatif
Laâbi,
lecture de poèmes.
***
Présentation et lecture
d’extraits du livre de :
Naïm Araydi (1950 - 2015) poète druze,
« Le trente-deuxième rêve »
éditions Levant,
textes choisis et traduits de
l’hébreu par
Michel
Eckhard-Elial
***
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24-06-2025
.JPG)
Georges
Cathalo
RETOUR

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Rediffusion de
l’émission du 5 septembre 2023
Présentation
des livres suivants :
Alima
Hamel
"Médéa
Mountains et autres textes"
éd. L’Oeil d'Or
2023, 77 p, 13 €
***
Lydie Salvayre
"Irréfutable
essai de successologie"
éd. Seuil 2023,
70 p, 17,50 €
***
Louis Aragon
"Les chambres
- Poème du temps
qui ne passe
pas"
Gallimard 2022,
75 p, 12 €
***
Invité de
l'émission: Georges
Cathalo
derniers
ouvrages parus :
"La cendre de nos jours" poèmes
avec des
illustrations (collages) de
Marie-Claude
Cathalo
éd. A l'index,
2019, 54 p, 10 €
**
"Sous la ramée des mots" poèmes
avec une
illustration de couverture
d'Isabelle
Clément
éd. Henry, 2020,
48 p, 8 €
**
"En alliance des mots" poèmes
avec une
illustration de couverture
d'Isabelle
Clément
éd. Henry, 2022,
48 p, 10 €
***
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03-06-2025
RETOUR

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Signalement
du n° 659 de
la
nrf
dossier :
« Donc c’est
non ? »
lecture de
« Le non, un
essai »
du poète, romancier et essayiste
slovène
Aleš Šteger
***
Présentation et lecture
d’extraits de :
« La compagnie des monstres »
de
Thomas Vinau
préface de Guy Boley
éd. Castor Astral Poche/Poésie,
9,90 €
Le mot de l’éditeur :
Dans ce nouveau recueil, Thomas
Vinau s’intéresse à la question du monstre. Les autres, les
étranges, boiteux, sauvages, mais surtout les nôtres. Dans des
formes variées, à la lisière du narratif,
il dresse le portrait de ces
êtres mi-bêtes, mi-humains qui peuplent nos nuits et stimulent nos
imaginaires. La solitude, la peur, la mort, la drogue, la folie
prennent figures grotesques et suaves,
deviennent nos animaux
domestiques, nos compagnons d’infortune.
Pour le poète, cette horde qui
avance dans l’ombre, sûre de sa monstruosité, est aussi source de
lumière et d’inspiration. Certes tapi dans les coins,
le monstre peut devenir complice
de chemin dès lors que l’on échange avec lui des mots comme de
drôles de ballons.
Thomas Vinau, né à Toulouse vit
dans le Lubéron.
Poète, romancier, nouvelliste son
œuvre est abondante.
Citons en poésie ses derniers
ouvrages :
Vivement
pas demain, La
fosse aux ours (2022)
Le cœur pur
du barbare, Le
castor astral (2021)
Le noir
dedans, Sun/Sun
(2019)
C'est un
beau jour pour ne pas mourir,
Le castor astral (2019)
Parfois,
l'atelier du hanneton,
2019, réédition 2022
Comme un
lundi, La fosse
aux Ours (2018)
Il y a des
monstres qui sont très bons,
Le Castor Astral (2017)
Extrait :
Des fois ça parle
pas ou ça dit pas des mots qu’on
comprend ça parle
en silence noir et méchant en saloperie
en vengeance en
goût de fer et de foutre et puis ça grandit
comme le vide
comme la mort dans le vent comme les
rires de l’orage
alors on dit pardon et on se recroqueville
et on attend que
ça revienne ou que ça vienne tout court
et ça ne vient
jamais mais jamais n’existe pas.
***
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27-05-2025
RETOUR

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Diffusion de :
« Apresta lo
sorelh »
de
Paulina
Kamakine
extrait du C.D.
« Hilha de
Gasconha » (occitan
gascon)
éd. Tròba Vox
***
Présentation et lecture
d’extraits de :
« L’ombre messagère
Et autres moissons de poèmes »
de
Max Rouquette
(1908 - 2005 )
préface d’Aurélia
Lassaque
éd. Bruno Doucey, 140 p, 16 €
lecture bilingue (en gascon par
Camille de Radio
Occitania)
***
Présentation et lecture
d’extraits de :
« Ici infiniment »
de
Jean Pichet
aquarelles de
Catherine
Sourdillon
éd. Les cahiers d’Illador, 78p,
14 €
lecture d’une note de lecture
sur cet ouvrage
de
Casimir Prat.
***
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20-05-2025
RETOUR

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L’émission est consacrée à
Milène
Tournier.
Née
à Nice en 1988, Milène Tournier est docteure en études théâtrales.
Sa thèse, dirigée par Hélène Kuntz, s'intitule "Figures de
l’impudeur : dire, écrire, jouer l'intime".
Elle pratique l’écriture vidéo et partage régulièrement son travail
sur Facebook et sur Youtube. Une de ses vidéo-écritures a été
diffusée au Centre Pompidou dans le cadre du Festival Littéra-tube.
Quelques-uns de ses poèmes ont été publiés dans la revue de poésie
contemporaine "Place de la Sorbonne".
En
2024 elle a reçu le Prix du recueil du jeune poète de l’Académie des
jeux floraux de Toulouse pour
« Ce que m’a soufflé la ville »
éd. Le Castor Astral Poche / Poésie,128 p, 9 €.
L’émission revient sur cette publication avec une lecture d’extraits
puis présente
la
nouvelle publication de Milène Tournier :
« Et m’ont murmuré les campagnes »
éd.
Le Castor Astral Poche /Poésie, 212 p, 9,90 €.
Le berger,
après le banquet des conscrits,
Un peu ivre,
Devant ses
bêtes
Compte sans
doigts son troupeau.
Il énumère ses
brebis
Sans les
choisir et les écarter, sans, disant une, ne plus
compter
celle-ci, sans, ayant dit deux, ne plus tenir
compte de
celle-là,
Le berger
grogne tout doucement,
Il aura
peut-être, en rentrant,
Plus de brebis
que ce matin.
Saoul
peut-être mais plus riche.
Milène Tournier, une des voix représentative de la poésie
d’aujourd’hui, qui garantit un bel avenir à la poésie quand elle
est,
comme chez cette artiste d’exception, en phase directe avec le réel
le plus trivial, le plus tragique, le plus tendre, le plus amusant,
le plus enthousiasmant, le plus mélancolique, c’est-à-dire
lorsqu’elle ressemble à la vie et surprend toujours
par la justesse des mots, la force de la langue.
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13-05-2025
Miguel Angel
Real
RETOUR

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Présentation et lecture d’extraits du livre de
Stéphane
Maignan
« Théorie des
ombres »
(des aphorismes sur l’ombre)
éd.
Pierre Mainard, 47 p, 11 €.
***
Présentation et lecture d’extraits du livre de
Joël Cornuault
« Elisée
Reclus, géographe et poète
suivi de
Elisée Reclus, géographe consommable ? »
éd.
Pierre Mainard, 95 p, 15 €
***
Emission consacrée ensuite à
Miguel Angel
Real
né
en 1965 à Valladolid en Espagne où il
étudie le français à l’université de la ville.
Plus tard il est journaliste à France Presse puis
professeur agrégé d’espagnol à Quimper.
Publications en français et en espagnol.
Il
a créé le site OuPoLi (Ouvroir de Poésie Libre)
avec Jean-Jacques Brouard.
Lecture de
« Constat du
désordre »
qui
constitue le 543° n°
d’Encres Vives
6,60 €, abonnement 40 €
à
commander à Eric Chassefière, 232 av. du Maréchal Juin
34110 Frontignan
ou
à encres.vives34@gmail.com
|
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06-05-2025
Eric Barbier
RETOUR

