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Thierry-Pierre Clément
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Christian Saint-Paul retrouve le poète belge Thierry-Pierre Clément qui vit à Bruxelles, a publié une dizaine de livres, essentiellement de poèmes, ainsi que des essais et articles dans diverses revues. L’émission « les poètes » avait présenté « Approche de l’aube » préface de Jean-Pierre Lemaire aux éditions Ad Solem. Cette fois-ci, il commente son essai : « Poésie fenêtre ouverte » préface de Myriam Watthee-Delmotte aux éditions Samsa, 175 pages, 22 €.
Cet essai qui regroupe sept parties distinctes, fait partie des écrits les plus pertinents par la clarté du style et de l’argumentation, publiés sur cet épineux sujet de dire ce que peut être la poésie, à ce jour. C’est dire à quel point il faut le lire !
Thierry-Pierre Clément a publié (bibliographie sélective) :
Électrolation (poésie), Saint-Germain-des-Prés, Paris, 1979. Torrent (poésie), Saint-Germain-des-Prés, Paris, 1980. Le laurier-rose (poésie), avant-propos de Marcel Hennart, chez l’auteur, 1988. Furnes et la montgolfière (roman), Snark, Bruxelles, 1992 (prix Hubert Krains 1990). Fragments d’un cercle (poésie), Le Non-Dit, Bruxelles, 2010. Ta seule fontaine est la mer (poésie), préface de Pierre Dhainaut, À Bouche perdue – Maison internationale de la poésie, Bruxelles, 2013 (prix Emma Martin 2014). Approche de l’aube (poésie), préface de Jean-Pierre Lemaire, Ad Solem, Paris, 2018 (prix Aliénor 2018). Poésie fenêtre ouverte (essai), préface de Myriam Watthee-Delmotte, Samsa, Bruxelles, 2024. En chemin avec Kenneth White (collectif, sous la direction de Laurent Margantin et Goulven Le Brech), Tarmac, Nancy (à paraître en janvier 2025).
Il est présent dans les anthologies suivantes :
Textes à dire, Groupe d’action des écrivains, Bruxelles, 1983. Trente ans de poésie contemporaine, Jean Grassin, Paris-Carnac, 1988. Veurne, uitgelezen stad, De Klaproos, Furnes, 1993. Guillaume, Guillaume…il y a 75 ans Guillaume Apollinaire, Tétras Lyre, Ayeneux, 1993. Piqués des vers, 300 coups de cœur poétiques, collection Espace Nord n° 300, Renaissance du Livre, Bruxelles, 2010. La poésie française de Belgique – Une lecture parmi d’autres, Recours au poème (édition numérique), 2015. La Belgique francophone et quelques-uns de ses poètes, dossier du Journal des poètes n° 4/2021. Une poésie de vingt ans – Anthologie de la poésie en Belgique francophone (2000-2020), collection Espace Nord n° 394, Les Impressions Nouvelles, Bruxelles, 2022. Poètes du monde, lectures choisies de Pierre Tanguy, Les Éditions Sauvages, Quimper, 2024. Thierry-Pierre Clément
Extraits de Poésie fenêtre ouverte
Extrait de : Manifeste pour un monde nouveau
1992. Cinq siècles se sont écoulés depuis la « découverte » de Colomb. Un anniversaire, certes. Mais que fêter ? L’apport et l’extension de la civilisation européenne ? L’accroissement prodigieux de notre richesse ? Le triomphe de nos valeurs ? Quelles valeurs ? L’apport de la civilisation européenne s’est traduit par des épidémies et des massacres. Son extension repose, rien qu’en Amérique du Nord, sur la disparition de 97% de ses premiers habitants ! Erreurs du passé ? Elles se perpétuent, de nos jours, en Amazonie. L’accroissement de notre richesse ? Non contents d’affamer les Amérindiens (ceux qui restaient encore…), nous avons épuisé leur terre, détruit les équilibres naturels. Nous continuons d’ailleurs, à un rythme toujours croissant, partout dans le monde. Il suffit de savoir que, chaque année, nous déboisons l’équivalent de la superficie de l’Autriche. Exploitation des ressources naturelles ; exploitation des ressources humaines aussi. Que nous sachions, encore, que 16% de la population du monde contrôlent plus de 65% de ses ressources. Non, l’esclavagisme n’a pas disparu ! À leur tour, même les habitants privilégiés (mais aveuglés) de l’Occident post-industriel ne sont pas épargnés : sous couvert de la liberté de parole et de l’abondance des biens de consommation, ils sont l’objet d’une exploitation non moins épouvantable : le rythme, les conditions et les motivations de leur existence quotidienne, diamétralement opposés à l’harmonie naturelle, les poussent vers une aliénation insidieuse, croissante et profonde. Mais l’argent et la télévision assoupissent les consciences : on meurt, à petit feu, confortablement. Notre richesse repose donc sur l’esclavage de la Terre, du Tiers-Monde et de nos consciences. Quelles valeurs ?... […] 1492-1992. Nous refusons de participer à la fête. Nous refusons de nous joindre au festin. Nous refusons de souffler les bougies de ce gâteau. Nous, poètes, et filles et fils de la Terre, désirons que ce funeste anniversaire soit l’occasion de partir à la découverte d’un Monde Nouveau : celui de l’harmonie avec soi-même, avec les autres et avec la Terre qui nous porte.
