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14-01-2025

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Michel

Eckhard Elial

 

 

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L’émission est entièrement consacrée à Michel Eckhard Elial qui est joint par téléphone.

 

Professeur de littérature comparée et docteur en sémiotique textuelle, Michel Eckhard Elial est poète et traducteur de la littérature hébraïque : Yehuda Amichaï, Dahlia Ravikovitch, Aaron Shabtaï, David Vogel, Ronny Someck, Shimon Adaf, Miron Izakson, Eliaz Cohen, Amir Or…Il contribue à plusieurs anthologies de la poésie israélienne contemporaine, et dirige la Revue «Levant – Cahiers de l'Espace Méditerranéen » et la Bibliothèque du Levant, qu'il a fondées en 1988 à Tel-Aviv, aujourd'hui à Montpellier, dont la vocation est de promouvoir un dialogue pour la paix entre les trois rives de la Méditerranée.

 

Parmi les publications poétiques: Dans l’éclat des mots, Editions de la Margeride, 2024 ; La poésie n’est pas une métaphore, Levant, 2023 ; Cristal Blues, Ségust, 2022 ; Crier à l'étoile, L'Aigrette, 2021 ; La ville que tu portes n’a pas de terre, Voltije Editions, 2020 ; L’arbre lumière, Levant, 2017 ; Exercices de lumière, Levant, 2015 ; L'instant le poème, Levant, 2009; Sa tête aux ciels, Levant, 2008 ; Un l'Autre, Levant, 2008; Beth, Levant, 1995 ; Au midi du retour, Euromedia, 1993 ; L’Ouverture de la bouche, Levant,1992

 

Parmi les traductions : Yehuda Amichaï, La poésie est une célébration, L’éclat, 2025 ; Miriam Neiger-Fleischman, Le livre de Miriam, Levant, 2021 ; Hava Pinhas-Cohen, Rapprocher les lointains, Levant, 2020 ; Miron C. Izakson, Ajours,Levant, 2019 ; Lali Tsipi Michaeli, Psaume de femme, Levant, 2019 ; Shimon Adaf, Le monologue d’Icare, Caractères, 2018 ; Dahlia Ravikovitch, Même pour des milliers d’années, Bruno-Doucey, 2018 ; Ronny Someck, Le piano ardent, Bruno-Doucey, 2015 ; Ronny Someck & Salah Al Hamdani, Bagdad-Jérusalem- A la lisière de l’incendie, Bruno-Doucey, 2012 ; Miron C. Izakson, L’audace du jour, Levant, 2015 ; Hagit Grossman, Neuf poèmes pour Schmuel, La Margeride, 2014 ; Yehuda Amichaï, Poèmes de Jérusalem, L'Eclat, 2008; Début, fin, début, L'Eclat, 2008; Les morts de mon père, L'Eclat/Levant, 2001; 1995; Histoires d'avant qu'il n'y ait plus d'après, Alfil/Levant, 1994 ; David Vogel, La vie conjugale, Stock, 1992 ; Naïm Araydi, Le trente-deuxième rêve, Levant, 1990 ; Aharon Shabtaï, Seconde lecture, L’Eclat, 1988, Le poème domestique, L’Eclat, 1987 ; David Avidan, Cryptogrammes d’un téléstar, Now, 1978

Essais : Jabès le livre lu en Israel (David Mendelson & Michel Eckhard Elial), Point Hors Ligne, 1987 ; Michaël Elial; David Mendelson, Ecrits français d'Israel,

Paris : Lettres Modernes Minard, 1989.

Exercices de Lumière, Levant 2015.