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Diffusion du poème
« Prophétie »
de
Jules Supervielle
chanté par
Martine
Caplanne
***
Présentation et lecture d’extraits de :
« Comment
vivre sur la planète terre »
de
Nanao
Sakaki
éd.
érès, Po&Psy, poèmes traduits de l’anglais (E.U.)
par
Danièle
Faugeras, édition
bilingue,
gouache de
Jean-Baptiste
Née
***
Présentation et lecture d’extraits de :
« Géographies
fugueuses »
d’Eric Barbier
éd.
Le Contentieux 2019, 111 p, 10 €
et
de :
« Ombres
abruptes »
recueil qui constitue le
538° n° d’Encres Vives
6,60 €, abonnement 40 €
à
adresser à Eric Chassefière, 232 av. du Maréchal Juin
34110 Frontignan
ou
à : encres.vives34@gmail.com
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29-04-2025
RETOUR

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Diffusion du poème
« La terre »
de
Jules Supervielle
chanté par
Martine
Caplanne
***
Lecture de
« Un car pour
Fez » de
Michael Ondaatje
extrait de
« L’année des dernières fois »
éd.
de l’Olivier, 113 p, 20,50 €
***
Emission consacrée ensuite à
Abdellatif
Laâbi
signalement de :
« Anthologie de la poésie gazouie d’aujourd’hui »
poèmes traduits de l’arabe (Palestine)
par
A. Laâbi
réunis par
Yassin Adnan,
200 p, éditions Points/Poésie
Présentation et lecture d’extraits de
« Presque
riens
précédé de
L’Espoir à l’arraché »
Le
Castor Astral/Poésie éd. 265 p, 20 €
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22-04-2025
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Diffusion de
« ça-ï dap jou »
de
Paulina Kamakine
extrait du C.D.
« Hiha de
Gasconha » Troba Vox
éd.
***
Présentation de
Nouveaux
Délits n° 81
lecture de l’éditorial de
Cathy Garcia
Canalès
et
d’un extrait de
« Trans-Parent-e »
le
n° 8 €, abonnement 40 €
à
Editions Nouveaux Délits, 415 Route de la Grèze
46300 Soucirac
***
Emission consacrée ensuite à 2 livres de
Valérie
Rouzeau
-
reprise de
« Vrouz »
dans la coll. « La petite vermillon »
éd.
La Table Ronde , 174 p, 7,10 €
lecture d’extraits
-
« La
Petite Dame » Poésie
éd.
La Table Ronde, 95 p, 15 €
lecture d’extraits
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15-04-2025
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Signalement du livre de
l’écrivaine
Sylvie Germain
« Couleurs de
l’Invisible »Rachid
Koraïchi (Illustrateur)
éditions
AL MANAR 82
pages, 14 €
Neuf nouvelles de Sylvie Germain
illustrées par
Rachid Koraïchi.
Une prose inspirée, à l'extrême
limite de l'effusion poétique,
dans laquelle l'auteur du
"Livre des
nuits" poursuit
sa quête métaphysique.
Autour des neuf couleurs qui ont
déclenché
son imagination créatrice, Sylvie
Germain
convoque cultures et religions.
Rachid Koraïchi la rejoint ;
ensemble ils suggèrent
le mystère de l'Invisible.
Un livre de dialogue, au sens
plein du terme.
Lecture de 2 récits :
« Le Jaune »,
« Le
Blanc »
***
Lecture in extenso du recueil de
poèmes de
Georges Cathalo
« On aura »
qui constitue le 545ème n°
d’Encres Vives
6,60 € le volume, abonnement 40 €
à adresser à :
Eric Chassefière, 232 av. du
Maréchal Juin 34110 Frontignan
Le poète et critique bien connu,
réédite
avec des corrections cet ensemble
d’itérations
« On aura » qui avait paru en
1987 aux éditions de La
Bartavelle.
on aura donné
sans avoir reçu
mais aussi à
parts égales
reçu sans avoir
donné
on aura réchauffé
ses mains et ses
pieds
à des flammes
sans feu
on aura plongé
dans le ventre
chaud
du futur immédiat
on aura parlé
quand il fallait
se taire
on se sera tu
quand il fallait
parler
aura-t-on compris
aura-t-on
ressenti
aura-t-on vécu ?
***
Présentation et lecture
d’extraits du recueil
d’Eric Chassefière
« Le jardin est visage
suivi de
Dans l’invisible du chemin »
préface d’Eric
Barbier
couverture
peinture de Catherine Bruneau
qui constitue le 537ème n°
d’Encres Vives
6,60 € abonnement (voir plus
haut)
Cinquante poèmes écrits face à
son nouveau jardin
dans une méditation infinie sur
le monde, sur la vie dans ce jardin
et la vie qui nous traverse avec
toutes nos réminiscences.
Un flux dense de poèmes où le
temps, qui est visage aussi,
s’écoule et souffle cette voix du
poème dans le silence intérieur.
Lecture d’extraits.
Chaque matin
prendre visage
habiter avec ce
jardin déjà mémoire
l’été sans retour
de la nuit d’enfance
élever le silence
à la parole du jardin
se livrer sang et
souffle
à la langue de
silence de l’oiseau
parler de ces
mots seuls qui sont murmure
chemin pris à la
division des branches
sève d’un premier
dédir d’écoute
s’éveiller comme
l’arbre au vent
le secret
buissonnement du monde
sentir comme il
nait de profond
comme le dessin
en est ample
la source frugale
l’onde puissante
s’éveiller à
l’éveil d’un jardin
d’une langue à
l’arbre d’un jardin
savoir que la
nuit est en nous
habiter cette
nuit de l’arbre qui est en nous
pour qu’au matin
le ciel se pose
vivante lumière
de ce ciel du matin
dont chaque éclat
sur le jardin est fleur
***
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08-04-2025
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Pour faire écouter la voix de notre ami
le
poète
Thierry Toulze
(1969 - 2024)
alias
Capitaine Slam,
diffusion de
« Cal Que Vos
Digue » (Etat 2 faits)
de Lou Dàvi
et de
« Captain VIP » de Capitaine Slam
CD
Slam d’oc
***
Pour faire écouter la voix de
l’écrivaine, historienne, philosophe, essayiste et poète
Monique Lise
Cohen (1944 - 2020)
diffusion d’une émission qu’elle réalisa
en
sa qualité de productrice
le
9 février 2011 à Radio
Kol Aviv
avec comme invité
Christian
Saint-Paul
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01-04-2025

jean rousselot
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Signalement du livre de
Philippe Pichon :
« Cieux défunts ciels défaits fragments et versets »
présentation de
James Sacré
illustration de couverture de
Cauda
éditions Douro, 2023, 177 p, 18 €
Un
livre de poèmes denses et nombreux maintenant tout le long de la
lecture, un sens épique et grave qui compose le paysage métaphysique
de cet auteur très prolixe.
Une
émission prochaine sera consacrée à ce poète qui vit en Occitanie.
Lecture d’extraits.
L’enfance est
une rivière qui parfois tremble qui parfois se noue et qui pourtant
jamais ne se retourne pour voir si on la suit.
***
Suite de l’émission de la semaine précédente consacrée à
Jean Rousselot
(1913 - 2004)
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25-03-2025