Extrait de : Le grand chant du monde ou dépasser l’humanisme (à propos de Kenneth White et la géopoétique)
[Kenneth White] ne cesse de faire appel à des poètes, des écrivains, des penseurs de toutes les époques et de tous les continents, de sorte que finit par apparaître aux yeux du lecteur un immense réseau de relations, la trame infinie d’un énorme effort collectif, le chant multiple et unifié de voix innombrables : la voilà, la véritable Histoire humaine ! Aussi bien, là où Thoreau sentait une nécessité, là où Snyder a tenté des pratiques sur le terrain, Kenneth White fonde une « poétique du monde ». C’est-à-dire que la nécessité (d’une reprise de contact avec le monde), les pratiques et la pensée qui en découle trouvent aujourd’hui, à travers le travail de White, une articulation, une forme, un langage. Nous touchons là aux structures mentales, aux niveaux de conscience.
Extrait de : La relation, par tous les sens (essai sur l’œuvre de Jean Dumortier)
« Vivre en poésie », écrit Colette Nys-Mazure – et ses mots me paraissent taillés sur mesure pour Jean Dumortier – « ce serait contempler, interroger tout visage, chaque paysage, n’importe quel objet : au lieu d’habiter le monde en étranger, tenter de l’apprivoiser, de reconnaître la connivence qui nous unit à l’univers. De l’étonnement à l’émerveillement, mais aussi à la rébellion contre tout ce qui réduit, obscurcit la splendeur de l’être. Une présence, une attention qui, loin de renier le réel ou de s’y soustraire, souhaite le recevoir dans sa mystérieuse épaisseur, le célébrer aussi. »1 L’écrivain Kenneth White définit un auteur comme « celui qui augmente la sensation de vie ». Jean Dumortier augmente certainement notre sensation de vie.
Extrait de : Cendrars : la Prose du Transsibérien ou le voyage vers l’origine
Et puis, il y a cette lancinante question de Jehanne de France au narrateur, qui ponctue le voyage poétique : « Dis, Blaise, sommes-nous bien loin de Montmartre ? ». Le surgissement régulier de ce leitmotiv constitue en soi un élément rythmique évident. La question de Jehanne semble trancher le flux du poème à six reprises, au cœur même de celui-ci ; en réalité elle le noue, elle tisse ensemble les morceaux épars. Sa récurrence, pareille à celle d’un thème musical, indique toute l’importance que Cendrars lui accorde. [...] Cette question lancinante qu’elle lui pose tout au long du poème (« Dis, Blaise, sommes-nous bien loin de Montmartre ? ») pourrait peut-être être reformulée ainsi : « ce voyage emprunte-t-il bien le chemin rêvé du monde nouveau ? ». Davantage que la nostalgie d’un lieu ancien que l’on a quitté, je perçois dans cette question de Jehanne de France l’espérance, peut-être inquiète et douloureuse, d’un espace nouveau, qui reste à découvrir.