De ce livre né après le deuil de son fils Mathias disparu à l’âge de 19 ans, il explique :

Ces textes font partie de mon temps de deuil et d'espérance. Je n'ai pu tenir jusqu'à présent que par la pensée d'une présence, d'un visage, d'une lumière, émergeant de l'obscure absence. J'ai toujours eu en face des jours terribles, semblables à un séisme, la voix réparatrice de la poésie: Jose Angel Valente, Paul Celan quelques autres, ont été en quelque sorte les antennes de mon rassemblement, de ma rédemption quotidienne, parce qu'ils ont, particulièrement, touché le mystère et le naufrage de la parole, pour en faire surgir de la lumière, cette même lumière que le peintre Pierre Soulages fait surgir de la matière noire. Le fait que ces textes aient été rassemblés, en ce moment de Pâques est loin d'être un hasard (la poésie ignore le hasard, elle ne reconnait que l'évidence): exode et résurrection sont les fils de lumière qui rendent mon fils présent à ma pensée et à mon amour.

 

Poèmes extraits de « L’arbre lumière » :

 

A retourner au silence

le chemin nous enveloppe de ses arbres

de pensées,

car tout est manifeste

sous la brûlure

du feuillage.

C’est un éveil qui épelle

nos peaux en graines,

par-dessus l’épaule

muette des rêves,

l’aile pousse sous le duvet

de l’ange.

A serrer l’enfant on apprend le geste

du ciel,

or l’aimé et l’enfant ne font qu’un

pour être au monde et nous réconcilier

au destin.

On ne sort pas de l’ombre

à rebours de la lumière,

mais rejoindre au bord du ciel rouge

le clair de l’amour.

Après le silence de l’hiver

et les haltes,

qu’il nous refonde à la lumière.

dans le soin de la terre.

***

Etroite la terre

se déroule entre

tes mains tendues

comme les branches

de l’air

nous tombons

parce que nous sommes

plus lourds que

la poussière

dans la courbe des mots

nos racines sont

des routes et des mains

où se hausse le visage

de la parole.

***

 

Car ici depuis

le tendre et terrible

accolement

de l’ange

vers nous se tend

et s’irise

comme un départ de feu

l’éveilleuse de signes

elle saisit l’âme

et la met dans tes yeux

ils fleurissent en feu

comme un chant d’oiseau

mesure la profondeur

du ciel.

***

Poèmes de Michel Eckhard-Elial :

 

Etre un arpent

ou une nuée de rêve

insituable de l'origine.

Alain Suied

 

Parce qu'ici est peu et trop

me reconnaîtras tu

sous le feuillage

des paroles

au bord de l'existence

une tige unique

quand le bonheur

tombe

Ecrire

pour laisser la lumière allumée

au dessus de l'ombre

du chant le plus fidèle

poursuivre

entre

les séismes et les élans de joie

tant de ruines tant de roses

au cadastre

des ciels et des os

touchent la prière

et l'incendie

d'où me vient la tendresse du monde

quand je fleuris et me défeuille

quand le poème brûle

j'ai la ferveur d'aimer

****

Sous la couronne du temps

le printemps se défeuille

Nos vies se vivent

et s’essoufflent

aux confins obscurs

Pourtant dans le jardin

le cœur de l’arbre

porte le nom de l’aimée

la pierre la main de l’étincelle

Blancheur du désert glacée

dans le sang de la ville : quel air respirer

sous la peau de l’inaccompli

rayon de lune

Je serai où tu seras

un bourgeon détaché du vide

par amour de la lumière

Nous continuerons de fleurir

pour réparer

le nom du monde

***

Clartés

Noces chimiques de

La lumière noire

Intérieure

 

Aucun rayon ne transperce

les noces chimiques de

la lumière intérieure

elle reste

silencieuse et noire

 

Sous l’écorce

la nuit partout

les mains battant

le secret du mot

d’amour et les corolles

d’alphabet

égrené comme un commencement

du monde

 