jean rousselot
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Présentation du livre
« Instants éternels
Cent et quelques poèmes connus par cœur
en Chine »
présentés et traduits par
Guilhem Fabre
illustrations de
Yang Yongliang
éditions érès PO&PSY coll. a
parte, 421 p, 35 €
Un beau livre de poésie
rassemblant les poèmes les plus connus en Chine. L’auteur détaille
les usages contemporains des vers ou des quatrains célèbres, qui ont
assuré leur transmission au fil des siècles. Cette anthologie est
illustrée par un artiste chinois Yang Yongliang dont ses œuvres sont
exposées internationalement. Ses paysages sont une véritable fable
de la civilisation moderne si l'on y regarde de plus près.
La poésie chinoise est au cœur
d'une civilisation qui s'est perpétuée par les signes, en l'absence
de monuments antiques. Instants Éternels rassemble les poèmes les
plus connus, et détaille pour la première fois les usages
contemporains des vers ou des quatrains célèbres qui ont assuré leur
transmission au fil des siècles.
La fréquentation assidue du
terrain et des sources a permis de replacer les textes dans leur
contexte, en dessinant une galerie de portraits qui incarnent
l'histoire de la Chine à travers ses créateurs préférés, surtout les
poètes des dynasties Tang et Song, du VIIe au XIIIe siècle.
La traduction tente de recréer le
flux et la vitalité des images portées par le tracé dense des
caractères chinois qui sont placés en vis à vis. Elle s'attache à
recréer l'effet du poème original dans un poème français à part
entière.
Lecture d’extraits.
Un très beau livre qui nous
permet d’entrer en visiteur privilégié dans la poésie chinoise qui a
su survivre au cours des siècles mieux que toutes autres traces de
civilisation.
***
Fidèle à sa vocation de
maintenir vivace l’œuvre de nos poètes disparus l’émission est
ensuite consacrée à la diffusion d’une lecture enregistrée par
Christian Saint-Paul en 1981 à Toulouse, du poète, écrivain,
essayiste et critique :
Jean Rousselot
(1913 - 2004).
Lecture de ses poèmes avec ses
commentaires. Pauses musicales avec Gustav Mahler,
compositeur cher au poète.
Jean Rousselot est une grande
voix de la poésie du XXème siècle. Contrairement aux poètes
d’aujourd’hui, il connaissait et s’intéressait, sans parti pris, aux
poètes de son époque. On lui doit l’étourdissante parution chez
Seghers en 1965 de
« Poètes
français d’aujourd’hui - anthologie critique ».
Il laisse une œuvre à redécouvrir.
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11-03-2025
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Une émission hommage à
deux poètes qui nous furent très chers et qui ont disparu. Mais leur
parole survit. Cette émission est dédiée à leur fille respective,
Laurène pour
Jean-Pierre Metge, Aurélie pour Alain Lacouchie.
Jean- Pierre Metge
est né le 23 mai 1949 à Agadir (Maroc). Issu de vieilles familles de
paysans et de tisserands de l’Ariège et du Lauragais, fils de
soldat, il a souvent voyagé. Enfance et adolescence dans le Lot
(Causse de Gramat).
À seize ans, normalien à
Toulouse il est l’élève du philosophe esthète
Charles-Pierre Bru.
Instituteur en Haute-Garonne de Cintegabelle à Toulouse, puis
Professeur d’Histoire, il a vécu à Toulouse où il rencontre en 1986
les poètes d’Escalasud,
association pour laquelle il rédige un bulletin intérieur: de 1990 à
1994 (206 numéros).
De 1969 à 1993 il
a écrit une douzaine de recueils de poèmes.
Il crée les éditions
A Chemise
ouverte en 1994
puis devient membre fondateur du
Passe-Mots.
En 2000 il lance l’idée de
Panorama 2001, 27
Poètes du Midi Toulousain
dont il dit :
« Ceci n’est pas une revue ou l’émanation d’une quelconque
association, c’est l’expression forte et fraternelle d’une action
directe faisant fi du carcan administratif et des manipulations
d’argent. Cette action veut s’inscrire en toute illégalité dans la
vie, la nôtre, la vôtre… dans votre quotidien ».
Il meurt le 8
octobre 2002 à Toulouse.
In Nos
seuls soleils sont des lichens,
L’Arrière-Pays, 2003
Pour cette émission à
Radio Occitania, Christian Saint-Paul a choisi de faire entendre sa
parole poétique
dans les deux langues français et occitan,
car Jean-Pierre Metge pratiquait aussi cette langue en poète.
C’est donc son recueil
« Les greniers du silence »
paru dans la revue
Résu n° 60
en 1992 qui est lu à l’antenne, la partie occitane étant dévolue à
Camille
de Radio Occitania.
à Laurène
Sur son trépied
de bois sec craquelé
verdi de mousses
humides
la meule danse la
gigue
de son ventre
irrégulier
Engrenages
rouillés buvant des huiles noires
elle use son
grain éternel
sur tes couteaux
d’inexpérience
***
Quand tout sera
fini Sylvette,
dans dix ans,
dans vingt ans...
quand le soir
fraîchira s’élevant des lauriers,
nous rêverons,
assis sur ce palier,
disant
Est-il trop tôt ?
Est-il trop tard ?
Que reste-t-il du
cher passé ?
Ni le silence, ni
les regrets
ni les retours,
ni les départs
Que la grise
couleur des choses !
Comme les autres
on s’en ira
et le jour où
l’on reviendra
seuls nos
sourires étrangers
regarderont
mourir les roses.
***
Alain Lacouchie
nait à Limoges le 8 mai 1946 et y meurt le 3 février 2023.
Professeur
d’anglais, il a mené surtout une vie d’artiste avec une œuvre de
poète (plus de 50 publications), d’illustrateur et de photographe.
Il a participé à côté de
Jean-Pierre
Thuillat (1943
- 2021) à l’aventure de l’excellente
revue Friches.
Le malheur provoqué par les hommes dans un monde toujours incertain,
le révoltait profondément. Devant ce désastre incessant qui faisait
de cet homme généreux un écorché, il répondait par le poème et le
dessin. Il n’oubliait jamais ses amis et quand l’un d’entre eux
n’allait pas bien, il avait toujours des paroles réconfortantes
qu’il accompagnait d’un humour ravageur. Un poète fraternel
insensible à la gloriole, lucide sur la vacuité de la vanité
humaine.
Il laisse une
œuvre importante dont ses dernières publications où se lit
l’angoisse d’un monde à venir et qui est déjà le nôtre.
Parmi elles,
citons :
Tentation d'un toujours. Éditions
Interventions à Haute Voix, Chaville, avril 2022.
Araignée est une pape. Éditions
Au fil des éphémères, Limoges, mai 2021.
La révolte s'achève et le feu
hésite encore. Éditions Au fil des éphémères, Limoges, 2021.
Histoires sans têtes.
Éditions Encres Vives, Colomiers. Collection Encres Blanches n°798,
2020.
Apatride des espaces.
Éditions Encres Vives, Colomiers. Collection Encres vives n°495,
2020
La lassitude n'est pas une
fuite. Éditions Au fil des éphémères, Limoges, 2020
Une pierre sans personne,
poèmes et encres. Éditions Encres Vives, Colomiers. Collection
Encres vives n°486, 2019
Le 540° numéro d’Encres Vives lui
est consacré
« Spécial Alain Lacouchie - Un poète de combat »
textes rassemblés par Jean-Louis Clarac avec 11 poèmes
inédits et une encre de couverture d’Alain Lacouchie. Le n° 6,60 €,
abonnement à Encres Vives 40 €, chèque à l’ordre d’Encres Vives à
adresser à Eric Chassefière, 232 av. du Maréchal Juin 34110
Frontignan.
Lecture d’extraits
Demain, je serai
peut-être rouille,
au bout de mon
âge et fermé d’ennui.
Il est plus tard
et je n’ai plus faim
de ces heures
jusqu’au sang.
Il est trop tard.
Fermé à double tour,
j’ai des
électrodes plantées en tête.
Au rythme râpeux
d’un tambour,
je suis
vulnérable jusqu’à la nostalgie.
A mes blessures,
une horloge
sans reflets,
dure.
***
Fillette du
Soudan est une pierre
au milieu du
courant.
Ses yeux sans
regard
sont fixés de
mouches rouges
et, à ses tripes
boursouflées,
sa faim est de
bruits cassants.
Sur elle, pèse,
lourd de mort,
le regard sec
d’un vautour.
***
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03-04-2025