Extrait de : Jean-Pierre Lemaire ou la frontière traversée
En exergue à sa magnifique préface au Pays derrière les larmes, Jean Marc Sourdillon cite ces deux vers de Jean-Pierre Lemaire tirés d’un poème de « La rivière et la route »2 :
Il parle avec cette douceur des étrangers qui ont passé la frontière à l’aube
Ces vers pourraient parfaitement s’appliquer à notre poète : on dirait qu’il revient d’un pays situé de l’autre côté d’une frontière, frontière qu’il passe avec aisance (il n’éprouve aucune difficulté à vivre dans le « pays commun ») après avoir traversé la nuit – car il a certes connu l’épreuve, lisible en filigrane dans plusieurs poèmes.
Extrait de : La naissance continuée de Jean Marc Sourdillon
« […] la poésie comme langue de l’espérance est la seule réponse sérieuse à l’intérieur du désespoir. On ne cherche plus à atteindre l’autre rive dans le bond que nous faisions vers elle mais on se tourne vers l’estuaire, ce qui n’a encore ni figure ni nom pour se dire et qui est plus vaste que nous, on se fonde sur son amour, son imagination et son intuition pour se guider en se laissant porter dans notre appel par l’élan qui nous vient des commencements, de la naissance ou de ce qui la précède, et qui a dans la mélodie du poème sa plus fidèle expression. »
Extrait de : Hors les murs, par-delà les mots. Pour quoi la poésie ?
On ne sait pas pourquoi l’on aime.
Une lumière nous atteint, nous donnons notre accord. Nous ne pouvons déchiffrer, mais nous livrons passage.
Nous ne sommes pas aveugles. Nous voyons plus loin.
Que l’on me pardonne de citer ici l’un de mes propres poèmes3. Mais il me semble que ce qu’il exprime pourrait parfaitement s’appliquer à la poésie. En effet, qu’est-ce que la poésie, sinon cette sorte de lumière venue on ne sait d’où et qui échappe à toute tentative de définition ? La poésie, je ne sais pas ce que c’est ; ou plutôt, c’est ce que je ne sais pas. Cette lumière vient de plus loin que nous et conduit au-delà de nous. Nous ne la refusons pas. Nous permettons que cette lumière entre en nous, elle nous appelle et nous commençons à marcher avec elle. Elle explore des espaces inconnus. […] « Je suis seulement l’ouvreur de fenêtres, le vent entrera après tout seul. », écrivait Jean Giono. Aucun mot ne dépeint mieux comment je me situe face à l’acte poétique. La poésie est comme le vent, elle se joue de toute définition, elle n’accepte pas d’être enfermée, elle est absolument libre. Elle souffle où elle veut et quand elle veut. Nous devons juste ouvrir les fenêtres de notre maison si nous voulons la laisser entrer. « C’est le feu qui décide », écrit Christian Bobin, « le feu de l’esprit, et il passe où il veut. » *** Thierry-Pierre Clément
Quelques poèmes
Cinq poèmes extraits de Ta seule fontaine est la mer
Te voici dénudé, au bord de l’infini, herbe assoiffée pourfendue par l’éclair.
Incomblé tu demeures. La vague délivrera-t-elle une voix d’une autre rive ? *
Comment dire la lumière au tréfonds de l’obscur, au cœur même du manque ce qui t’emplit tout entier ?
Enfermé dans l’enfer, comment dire l’infini et le silence ébloui dans le tonnerre des vagues ?
* On ne sait pas pourquoi l’on aime.
Une lumière nous atteint, nous donnons notre accord.
Nous ne pouvons déchiffrer, mais nous livrons passage.
Nous ne sommes pas aveugles. Nous voyons plus loin.
*
Pour mon fils Arnaud
L’oiseau reste invisible mais le chant dit l’oiseau
comme le chemin dit la mer
que nous ne voyons pas encore.
* Ta soif…
Aucune joie ne peut ici l’étancher.
Ton esprit déchiré, ouvert au grand large, est une vasque d’eau claire.
Ta seule fontaine est la mer. L’écume et le sable te le chantent à l’oreille,
et le vent.