J’ai posé la lumière au sommet

de l’ombre

pour sauver le chemin

et que les yeux puissent encore

habiter

son visage

****

voix comme

une seconde peau

vous enveloppe

toi et mon dieu

une fente dans l'écorce

restée

sans réponse

mille ans de douleur

pour un jour sans voix

le corps doit attendre

sous ses fougères de sable

que se rassemblent les mots

pour ouvrir le temps à la voix

du monde que nul

autre n'entend que toi

***

quel ange

pour libérer la terre

du silence la mer

s'est ouverte devant nous

le printemps hâte

l'avenir des mots

déroulé le rouleau

de l'espérance

il devient une colonne de sel

au secret

devant ton visage

j'ouvre le livre

où tout s'écrit

mon amour n'a besoin

de signes ni de fêtes

pour sortir à

la lumière du

monde

le ciel reste

à la hauteur du monde

un arbre

portant fruit

ici

devant le signe

nous retournons à l'écorce

de lumière

une première peau

nous rejoint presque

le souffle

au bout du corps

prend feu

****

Prière

rassasié de silence

le désir en dedans

dit le désir

du dehors

il appelle d'autres lèvres

un autre codeur

à mettre du sens

dans le corps

à le rapprocher du temps

l'échelle du ciel posée

contre ton oreille

****

Votre main suffirait à me donner la nostalgie de la présence :

fenêtre à ouvrir outre ciel.

La lumière sur le marbre du temps, étincelante et dispersée, se

rassemble dans une main, ouverte sur les directions essentielles :

ligne de cœur, ligne de vie.

Le monde est un territoire enclos dans la peau, fleur et fibres.

Et le temps commence là où il disparaît.

Vers cela, en dedans, pointe le jour

***

Avec Ronny Someck, Michel Eckhard-Elial publie chacun rédigeant une partie : « La poésie n’est pas une métaphore » aux éditions Levant.

Extrait :

 

La poésie est le plus court chemin de l’homme au monde,

Alain Suied

 

Habitée par le monde la poésie n’est pas une métaphore filée

dans l’antre des dieux et des astres. La poésie ne dit rien que ce

qui pousse en elle, comme l’arbre de vie, de ces racines qui ont la

nostalgie du ciel et la force tellurique des volcans en gésine sous la

langue.

Elle signe cette vérité du Livre de la Création que le monde

a été créé dans une parole. Bereshit, in principio, Elohim n’a pas

simplement créé, il a dit. Et si le monde a été créé par la parole, la

poésie a été créée dans les fragments d’une parole une et nue, à la

fois intime et universelle.

En d’autres termes, dans le poème c’est l’esprit de Dieu qui

plane et souffle dans chacun de ses vers. Le poème devient ainsi

le signe de ralliement du temps et de l’espace à la mémoire du

commencement renouvelé. C’est dans cette lumière de l’origine

désormais, qui a la pureté du cristal et de la foudre, que le poème

connaît les déplacements de la vapeur d’eau ou des orages : il sème

la prophétie des matins clairs et habille l’obscurité de fontaines

creusées dans les airs. Que de métaphores s’ouvrent pour transporter

les effusions du chant dans la rotation de la terre et interroger le

mystère de l’esprit et des sentiments, comme autant de méridiens

mûris en l’ultime retour de l’éveil solaire : dans ses mains flambe

l’œil du rêve et la présence au monde de la clarté souveraine.

 

 

 

 

24/12/2024

 

 

 

 

 

murièle_modély

 

 

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Christian Saint-Paul reçoit la poète Murièle Modély.

Voici ce qu’on pouvait lire dans l’éditorial d’octobre 2023 qui faisait suite à l’émission qui lui avait été consacrée le 17 octobre 2023 (toujours accessible) :

L’amour est le chemin d’accès à la connaissance. Et c’est bien cette voie réellement infinie, elle, qu’empruntent depuis l’aube des temps, les artistes assoiffés de connaissance, les poètes en tête.

Dans la mémoire collective des toulousains et, nous l’espérons, dans la mémoire universelle, résonne cette phrase écrite en mai 1940 par le Cardinal Saliège : « Qui n’aime pas, ne comprend pas. C’est l’amour qui donne le sens du divin et de l’humain ».

Muriéle Modely vit à Toulouse où elle exerce le plus beau métier dont peut vouloir un poète, celui de bibliothécaire. Elle perpétue ainsi sans la savoir la tradition toulousaine qui veut que les bibliothèques soient animées par des poètes. Après Pierre Trainar à la Bibliothèque Universitaire et Monique-Lise Cohen à la Bibliothèque du Patrimoine de la Ville de Toulouse, Murièle Modély officie dans cette dernière prestigieuse bibliothèque.