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Jean-Pierre Armand
du
Théâtre du Cornet à dès
revient parler d’un autre de ses spectacles à succès :
Brel debout !
avec
Raphaël Breil qui
interprète Jojo, le fidèle ami de Jacques Brel.
Breil chante
Brel
Et oui ! 45 ans après sa
disparition, Brel nous parle encore ! On dirait même qu’il ne nous a
jamais quitté ! Ses chansons sont si fortes qu’elles sont restées là
enracinées à jamais dans le musée de notre nostalgie.
Les plus jeunes ne s’en
souviendront peut-être pas aussi bien que les anciens, mais voilà
Brel debout pour rafraîchir les mémoires et retrouver avec bonheur,
nous l’espérons,
cet homme d’exception au talent
inouï ! Bruno Wagner (vidéo), Jean-Pierre Armand (mise en scène),
Raphaël Breil(Jojo). Brel debout est une création originale évoquant
les multiples facettes de ce fantastique interprète :
le rêveur, le révolté,
l’insoumis, le tumultueux aux amours déchirantes, le railleur,
l’éternel nomade, facettes aussi ardentes que démesurées, aussi
captivantes les unes que les autres.
Sur le plateau un artiste complet
à la hauteur de l’évènement : Raphaël Breil (avec un i en plus !),
seul en scène avec son piano et son talent incarnera Jojo,
l’ami de toujours, passeur des
mots et des inoubliables mélodies de l’icône. À ses côtés, une voile
déployée (pour une invitation au voyage) laissera voir de superbes
images du Grand Jacques se penchant sur son fabuleux parcours.
Brel debout à voir
absolument !
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25-02-2025


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Jean-Pierre Armand
du Cornet à dès, Cie de théâtre qui est une
institution à Toulouse vient parler de ses
spectacles à succès toujours en cours :
Camille Claudel l’interdite ! |
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Voir, revoir. 10 ans de succès ! |
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Camille Claudel l’interdite ! |
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Camille Claudel... Sa mort était passée inaperçue
après 30 ans d’internement au milieu de déments.
Elle était alors oubliée depuis longtemps !
Surprendre l’artiste dans sa propre lumière,
enfantant ses démons avec ce défi et cette audace
qui n’appartiennent qu’à elle. Voilà ce qui nous a
conduits. Saisir aussi la Camille de la nuit finale,
hantée par son parcours vécu comme un chemin de
croix ! Assistant impuissante mais toujours plus
consciente que jamais de tous les épisodes de sa
vie... Sa vie, sa pauvre vie, pareille à ses
admirables sculptures, tout en déséquilibre et
fragilité !
Un spectacle de Jean-Pierre Armand,avec Joséphine Sarrazin dans le rôle-titre. |
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Coproduction : théâtre Cornet à dés – 16Arts
Productions.
Spectacle ovationné lors des festivals Off
d’Avignon (2012 et 2014).Un mois à l’affiche du théâtre Garonne de
Toulouse (avril-mai
2013).Plus de 200 représentations ! |
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18-02-2025
RETOUR

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Présentation du livre de
Carles Diaz (poète
franco-chilien)
Polyphonie landaise précédé de Paratge
nous apprend Wikipedia, est un livre qui exalte la géographie
éprouvée et imaginaire.
La poésie de ce
diptyque est ancrée dans la terre, réservoir de la mémoire, et
combat l’inachevé et la disparition. « Les Landes, qui n’ont
(presque) rien de monotone, chantent ici dans la dynamique des
mémoires rassemblées, retrouvées, inventées (…) il y a des pierres,
des villages au loin, et du feu, partout, visible ou invisible. »
Polyphonie landaise est
un ensemble de 26 textes en prose qui exprime le paysage des Landes
de Gascogne échappant à toute temporalité. Paratge,
comprend 35 poèmes en vers libres et aborde la subtile question de
l’être-au-monde, de la recherche d’une « noblesse d’âme » chère
aux troubadours occitans. À propos de cet ensemble de
poèmes, Jean-Paul Gavard-Perret souligne : « Mise en joue, le lieux
se mêle aux impressions qu’il génère et ce, pour faire renaître les
qualités de l’âme occitane. Entre le silence et le cri, toute une
marqueterie en répons à une longue histoire culturelle accorde une
certaine folie à la platitude première d’un tel lieu qui soudain se
soulève en divers monuments. »
À la richesse de son
imaginaire, « contribue la grande beauté de l’expression, autant que
la simplicité et la gravité profonde, mais non pesante, de ce poète
discret (...) Un
poète du « lieu »,
qui sait éveiller avec une densité puissamment évocatrice sa manière
« d’habiter cette terre », d’amener son langage à déployer la
réalité singulière du lieu avec lequel il entretient une relation
intime », écrit Xavier Bordes.
Pour son livre
Polyphonie landaise, précédé de Paratge, Carles Diaz s’est vu
décerner le Prix Constantin Casteropoulos 2022 de l’Académie des
Sciences Lettres et Arts de Marseille récompensant, selon Patrick
Boulanger, rapporteur de l’Académie, « les poésies d’un auteur
chilien, ardent défenseur des langues régionales et des idiomes
menacés »[20]. Il a reçu également le Prix Bernard Blancotte de
l'Académie des arts, lettres et sciences de Languedoc, ainsi que le
Prix du marquis de la Grange de l’Académie nationale des sciences,
belles lettres et arts de Bordeaux, prix annuel devant être décerné
alternativement à l’auteur d’un livre ou mémoire sur la langue
gasconne et sur la numismatique des provinces méridionales.
éditions
Gallimard 88 pages, 12 €
Lecture
d’extraits.
****
Lecture du recueil de
Gilles Lades :
« Dans les lignes du feu
poèmes du révolu »
dessin de
Christian Verdun,
542 ° Encres Vives, 6,60 €, abonnement à Encres Vives 40 €, à
adresser à Eric Chassefière, 232 av. du Maréchal Juin 34110
Frontignan.
36 poèmes brefs
écrits en 1995 retrouvés par le poète chevronné du Quercy qui nous
les livre enfin. Un chapelet de fulgurances qui est un des multiples
visages de la poésie contemporaine et le visage fidèle de
l’intériorité toujours éveillée de Gilles Lades. A lire pour faire
renaître ce « révolu » si intemporel.
Le silence
revient
fatigue d’être et
de porter
le visage effacé
***
Actes et livres
en nouvel ordre
laisseront-ils
monter
la voix
retrouvée ?
***
Toi toujours le
même qui t’écris
sur d’étranges
enveloppes
pour un autre
visage
***
Signalement du livre de
Jacqueline Saint-Jean
« A Versenvers »
éditions
Sémaphore coll. Arcane, 38 p, 11 €.
Ici aussi encore une
poésie des lieux, mais
« un lieu de songe, peuplé
de présent,
de mémoire, de mythe, pour
traverser les enfermements et croire encore au Printemps »
écrit-elle dans la
dédicace.
Une écriture
rayonnante que cette prose poétique qui ressemble tellement à son
auteure, elle aussi, comme son ami Gilles Lades, faisant du lieu
celui de l’imaginaire et de l’intemporel qui nous voit nous
transformer. Un hymne à la langue qui crée le poème, qui dans ce
livre s’étale non en 36 poèmes comme chez Lades, mais en 36 pages.
Aux confins
intérieurs, seuls les yeux
voyagent dans la
houle des couleurs, où le
ciel navigue avec
le vent, infiniment
Quand l’océan
infuse l’encre et le sang
de ses mouvances,
de ses abysses, de ses ossuaires,
la voyageuse
plonge aux confins de l’éphémère.
L’ombre bleue de
la fable blottie sous les
paupières, elle
tente de sonder le visible.
Et si soudain le
soleil illumine un liseré de
nu voluptueux
nageant dans son lit de nuages,
l’instant
s’entrouvre sur la merveille.
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11-02-2025