Sept poèmes extraits d’Approche de l’aube
La présence
assis sur la pierre au flanc de la montagne absolu silence
le murmure seul d’un insecte ou du vent le flux de ton sang
seul au monde
tout au monde
* L’appel
À Thierry Renauld
pourquoi avoir quitté ce chemin où tu marchais d’un pas tranquille ? pourquoi soudain cette impulsion pour prendre de côté l’allée vers l’inconnu inondée de soleil ?
un appel seulement un appel et ton obéissance aux courants de lumière
* L’ignorance
papillon fou entre lampes et fenêtres affamé d’espace
tu ne vois pas la porte ouverte sur le jardin
* La musique
chant de la grive
même le merle écoute
*
arpentant cette plage le long du flux et du reflux
tu suis la ligne d’écume entre le sable et le sel le palpable et l’inconnu
tu foules l’imperceptible crête entre le temps et l’éternel
où donc ta certitude ?
dans ce que tu crois tenir ou dans ce qui sans cesse t’appelle et te fuit ?
* nous avons tout perdu il ne nous reste rien que la nuit et les questions sans réponse
pourtant quelque chose a changé quelque chose d’imperceptible que nous ne comprenons pas que nous ne pouvons définir
qu’est-il arrivé au monde ? qu’est-ce qui remue dans notre cœur ?
nous avons beau chercher interroger le ciel et les plis des nuages nous percevons bien quelque chose mais nous ne voyons rien nous ne comprenons rien
levons-nous, alors, et allons le regard au-devant de nous obéissant à l’inépuisable sang des arbres et des chemins
traçant de la main le geste qui dit oui oui au vent à la parole
* ainsi nous remontons jusqu’à la source la main ouverte qui se déploie en mille et une rivières
nous tenons tous au creux de cette paume éternel bourgeon à éclore sur le monde fleur invisible
le feu nous rassemble entre ses doigts ce feu qui ne nous consume pas il est la sève, le vent et notre argile
ainsi sur le sel de nos larmes le sang de nos guerres et le sable de nos désirs se lève l’aube sans fin de la lumière dévoilée
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Capitaine Slam alias Thierry Toulze
Jean-Claude Solana, Christian Saint-Paul, Capitaine Slam
Jean-Claude Solana, Capitaine Slam
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Invités : Jean-Claude Solana et Capitaine Slam
Ces deux poètes poursuivent leur échange de la semaine précédente, autour de l’art - Jean-Claude Solana homme de spectacle et de rencontre organisant des événements où les arts musicaux, plastiques et littéraires se répondent -, de la poésie et de la ville de Toulouse. Lecture d’extraits de : « les dames de la carte du ciel » éditions Interstices, 63 p, 15 €.
Capitaine Slam et Jean-Claude Solana : deux poètes que vous pouvez croiser dans les rues de Toulouse et qui dans le futur feront partie des personnages marquant les promenades littéraires de la cité rose. |
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Capitaine Slam alias Thierry Toulze
Jean-Claude Solana, Christian Saint-Paul, Capitaine Slam
Jean-Claude Solana, Capitaine Slam
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Jean-Claude Solana, écrivain, poète, homme de spectacle, Capitaine Slam, alias Thierry Toulze, slameur, poète, homme de spectacle, et par téléphone Méryl Marchetti, poète, homme de spectacle. À travers le Groupe français d'éducation nouvelle auquel participa Michel Cosem, et le festival d’Uzeste, il a rejoint très vite la Ligne Imaginot. Il pratique l'improvisation poétique avec des musiciens et des formes d’art plastique. Son œuvre a été publiée à Encres Vives et aux éditions Solicendristes.
Les trois invités se livrent à un long entretien au sujet de l’œuvre de Jean-Claude Solana ; ce dernier dit un long poème « J’ai vu des oiseaux voler à l’envers » ayant pour cadre la catastrophe AZF du 21 septembre 2001 à Toulouse, puis des extraits de son dernier livre : « les dames de la carte du ciel » postface de Méryl Marchetti, paru en 2019 aux éditions Interstices, 64 pages, 15 €. Capitaine Slam dit également quelques poèmes de lui.