 

Venue de l’île de La Réunion où elle est née à Saint-Denis, elle se fait connaître en publiant dans les revues puis fait paraître des livres de poèmes :

 

Penser maillée (2012) ; Je te vois (2014) ; Tu écris des poèmes (2017)  aux éditions du Cygne, Rester debout au milieu du trottoir, éditions Contre-Ciel (2014), Sur la table, éditions numériques Gazaq (2016) et Feu de tout bois, Délit buissonnier n° 1, tiré à part de la revue Nouveaux Délits (10 €) et Radicelles avec des photographies de Vincent Motard-Avargues, préface de Dominique Boudou, éditions Tarmac (18 €).1 - Feu de tout bois avec des illustrations de Sophie Vissière , Feu de tout bois : une suite de poèmes écrits dans une langue simple et percutante, abordant sans emphase, comme par inadvertance, des constats sociaux, philosophiques, sans concession à la dure réalité de notre monde qu’elle révèle à sa fille :

« à l’instant même où la claque / nous pousse au premier cri / sache qu’à cet instant précis, des doigts invisibles / enfoncent dans notre gorge une gomme », mais ne se lamente pas et ramène à l’essentiel : l’amour

« sache ma douce enfant que je veux tant remplir, que tout s’estompe / l’amour est une éponge qui fait place nette pour d’autres ».

 

Et même si « l’arche n’empêche pas l’engloutissement » elle ne s’abandonne pas au défaitisme : « vivre au fond n’est pas bien compliqué / il suffit de s’en tenir au mot du jour / composer, décomposer, recomposer / une croix après l’autre / l’empilement des faits ».

 

Un souffle bien maîtrisé, une langue sûre qui dessine les contours obscurs et flous de notre monde convenu avec l’habileté de la mère douce qui sait conduire ses enfants sur les bons chemins.

 

Un ensemble de poèmes qui se rangent dans ce que Michel Cosem recherchait dès les années 70, une poésie à « l’imagination créatrice fondée sur le réel ».

Radicelles avec des photographies de Vincent Motard-Avargues, préface de Dominique Boudou, éditions Tarmac, 38 pages, 18 €.

 

C’est un beau livre par sa conception, son papier épais, ses reproductions photographiques d’une haute précision qui flamboient et qui creusent les ombres, tel un soleil qui traverse une journée.

 

Dominique Boudou dès ses premiers mots dans sa préface, prépare le lecteur à ces poèmes qui, s’ils relèvent plus du sensible que de l’intellectuel, sont de redoutables métaphores du monde hostile qu’il faut apprivoiser.

Ses poèmes sont le combat de Murièle Modély.

L’enfance qui la ramène au créole, à son île de La Réunion, à l’histoire douloureuse du peuple de cette terre grosse de magnificence.

Nul ne peut effacer ses racines, fussent-elles des radicelles qui, bien que fines et fragiles s’infiltrent plus sournoisement dans la mémoire.

 

Avec Radicelles, Murièle Modély est parvenue à sa pleine maturité.

Il est certain qu’elle va poursuivre ce ton de l’apogée. Nous sommes heureux de savoir que Toulouse compte parmi ses artistes de l’écriture, la figure de haut-vol de Murièle Modély !

 

à l’intérieur, tu as ce réseau complexe de radicelles

à l’intérieur, il a cette architecture compliquée de racines

et la ligne vous maintient dans cette autoplastie

 

Murièle Modély pratique "une poésie tendue comme un arc", comme elle le dit elle même dans l'entretien à lire sur le site des éditions Contre-Ciel. Il est vrai qu'on est loin ici d'une poésie surannée et gentillette sur l'amour et les petits oiseaux... en même tant qu'on n'est pas du tout du côté de l'expérimental à tout crin qui évacue le fond (autant dire le sens) au profit d'une forme complètement éclatée. 