Jean-Claude Ettori et Christian
Saint-Paul
devant Clémence
Isaure à l'Hôtel d'Assézat
RETOUR

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Emission consacrée au poète chanteur comédien
Jean-Claude ETTORI
diffusion de
« Ma vie comme
ça » extrait du CD
« Vermentino ».
Entretien avec Christian Saint-Paul et lecture de poèmes
essentiellement extraits de
« Carnet de route Textes sacrés »
20 poèmes sur de magnifiques photographies
éditions Sabine 15,90 €
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04-02-2025

à l'Académie des
jeux floraux
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Poursuite de l'émission consacrée à
Mainteneur de l'Académie des jeux floraux de Toulouse,
poète, musicien, compositeur de musique
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28-01-2025

à l'Académie des
jeux floraux
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Gérard Zuchetto
L I G A M S,
TOLOSA – TROBADORS –
TROBAR Antologia tolosana del trobar medieval
XIIen-XIIIen s.
Aux XIIème et XIIIème siècles, la
cour des comtes de Toulouse est en effervescence d’idées, d’écrits
et de chants. Autour de Raimon VI se côtoient des poètes-musiciens
renommés qui chantent de maintes couleurs. Les liens qui les
unissent : l’Art de Trobar e Cortesia. Parmi eux, le troubadour
Folquet de Marselha devenu évêque-inquisiteur. À Toulouse où, depuis
le Lauragais viennent prêcher les Bons Crestians, Boulgres, Bons
hommes, Eretges, le destin du trobar et l’avenir de la culture
occitane se jouent sur le plan politique et poétique. En témoignent
biographes, historiographes et les chansons de Peire Vidal, Aimeric
de Peguilhan, Raimon de Miraval, Peire Cardenal, Guilhem Montanhagol
ou Guilhem Figueira... qui espérent pouvoir retrouver un jour Joi e
Trobar qu’ils ont perdus. Guilhem de Tudela et l’Anonyme, auteurs de
la Canso de la Crozada, témoignaient de la croisade « contre les
hérétiques d’Albigeois », terrible invasion militaire menée par
Simon de Montfort et le roi de France avec l’appui du Pape et de
l’Église de Rome. À Toulouse, en 1323, la Sobregaya Companhia dels
VII Trobadors de Tolosa met en place le Consistòri del Gai Saber
dans le but de continuer l’art lyrique des troubadours. Couverture :
Ms BNF fr.12473 et vitrail Basilique Saint-Sernin Toulouse Raimundus
IV Portrait de l’auteur par Céline
« Gerard Zuchetto fait partie des
continuateurs de l’immense œuvre de Robert Lafont en matière
d’édition, d’analyse et d’interprétation de l’extraordinaire corpus
des troubadours occitans que représentent plus de 2500 textes dont
260 chansons conservées avec leurs mélodies dans les chansonniers
médiévaux. Suite à la publication de l’exceptionnel volume de Las
Cançons dels trobadors : melodias publicadas sous la direction
d’Ismaël Fernandez de la Cuesta (mélodies) et de Robert Lafont
(textes), Gerard Zuchetto n’a cessé de poursuivre, aux côtés de la
chanteuse Sandra Hurtado-Ròs, un parcours artistique exigeant
associé à une œuvre de diffusion nationale et internationale en
enregistrant des dizaines de disques dont l’intégrale des chansons
des troubadours, puis en créant un ensemble musical dédié à
l’interprétation de la lyrique occitane médiévale, un label et une
maison d’édition, et enfin un grand festival. Acteur engagé pour le
développement de la langue et de la culture occitanes dans le monde
contemporain, il agit aussi comme éditeur, créateur de spectacles,
directeur de festival pour la diffusion de la littérature occitane
de création contemporaine. » Ostana, 2019.