Voici ce que répond Jean-Claude Solana à une interview sur litteraire.com :
« Je suis né à Condom, Gers. J’ai vécu à Lagor puis à Mont, Pyrénées Atlantiques, ai atterri à Lourdes, puis suis venu en fac de psychologie à Toulouse. J’ai vécu à Madrid, Séville, puis retour au bercail. Je suis d’ici, mais pas que. Le paysage urbain est un des thèmes de Les dames de la carte du ciel. Sinon je voulais savoir si des fragments de vie donnaient un récit. Camper le quotidien à divers moments, lors de différentes rencontres, relever des noms, s’en approcher, essayer de cerner mon histoire, dans la ville qui m’occupe depuis pas mal de temps. » *** Toulouse est au centre des textes de Jean-Claude Solana. Son poème dit à l’antenne est un poème lyrique destiné à l’oralité, imprégné d’un vécu dont il a compris la nécessité de devoir le partager, le titre venant de la parole même d’un passant rencontré ce jour de drame et qui avait vu réellement les oiseaux soufflés par l’explosion de l’usine AZF voler à l’envers. C’est cela un poète, celui qui appréhende les mots dans la rue et leur redonne une vie démultipliée. Toulouse encore, objet de ce livre baroque, récit qui rebondit d’images en images, de pensées en pensées, d’histoires en histoires, allant du fait divers comme l’accident vu près de la rue d’Assalit (rue du siège de Radio Occitanie) à la grande histoire de Toulouse ou l’autre encore plus vaste, du cosmos. Du lyrisme avec un ton de sincérité rarement égalé chez les poètes. Le plus frappant est cette capacité à l’optimisme, au bonheur du rien, de l’émerveillement d’un livre, d’un tableau, d’un lieu, d’un fait historique ou trivial de cet étonnant poète ressemblant à un Charles Bukowski, mais qui serait sobre, débonnaire et fraternel. Un livre à lire pour Toulouse et pour saluer Jean-Claude Solana !
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Vincent Calvet |
Christian Saint-Paul reçoit le poète Vincent Calvet. Vincent Calvet est né à Carcassonne en 1980, il vit à Toulouse. Études de Lettres Modernes. Poète, auteur, illustrateur, instituteur spécialisé, il anime des ateliers d’écriture avec des adolescents handicapés. Publie dans plusieurs revues, participe à des festivals en France et à l’étranger, Russie, Tunisie. Il est traduit en arabe, espagnol et russe.Fonde en 2010, avec Paul Sanda la revue Mange Monde, et en 2020 la revue Septième sens, mêlant ésotérisme, poésie et spiritualité. Il dirige actuellement la revue Sémaphore (Bruno Geneste, Maison de poésie de Quimperlé). Sa poésie est couronnée en 2005 par le Grand Prix de la Ville de Béziers, en 2007 par le Prix de la Vocation de la fondation Marcel Bleustein-Blanchet et du Printemps des poètes pour La Haute Folie des mers, Cheyne. Au cours de l’entretien sont évoqués et lus des extraits des ouvrages de l’auteur, dont : De cendre et d'écume, une ville poésie Editeur La rumeur libre, 208 p, 18 €
Voici ce que nous pouvons lire sur la 4ème de couverture :
Un jour je partirai vers des contrées altières des civilisations nouvelles des forêts vierges des déserts inhabités Je prendrai mon bâton de mots mes sandales de vent mon sac à dos de désirs ma gourde d’espérance Je partirai vers des lointains des hollandes vers des rivages des terres promises J’emprunterai des chemins de traverse des sentiers zigzaguant des drailles très anciennes des canaux incandescents Je partirai sans me retourner vers les écrans & la Ville laissant les hordes de sauvages
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Paulina Kamakine
Paulina Kamakine Gérard Zuchetto Franc Bardou photo Guy Bernot
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Christian Saint-Paul reçoit en présence de Svante Svahnström un des animateurs de Tempo Poème à la Maison de l’Occitanie de Toulouse, Paulina Kamakine poète et écrivaine à l’occasion de sa lecture et performance poétique prévue à Toulouse le jeudi 24 octobre 2024 à 19 h 30 à l’Ostal, la Maison de l’Occitanie, 11 rue Malcousinat à Toulouse. Née en 1989 à Toulouse, titulaire d’un master en Sciences Humaines et Sociales, spécialité Stratégies Culturelles, au cours de ses nombreuses années d’études elle a validé des cursus linguistiques en occitan, portugais, italien, espagnol, anglais, russe… autodidacte en allemand et