 

Murièle Modély parvient à développer une écriture tranchante mais en même temps fluide : on lit ses poèmes d'une traite pour rester dans la vague de ses mots. Sa poésie est emprunte d'une grande sensualité. Les cinq sens et les corps sont omniprésents dans ses textes. C'était encore plus le cas avec "Penser maillée", son premier recueil qui explorait son identité réunionnaise. Dans "Rester debout au milieu du trottoir", on croise des couples au prise avec la jungle dans des appartements exigus, des femmes mauvaises, une ancienne fillette rousse qui attrapait des mouches, etc.

L'écriture de Murièle Modély a une poigne d'enfer.

 

Cette poigne d’enfer elle se renforce encore dans sa dernière publication :

« tombée la nuit, jour neuf » suivi de « Rester debout au milieu du trottoir » histoire poétique , éditions az’art atelier collection espartO, 18 €.

Cette suite de poèmes brefs se lit à la façon d’un journal intime. Le lecteur entre dans l’indiscrétion de la pensée au jour le jour de son auteure. Celle-ci se regarde vivre et penser comme à distance, comme si elle se regardait marcher dans la rue et en déduisait les préoccupations du moment observé. Ce dédoublement, qui permet à la poète de dire le monde dans lequel elle évolue, est si fort, que l’usage du pronom impersonnel : « on » est souvent répété ainsi que l’imprécise expression : « parfois ».

La vie triviale n’est jamais exclue dans la création poétique de Murièle Modély. Elle fait partie intégrante de l’objet du poème auquel rien ne saurait échapper. Et c’est précisément cette complicité avec la vie ordinaire, c’est-à-dire la réalité vécue, qui fait la force de sa parole poétique.

 

Extraits :

Le poème est ce bout de chair morte

ce souvenir du commencement

que la mémoire trompeuse tente de ranimer

et on se demande si deux pinces d'inox

en tenaille sur nos tempes

peuvent renouer les fils du passé

 

on se demande

une chose saugrenue remplaçant l'autre

quand surgira le premier rayon de soleil

pour foudroyer la douleur tenace

qui vrille nos tympans

***

Gestion de natures mortes

parfois

les choses parlent

vont et viennent

claquent

les hommes aussi

parfois

vont et viennent

clappent

perches à fruits s'agitant

dans les boucles éparses

des feuilles aux arbres

parfois la chose ou l'homme

de l'autre côté du bureau

assène d'une voix douce ou aigüe

je dois vous secouer de la pointe

de la perche - langue trouble, troublante

vous secouer, trouver l'accroche

la fente où planter les dents

dans l'écorce bosselée, bizarre

bizarre ta pensée, massif

que la perche télescopique

finira bien par décentrer

et la chose - ou est-ce l'homme

insiste : c'est mon rôle

de vous secouer le corps, la tête

prunier docile que tombent

des fruits, des mots

ou des process

que s'écrasent au sol les mirabelles

leur chair saturée de sucre

obérant nos salives

***

La reprise dans ce même livre de « Rester debout au milieu du trottoir » complète bien la vision du monde que nous livre sans ambages Murièle Modély.

Les poèmes se succèdent pour tisser un récit, celui de la vie de personnes désignées ici aussi de façon impersonnelle par « elle » et « il » ou « elles » et « ils ».

Ce sont des scènes de la vie ordinaire dans leur imparable trivialité auxquelles le lecteur assiste avec en musique de fond, cette spiritualité originale, cachée, qui sourd du poème dans une imprégnation ténue celle de l’image induite de ces scènes que les mots façonnent.

Le livre s’achève sur le chef-d’œuvre du poème d’une interrogation à la mère :

[...]

alors quoi maman

pourquoi lui pourquoi moi

pourquoi au creux du torse

pourquoi là sous les fesses

cette idiote faiblesse

pourquoi m’avoir plombé de la vieille valise

de la rage qui monte

comme un serpent tordu entre les jambes

les tiennes

les miennes

[...]

 

A lire sans attendre !

 

 

17/12/2024

 

 

 

 

 

 

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En compagnie de la poétesse Murièle Modely, Christian Saint-Paul s’entretient avec le poète Pierre Maubé qui réside à Saint-Gaudens dans la Haute-Garonne.