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14-01-2025

Michel
Eckhard Elial
RETOUR

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L’émission est entièrement
consacrée à
Michel
Eckhard Elial qui
est joint par téléphone.
Professeur de littérature
comparée et docteur en sémiotique textuelle, Michel Eckhard Elial
est poète et traducteur de la littérature hébraïque : Yehuda Amichaï,
Dahlia Ravikovitch, Aaron Shabtaï, David Vogel, Ronny Someck, Shimon
Adaf, Miron Izakson, Eliaz Cohen, Amir Or…Il contribue à plusieurs
anthologies de la poésie israélienne contemporaine, et dirige la
Revue «Levant – Cahiers de l'Espace Méditerranéen » et la
Bibliothèque du Levant,
qu'il a fondées en 1988 à Tel-Aviv, aujourd'hui à Montpellier, dont
la vocation est de promouvoir
un dialogue pour la paix
entre les trois rives de la Méditerranée.
Parmi les publications
poétiques:
Dans
l’éclat des mots, Editions de la Margeride, 2024 ; La poésie n’est
pas une métaphore, Levant, 2023 ; Cristal Blues, Ségust, 2022 ;
Crier à l'étoile, L'Aigrette, 2021 ; La ville que tu portes n’a pas
de terre, Voltije Editions, 2020 ; L’arbre lumière, Levant, 2017 ;
Exercices de lumière, Levant, 2015 ; L'instant le poème, Levant,
2009; Sa tête aux ciels, Levant, 2008 ; Un l'Autre, Levant, 2008;
Beth, Levant, 1995 ; Au midi du retour, Euromedia, 1993 ;
L’Ouverture de la bouche, Levant,1992
Parmi les traductions :
Yehuda Amichaï, La poésie est une célébration, L’éclat, 2025 ;
Miriam Neiger-Fleischman, Le livre de Miriam, Levant, 2021 ; Hava
Pinhas-Cohen, Rapprocher les lointains, Levant, 2020 ; Miron C.
Izakson, Ajours,Levant, 2019 ; Lali Tsipi Michaeli, Psaume de femme,
Levant, 2019 ; Shimon Adaf, Le monologue d’Icare, Caractères, 2018 ;
Dahlia Ravikovitch, Même pour des milliers d’années, Bruno-Doucey,
2018 ; Ronny Someck, Le piano ardent, Bruno-Doucey, 2015 ; Ronny
Someck & Salah Al Hamdani, Bagdad-Jérusalem- A la lisière de
l’incendie, Bruno-Doucey, 2012 ; Miron C. Izakson, L’audace du jour,
Levant, 2015 ; Hagit Grossman, Neuf poèmes pour Schmuel, La
Margeride, 2014 ; Yehuda Amichaï, Poèmes de Jérusalem, L'Eclat,
2008; Début, fin, début, L'Eclat, 2008; Les morts de mon père, L'Eclat/Levant,
2001; 1995; Histoires d'avant qu'il n'y ait plus d'après, Alfil/Levant,
1994 ; David Vogel, La vie conjugale, Stock, 1992 ; Naïm Araydi, Le
trente-deuxième rêve, Levant, 1990 ; Aharon Shabtaï, Seconde
lecture, L’Eclat, 1988, Le poème domestique, L’Eclat, 1987 ; David
Avidan, Cryptogrammes d’un téléstar, Now, 1978
Essais :
Jabès le livre lu en Israel (David Mendelson & Michel Eckhard Elial),
Point Hors Ligne, 1987 ; Michaël Elial; David Mendelson, Ecrits
français d'Israel,
Paris :
Lettres Modernes Minard, 1989.
Exercices
de Lumière, Levant 2015.
De ce livre né après le
deuil de son fils Mathias disparu à l’âge de 19 ans, il explique :
Ces
textes font partie de mon temps de deuil et d'espérance. Je n'ai pu
tenir jusqu'à présent que par la pensée d'une présence, d'un visage,
d'une lumière, émergeant de l'obscure absence. J'ai toujours eu en
face des jours terribles, semblables à un séisme, la voix
réparatrice de la poésie: Jose Angel Valente, Paul Celan quelques
autres, ont été en quelque sorte les antennes de mon rassemblement,
de ma rédemption quotidienne, parce qu'ils ont, particulièrement,
touché le mystère et le naufrage de la parole, pour en faire surgir
de la lumière, cette même lumière que le peintre Pierre Soulages
fait surgir de la matière noire. Le fait que ces textes aient été
rassemblés, en ce moment de Pâques est loin d'être un hasard (la
poésie ignore le hasard, elle ne reconnait que l'évidence): exode et
résurrection sont les fils de lumière qui rendent mon fils présent à
ma pensée et à mon amour.
Poèmes extraits de
« L’arbre lumière » :
A retourner
au silence
le chemin
nous enveloppe de ses arbres
de pensées,
car tout est
manifeste
sous la
brûlure
du
feuillage.
C’est un
éveil qui épelle
nos peaux en
graines,
par-dessus
l’épaule
muette des
rêves,
l’aile
pousse sous le duvet
de l’ange.
A serrer
l’enfant on apprend le geste
du ciel,
or l’aimé et
l’enfant ne font qu’un
pour être au
monde et nous réconcilier
au destin.
On ne sort
pas de l’ombre
à rebours de
la lumière,
mais
rejoindre au bord du ciel rouge
le clair de
l’amour.
Après le
silence de l’hiver
et les
haltes,
qu’il nous
refonde à la lumière.
dans le soin
de la terre.
***
Etroite la
terre
se déroule
entre
tes mains
tendues
comme les
branches
de l’air
nous tombons
parce que
nous sommes
plus lourds
que
la poussière
dans la
courbe des mots
nos racines
sont
des routes
et des mains
où se hausse
le visage
de la
parole.
***
Car ici
depuis
le tendre et
terrible
accolement
de l’ange
vers nous se
tend
et s’irise
comme un
départ de feu
l’éveilleuse
de signes
elle saisit
l’âme
et la met
dans tes yeux
ils
fleurissent en feu
comme un
chant d’oiseau
mesure la
profondeur
du ciel.
***
Poèmes de Michel
Eckhard-Elial :
Etre un arpent
ou une nuée de rêve
insituable de l'origine.
Alain Suied
Parce qu'ici
est peu et trop
me
reconnaîtras tu
sous le
feuillage
des paroles
au bord de
l'existence
une tige
unique
quand le
bonheur
tombe
Ecrire
pour laisser
la lumière allumée
au dessus de
l'ombre
du chant le
plus fidèle
poursuivre
entre
les séismes
et les élans de joie
tant de
ruines tant de roses
au cadastre
des ciels et
des os
touchent la
prière
et
l'incendie
d'où me
vient la tendresse du monde
quand je
fleuris et me défeuille
quand le
poème brûle
j'ai la
ferveur d'aimer
****
Sous la
couronne du temps
le printemps
se défeuille
Nos vies se
vivent
et
s’essoufflent
aux confins
obscurs
Pourtant
dans le jardin
le cœur de
l’arbre
porte le nom
de l’aimée
la pierre la
main de l’étincelle
Blancheur du
désert glacée
dans le sang
de la ville : quel air respirer
sous la peau
de l’inaccompli
rayon de
lune
Je serai où
tu seras
un bourgeon
détaché du vide
par amour de
la lumière
Nous
continuerons de fleurir
pour réparer
le nom du
monde
***
Clartés
Noces
chimiques de
La lumière
noire
Intérieure
Aucun rayon
ne transperce
les noces
chimiques de
la lumière
intérieure
elle reste
silencieuse
et noire
Sous
l’écorce
la nuit
partout
les mains
battant
le secret du
mot
d’amour et
les corolles
d’alphabet
égrené comme
un commencement
du monde
J’ai posé la
lumière au sommet
de l’ombre
pour sauver
le chemin
et que les
yeux puissent encore
habiter
son visage
****
voix comme
une seconde
peau
vous
enveloppe
toi et mon
dieu
une fente
dans l'écorce
restée
sans réponse
mille ans de
douleur
pour un jour
sans voix
le corps
doit attendre
sous ses
fougères de sable
que se
rassemblent les mots
pour ouvrir
le temps à la voix
du monde que
nul
autre
n'entend que toi
***
quel ange
pour libérer
la terre
du silence
la mer
s'est
ouverte devant nous
le printemps
hâte
l'avenir des
mots
déroulé le
rouleau
de
l'espérance
il devient
une colonne de sel
au secret
devant ton
visage
j'ouvre le
livre
où tout
s'écrit
mon amour
n'a besoin
de signes ni
de fêtes
pour sortir
à
la lumière
du
monde
le ciel
reste
à la hauteur
du monde
un arbre
portant
fruit
ici
devant le
signe
nous
retournons à l'écorce
de lumière
une première
peau
nous rejoint
presque
le souffle
au bout du
corps
prend feu
****
Prière
rassasié de
silence
le désir en
dedans
dit le désir
du dehors
il appelle
d'autres lèvres
un autre
codeur
à mettre du
sens
dans le
corps
à le
rapprocher du temps
l'échelle du
ciel posée
contre ton
oreille
****
Votre main
suffirait à me donner la nostalgie de la présence :
fenêtre à
ouvrir outre ciel.
La lumière
sur le marbre du temps, étincelante et dispersée, se
rassemble
dans une main, ouverte sur les directions essentielles :
ligne de
cœur, ligne de vie.
Le monde est
un territoire enclos dans la peau, fleur et fibres.
Et le temps
commence là où il disparaît.
Vers cela,
en dedans, pointe le jour
***
Avec
Ronny Someck, Michel Eckhard-Elial
publie chacun rédigeant une partie :
« La poésie n’est pas une métaphore »
aux éditions Levant.
Extrait :
La poésie
est le plus court chemin de l’homme au monde,
Alain
Suied
Habitée par
le monde la poésie n’est pas une métaphore filée
dans l’antre
des dieux et des astres. La poésie ne dit rien que ce
qui pousse
en elle, comme l’arbre de vie, de ces racines qui ont la
nostalgie du
ciel et la force tellurique des volcans en gésine sous la
langue.
Elle signe
cette vérité du Livre de la Création que le monde
a été créé
dans une parole.
Bereshit, in principio, Elohim n’a pas
simplement
créé, il a dit. Et si le monde a été créé par la parole, la
poésie a été
créée dans les fragments d’une parole une et nue, à la
fois intime
et universelle.
En d’autres
termes, dans le poème c’est l’esprit de Dieu qui
plane et
souffle dans chacun de ses vers. Le poème devient ainsi
le signe de
ralliement du temps et de l’espace à la mémoire du
commencement
renouvelé. C’est dans cette lumière de l’origine
désormais,
qui a la pureté du cristal et de la foudre, que le poème
connaît les
déplacements de la vapeur d’eau ou des orages : il sème
la prophétie
des matins clairs et habille l’obscurité de fontaines
creusées
dans les airs. Que de métaphores s’ouvrent pour transporter
les
effusions du chant dans la rotation de la terre et interroger le
mystère de
l’esprit et des sentiments, comme autant de méridiens
mûris en
l’ultime retour de l’éveil solaire : dans ses mains flambe
l’œil du
rêve et la présence au monde de la clarté souveraine.