passionnée par la dialectologie, elle s’est également intéressée à de nombreuses langues régionales. Malgré son amour des voyages, ses chemins l’ont sans cesse ramenée vers le Languedoc et la Bigorre, terres familiales au milieu desquelles elle a grandi. Ses écrits puisent leur essence dans la douceur et la beauté ; empreints de vérité, ils donnent au monde une nouvelle vision, un autre regard sincère sur ce qui fait la Femme, sa force et ses fragilités. Primée à de nombreux concours littéraires à travers les régions de langue d’Oc, ses nouvelles et poèmes illustrent délicatement la vie afin de mettre en lumière chaque lieu de souffrance, d’émerveillement et de réflexion dans lesquels les êtres s’arrêtent un instant, demeurent ou ne passent jamais… mais c’est bien là évidemment, dans les versants de l’existence aujourd’hui trop oubliés, banalisés ou parfois même insoupçonnés, que la vie prend tout son sens ! Au cours de l’entretien avec Christian Saint-Paul l’auteure lit des extraits de ses publications : – Paraulas de Hemnas, tòme 1, Edicions Reclams, 2020 – Anthologie Bilingue de la Poésie Moderne Occitane, illustrations Marie-Ange Lopez – Los Quatrins del Vales, Edicions l’Aucèu, 2021 – Libre – traduction en occitan de l’œuvre de Rainer Maria Rilke, préfacé par le Poète Joan-Ives Casanòva. L’œuvre de Rainer Maria Rilke est pour Paulina une source intarissable de beauté et d’émerveillement : « aquera ondradura occitana tà la poesia rilkeana que’ns brembra lo sens unic de tota poesia, de tot poeta sus tèrra / sous cette parure occitane, la poésie rilkéenne prend son essor vers nos contrées d’oc et nous rappelle le rôle du Poète, le sens unique de toute Poésie. »
AICÍ tot canta la vida d’antan, sens intencion d’escrancar lo deman ; l’òm devina, valents, dins lor fòrça primièra lo cèl e l’aura, la man e lo pan. Es pas un ièr que s’espandís de pertot aturant per sempre aqueles ancians contorns : es la tèrra contenta de son imatge que consent a son jorn primièr.
TOUT ici chante la vie de naguère, non pas dans un sens qui détruit le demain ; on devine, vaillants, dans leur force première le ciel et le vent, et la main et le pain. Ce n’est point un hier qui partout se propage arrêtant à jamais ces anciens contours : c’est la terre contente de son image et qui consent à son premier jour.
- Cantìco dé la ploujo / Cantica de la ploja / Cantique de la pluie
Quan tot e’s torna magia e que’s crea l’esclat Quan la paraula dauança lo rève e lo sentiment Sacrats, sus las ribadas deu Temps, Nosautes Poètas, qu’escotam l’arroeit estremat deu monde E que tornam portar, au ras de la tèrra, La beutat hrèita.
Quand l’éclat se crée et que tout devient magique Quand la parole devance le rêve du sentiment Et s’oblige à prêter serment sur les larges rives du Temps, Nous, Poètes, écoutons passer au loin le monde Et remontons de la surface des choses, L’inutile beauté nécessaire.
- Dànssen lous àrbẹs / Dansent les arbres précédé de Début d’hiver « Tu voyais grandir les mots au loin, ils t’appelaient sur leur chemin, t’empruntaient. Toi qui ne sais plus vivre sans eux, sans leur silence qui neige tout autour. Ils ont bâti tes jours d’une rivière d’infini. Ils sont continent en toi. Les seuls auxquels tu admettes de soumettre la flamme vacillante que la terre a mise en toi. Personne n’en révoquera leur Royaume, ici sur Terre, ton âme y habite le froid et il est rare de l’entr’apercevoir lorsqu’elle marche sous la neige…»
« Qué crechèwon lous mouts aou loùye, qué t’aperàwon s’ou camî, qu’èron Tu. Tu qui né sàbeṣ pas mé bìwẹ chèns éts, chèn silénci à newà. Qu’an bastìt tout à l’entoùr lous toûs dìes dé pats sus tèrro. Ribièro d’infinitàt, qué s’aparàoulo la hàïo tremoulàïro dé la terrò plaçàdo én tu. Reïàoumẹ é Tèrro, la toûo àmno – souléto – y abìto la frét més raramén é-s bét dén la néou… »
- « L’àngel que renais » « L’ange qui renaît » de Franc Bardòu e Paulina Kamakine, Tròba Vox Editions. Davala sus nosautres, ò, lenga anciana saba dels ancians, nòva font d’aiga sempre linda, davala sus nosautres totes, lava mas lagremas fangosas tirassadas sus tant de sègles, per tant d’estelas amorçadas. Balha-me del Trobar la fòrça, l’eternitat de son solelh, per gravar sa pèl sus la miá e d’amor me’n morir dins lo Còr de Maria.