Né en 1962 dans une famille italienne, après des études d’Histoire à Toulouse et à Paris, et plusieurs postes en bibliothèque dans la région parisienne, il regagne sa ville de Saint-Gaudens où il est actuellement chargé de mission pour les services culturels.

Il est aujourd’hui l’auteur de nombreuses publications dont :

 

Nulle part, éditions Jacques André, préface de Claudine Bohi, (première édition : revue-éditions Friches – Cahiers de Poésie verte, Haute-Vienne, 2006).

Incapable, éditions Les Cahiers des Passerelles, Clermont-Ferrand.

Étrange suivi de Onze kaddishim pour Rose, éditions Lieux-Dits, Strasbourg, collection Les Cahiers du Loup bleu, 2020.

La peau de l'ours, préface de Michel Baglin, éditions Au Pont 9, Paris, 2018.

Vivre de faim, éditions numériques Recours au Poème, 2015.

Sel du temps, encres de Maria Desmée, réédité par les éditions Mazette, Yvelines, en 2012 (première édition : éditions Fer de chances, Yvelines, 2002).

Le dernier loup, préface de Bruno Doucey, éditions Bérénice, Paris, 2010.

Psaume des mousses, éditions Éclats d’encre, Le-Mesnil-le-Roi, Yvelines, 2007.

La dernière pluie, préface de Cécile Oumhani, éditions Poésie sur Seine, Saint-Cloud, 1996.

Pure perte, présentation de Christian Bulting, éditions Le Petit Véhicule, Nantes, 1986.

 

Le 28 février 2019, il était venu présenter «La peau de l'ours », préface de Michel Baglin, éditions Au Pont 9. L’émission est toujours accessible sur ce site.

Il avait alors rappelé cette phrase de Victor Hugo : « Chaque homme dans sa nuit recherche la lumière ». La peau est lourde de symbole car, à la fois, elle sépare et unit le monde extérieur et le monde intérieur. C’est donc en même temps une frontière et un interface. Ce qui est aussi la finalité du poème.

Pour Pierre Maubé, nous vivons dans la contradiction et le conflit alors que nous voulons l’échange, la rencontre, la communication. Le poème autorise cette volte-face vers une réalité plus idéale.

En 2024, Pierre Maubé a publié « Mémorable, dix poèmes » dans la revue Alkémie de littérature et philosophie, n° 33, diffusée par les Classiques Garnier.

Ces poèmes d’époque fort différentes reflètent cette volonté du poète de dire l’intime, allié à la communion.

 

Extrait de « La peau de l’ours » :

 

Une fois de plus

a mordu

le chien enragé

qui depuis 3000 ans

poursuit

le Peuple.

 

Peuple dont j’ignore

s’il fut à l’origine

Elu,

 

mais dont je sais

qu’aujourd’hui

il l’est,

 

car jamais sur Terre

depuis 3000 ans

n’a autant souffert.

 

A tel point

que ce peuple porte maintenant

dans ses mains sanglantes

toute l’humaine condition. 

 

 
 

10/12/2024

 
 
 
 
 

Capitaine Slam

alias

Thierry Toulze

 
 
 
 

 

 

Signalement de :

"Des ailes pour l'Ukraine"

de Jean Lavoué 

éd. L'enfance des arbres, 9 €

Les bénéfices de la vente de ce recueil seront reversés

à des associations humanitaires qui portent 

assistance au peuple ukrainien dans sa tragédie.

***

la revue "Des Pays Habitables" n° 5

 dirigée par Joël Cornuault, 14 €, 

achat en librairie ou 

sur le site www.pierre-mainard-editions.com

***

du roman de Michel Cosem

"La mélopée du rouge gorge"

éditions Tertium, 190 p, 22 €

***

Emission consacrée à 

Capitaine Slam

alias Thierry Toulze

entretien et lecture de poèmes

autour d'un prochaine publication

"L'Observatoire de Toulouse"

 

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