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24/12/2024
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murièle_modély
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Christian Saint-Paul reçoit la
poète
Murièle Modély.
Voici ce qu’on pouvait lire dans
l’éditorial d’octobre 2023 qui faisait suite à l’émission qui lui
avait été consacrée le 17 octobre 2023 (toujours accessible) :
L’amour est le chemin d’accès à
la connaissance. Et c’est bien cette voie réellement infinie, elle,
qu’empruntent depuis l’aube des temps, les artistes assoiffés de
connaissance, les poètes en tête.
Dans la mémoire collective des
toulousains et, nous l’espérons, dans la mémoire universelle,
résonne cette phrase écrite en mai 1940 par le
Cardinal Saliège :
« Qui n’aime pas, ne
comprend pas. C’est l’amour qui donne le sens du divin et de
l’humain ».
Muriéle Modely
vit à Toulouse où elle exerce le plus beau métier dont peut vouloir
un poète, celui de bibliothécaire. Elle perpétue ainsi sans la
savoir la tradition toulousaine qui veut que les bibliothèques
soient animées par des poètes. Après
Pierre Trainar
à la Bibliothèque Universitaire et
Monique-Lise Cohen
à la Bibliothèque du Patrimoine de la Ville de Toulouse,
Murièle Modély
officie dans cette dernière prestigieuse bibliothèque.
Venue de l’île de La Réunion où
elle est née à Saint-Denis, elle se fait connaître en publiant dans
les revues puis fait paraître des livres de poèmes :
Penser
maillée (2012) ; Je te vois (2014) ; Tu écris des poèmes (2017) aux
éditions du Cygne, Rester debout au milieu du trottoir, éditions
Contre-Ciel (2014), Sur la table, éditions numériques Gazaq (2016)
et Feu de tout bois, Délit buissonnier n° 1, tiré à part de la revue
Nouveaux Délits (10 €) et Radicelles
avec des
photographies de Vincent Motard-Avargues, préface de Dominique
Boudou, éditions Tarmac (18 €).1
- Feu de tout bois
avec
des illustrations de Sophie Vissière ,
Feu de tout
bois : une suite
de poèmes écrits dans une langue simple et percutante, abordant sans
emphase, comme par inadvertance, des constats sociaux,
philosophiques, sans concession à la dure réalité de notre monde
qu’elle révèle à sa fille :
« à l’instant même où la
claque / nous pousse au premier cri / sache qu’à cet instant précis,
des doigts invisibles / enfoncent dans notre gorge une gomme »,
mais ne se lamente pas et ramène à l’essentiel :
l’amour
« sache ma douce enfant que je
veux tant remplir, que tout s’estompe / l’amour est une éponge qui
fait place nette pour d’autres ».
Et même si
« l’arche n’empêche pas
l’engloutissement »
elle ne s’abandonne pas au défaitisme :
« vivre au fond n’est pas bien
compliqué / il suffit de s’en tenir au mot du jour / composer,
décomposer, recomposer / une croix après l’autre / l’empilement des
faits ».
Un souffle bien maîtrisé, une
langue sûre qui dessine les contours obscurs et flous de notre monde
convenu avec l’habileté de la mère douce qui sait conduire ses
enfants sur les bons chemins.
Un ensemble de poèmes qui se
rangent dans ce que
Michel Cosem
recherchait dès les années 70,
une poésie à « l’imagination
créatrice fondée sur le réel ».
Radicelles
avec des photographies
de Vincent Motard-Avargues, préface de Dominique Boudou, éditions
Tarmac, 38 pages, 18 €.
C’est un beau livre par sa
conception, son papier épais, ses reproductions photographiques
d’une haute précision qui flamboient et qui creusent les ombres, tel
un soleil qui traverse une journée.
Dominique Boudou dès ses premiers
mots dans sa préface, prépare le lecteur à ces poèmes qui, s’ils
relèvent plus du sensible que de l’intellectuel, sont de redoutables
métaphores du monde hostile qu’il faut apprivoiser.
Ses poèmes sont le combat de
Murièle Modély.
L’enfance qui la ramène au
créole, à son île de La Réunion, à l’histoire douloureuse du peuple
de cette terre grosse de magnificence.
Nul ne peut effacer ses racines,
fussent-elles des radicelles qui, bien que fines et fragiles
s’infiltrent plus sournoisement dans la mémoire.
Avec
Radicelles,
Murièle Modély est parvenue à sa pleine maturité.
Il est certain qu’elle va
poursuivre ce ton de l’apogée. Nous sommes heureux de savoir que
Toulouse compte parmi ses artistes de l’écriture, la figure de
haut-vol de Murièle Modély !
à l’intérieur,
tu as ce réseau complexe de radicelles
à l’intérieur,
il a cette architecture compliquée de racines
et la ligne
vous maintient dans cette autoplastie
Murièle Modély pratique "une
poésie tendue comme un arc", comme elle le dit elle même dans
l'entretien à lire sur le site des éditions Contre-Ciel. Il est vrai
qu'on est loin ici d'une poésie surannée et gentillette sur l'amour
et les petits oiseaux... en même tant qu'on n'est pas du tout du
côté de l'expérimental à tout crin qui évacue le fond (autant dire
le sens) au profit d'une forme complètement éclatée.
Murièle Modély parvient à
développer une écriture tranchante mais en même temps fluide : on
lit ses poèmes d'une traite pour rester dans la vague de ses mots.
Sa poésie est emprunte d'une grande sensualité. Les cinq sens et les
corps sont omniprésents dans ses textes. C'était encore plus le cas
avec "Penser maillée", son premier recueil qui explorait son
identité réunionnaise. Dans "Rester debout au milieu du trottoir",
on croise des couples au prise avec la jungle dans des appartements
exigus, des femmes mauvaises, une ancienne fillette rousse qui
attrapait des mouches, etc.
L'écriture de Murièle Modély a
une poigne d'enfer.
Cette poigne d’enfer elle se
renforce encore dans sa dernière publication :
« tombée la nuit, jour neuf » suivi de « Rester debout au milieu
du trottoir » histoire poétique ,
éditions az’art atelier collection espartO, 18 €.
Cette suite de poèmes brefs se
lit à la façon d’un journal intime. Le lecteur entre dans
l’indiscrétion de la pensée au jour le jour de son auteure. Celle-ci
se regarde vivre et penser comme à distance, comme si elle se
regardait marcher dans la rue et en déduisait les préoccupations du
moment observé. Ce dédoublement, qui permet à la poète de dire le
monde dans lequel elle évolue, est si fort, que l’usage du pronom
impersonnel : « on » est souvent répété ainsi que l’imprécise
expression : « parfois ».
La vie triviale n’est jamais
exclue dans la création poétique de Murièle Modély. Elle fait partie
intégrante de l’objet du poème auquel rien ne saurait échapper. Et
c’est précisément cette complicité avec la vie ordinaire,
c’est-à-dire la réalité vécue, qui fait la force de sa parole
poétique.
Extraits :
Le poème est
ce bout de chair morte
ce souvenir du
commencement
que la mémoire
trompeuse tente de ranimer
et on se
demande si deux pinces d'inox
en tenaille
sur nos tempes
peuvent
renouer les fils du passé
on se demande
une chose
saugrenue remplaçant l'autre
quand surgira
le premier rayon de soleil
pour foudroyer
la douleur tenace
qui vrille nos
tympans
***
Gestion de
natures mortes
parfois
les choses
parlent
vont et
viennent
claquent
les hommes
aussi
parfois
vont et
viennent
clappent
perches à
fruits s'agitant
dans les
boucles éparses
des feuilles
aux arbres
parfois la
chose ou l'homme
de l'autre
côté du bureau
assène d'une
voix douce ou aigüe
je dois vous
secouer de la pointe
de la perche -
langue trouble, troublante
vous secouer,
trouver l'accroche
la fente où
planter les dents
dans l'écorce
bosselée, bizarre
bizarre ta
pensée, massif
que la perche
télescopique
finira bien
par décentrer
et la chose -
ou est-ce l'homme
insiste :
c'est mon rôle
de vous
secouer le corps, la tête
prunier docile
que tombent
des fruits,
des mots
ou des process
que s'écrasent
au sol les mirabelles
leur chair
saturée de sucre
obérant nos
salives
***
La reprise dans ce même livre de
« Rester debout au milieu du trottoir »
complète bien la vision du monde que nous livre sans ambages Murièle
Modély.
Les poèmes se succèdent pour
tisser un récit, celui de la vie de personnes désignées ici aussi de
façon impersonnelle par « elle » et « il » ou « elles » et « ils ».
Ce sont des scènes de la vie
ordinaire dans leur imparable trivialité auxquelles le lecteur
assiste avec en musique de fond, cette spiritualité originale,
cachée, qui sourd du poème dans une imprégnation ténue celle de
l’image induite de ces scènes que les mots façonnent.
Le livre s’achève sur le
chef-d’œuvre du poème d’une interrogation à la mère :
[...]
alors quoi
maman
pourquoi lui
pourquoi moi
pourquoi au
creux du torse
pourquoi là
sous les fesses
cette idiote
faiblesse
pourquoi
m’avoir plombé de la vieille valise
de la rage qui
monte
comme un
serpent tordu entre les jambes
les tiennes
les miennes
[...]
A lire sans attendre !
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17/12/2024
RETOUR

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En compagnie de la poétesse
Murièle
Modely, Christian
Saint-Paul s’entretient avec le poète
Pierre Maubé qui
réside à Saint-Gaudens dans la Haute-Garonne.
Né en 1962 dans une famille
italienne, après des études d’Histoire à Toulouse et à Paris, et
plusieurs postes en bibliothèque dans la région parisienne, il
regagne sa ville de Saint-Gaudens où il est actuellement chargé de
mission pour les services culturels.
Il est aujourd’hui l’auteur de
nombreuses publications dont :
Nulle part, éditions Jacques
André, préface de Claudine Bohi, (première édition : revue-éditions
Friches – Cahiers de Poésie verte, Haute-Vienne, 2006).
Incapable, éditions Les Cahiers
des Passerelles, Clermont-Ferrand.
Étrange suivi de Onze kaddishim
pour Rose, éditions Lieux-Dits, Strasbourg, collection Les Cahiers
du Loup bleu, 2020.
La peau de l'ours, préface de
Michel Baglin, éditions Au Pont 9, Paris, 2018.
Vivre de faim, éditions
numériques Recours au Poème, 2015.
Sel du temps, encres de Maria
Desmée, réédité par les éditions Mazette, Yvelines, en 2012
(première édition : éditions Fer de chances, Yvelines, 2002).
Le dernier loup, préface de Bruno
Doucey, éditions Bérénice, Paris, 2010.
Psaume des mousses, éditions
Éclats d’encre, Le-Mesnil-le-Roi, Yvelines, 2007.
La dernière pluie, préface de
Cécile Oumhani, éditions Poésie sur Seine, Saint-Cloud, 1996.
Pure perte, présentation de
Christian Bulting, éditions Le Petit Véhicule, Nantes, 1986.
Le 28 février 2019, il était venu
présenter
«La peau de l'ours »,
préface de Michel Baglin, éditions Au Pont 9. L’émission est
toujours accessible sur ce site.
Il avait alors rappelé cette
phrase de Victor Hugo :
« Chaque homme
dans sa nuit recherche la lumière ».
La peau est lourde de symbole car, à la fois, elle sépare et unit le
monde extérieur et le monde intérieur. C’est donc en même temps une
frontière et un interface. Ce qui est aussi la finalité du poème.
Pour Pierre Maubé, nous vivons
dans la contradiction et le conflit alors que nous voulons
l’échange, la rencontre, la communication. Le poème autorise cette
volte-face vers une réalité plus idéale.
En 2024, Pierre Maubé a publié
« Mémorable, dix poèmes »
dans la revue
Alkémie
de littérature et philosophie, n° 33, diffusée par les
Classiques Garnier.
Ces poèmes d’époque fort
différentes reflètent cette volonté du poète de dire l’intime, allié
à la communion.
Extrait de « La peau de
l’ours » :
Une fois de plus
a mordu
le chien enragé
qui depuis 3000
ans
poursuit
le Peuple.
Peuple dont
j’ignore
s’il fut à
l’origine
Elu,
mais dont je sais
qu’aujourd’hui
il l’est,
car jamais sur
Terre
depuis 3000 ans
n’a autant
souffert.
A tel point
que ce peuple
porte maintenant
dans ses mains
sanglantes
toute l’humaine
condition.
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10/12/2024

Capitaine Slam
alias
Thierry Toulze
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"Des
ailes pour l'Ukraine"
éd. L'enfance des arbres, 9 €
Les
bénéfices de la vente de ce recueil seront reversés
à des
associations humanitaires qui portent
assistance au peuple ukrainien dans
sa tragédie.
la revue
"Des Pays Habitables" n° 5
dirigée par
Joël Cornuault, 14 €,
sur le site
www.pierre-mainard-editions.com
"La
mélopée du rouge gorge"
éditions Tertium, 190 p, 22 €
entretien et lecture de poèmes
autour d'un prochaine publication
"L'Observatoire de
Toulouse"
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