Descends sur nous, ô, notre langue ancienne sève des anciens, nouvelle source d’eau limpide, descends sur nous tous sans faillir, lave-moi des larmes boueuses traînées si longtemps jusqu’ici, par tant d’étoiles déjà mortes. Donne-moi la force des poèmes, l’éternité de leur soleil, pour graver leur peau sur la mienne et en mourir d’amour dans le Cœur de Marie.
Lecture également de poèmes inédits à paraître. Paulina Kamakine illustre avec bonheur la magnificence actuelle de la poésie occitane. Traduite en français, elle est accessible à tous.
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15/10/2024
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Evocation de Charles Juliet (né le 30 septembre 1934 à Corlier (Ain) et mort le 26 juillet 2024 à Lyon) à partir de ses Quatre lettres adressées à l’amie lointaine. « Dans la lumière des saisons » éd. P.O.L 2009, 60 P, 9 €. La présentation de l’éditeur : « Jour de printemps. Il marche dans les vignes, les bois, alors qu’un poème se compose dans sa tête. Ce texte parle de l’avidité de vivre. De l’attente. L’attente de ce qu’aucun mot ne saurait nommer. Nuit d’un été torride. Naguère, un enfant s’était enfoncé dans la forêt à la recherche de trois hêtres immenses. Il ne les avait pas trouvés, mais il avait vécu quelques minutes inoubliables près d’une source. Autre parcours : celui de l’aventure intérieure, avec ses aléas, ses angoisses, ses découvertes, et instamment espérée, ardemment attendue, cette seconde naissance qui permet enfin de consentir à la vie. Journée d’automne et de balade sur les collines dans la douce et déclinante lumière de la saison préférée. Elle fait songer à un autre automne. Celui d’une existence. Celui qu’éclaire et enrichit la plénitude de la maturité. Après-midi d’hiver. La neige. Les oiseaux. Le profond silence. Une totale passivité. Le plus enfoui affleure et la main note. Des instants d’abandon, de lentes dérives. Une parole nue. Celle qui sécrète le murmure de l’intime. »
Charles Juliet écrit page 30 de ce livre : « Je ne suis plus en conflit avec les conditions qui nous sont faites. J’ai enfin compris que nous ne gagnons rien à nous rebeller, que la vie ne se laisse pas forcer, qu’elle ne s’offre qu’aux humbles, à ceux qui ne refusent pas de se soumettre. » Et il poursuit : « Le silence est promesse de vie ». Ces paroles sont mises en perspective des derniers poèmes de Jean-Pierre Siméon (qui fut l’ami et est un grand connaisseur de l’œuvre de Juliet qu’il a publié chez Gallimard), « Avenirs suivi de Le peintre au Coquelicot » (Gallimard 2024, 165 p, 18 €), en particulier avec son poème « Rebelles nous serons » : « Rebelles nous serons à toute réponse / Entre la vie et la question / Il n’y a pas de différence ». *** Hommage aux éditions Po&Psy qui publient inlassablement des poètes du monde entier en édition bilingue et privilégient les poèmes brefs. Sont présentés : Chams Langaroudi « les cendres de l'envol » 15 € Traduit du Persan par Farideh Rava
Chams Langaroudi est l’une des figures les plus importantes de la littérature iranienne contemporaine. Né en 1950 au bord de la mer Caspienne, il vit à Téhéran. Outre de la poésie (15 recueils publiés entre 1976 et 2021), il a publié plusieurs ouvrages sur l’histoire de la poésie moderne en Iran, des monographies consacrées à plusieurs écrivains et un roman. Ce recueil se compose de 68 poèmes de Chams Langaroudi, choisis par l'éditeur à partir d'une sélection de 300 poèmes traduits par Farideh Rava, prélevés dans les 15 recueils publiés par le poète entre 1976 et 2021. Édition bilingue. Avec la reproduction d'une peinture de Valérie Buffetaud. faut-il que je me consume sans un mot jusqu'à me perdre dans les ténèbres jusqu'à devenir une étoile filante ? *** je suis une flèche ardente en vie grâce à mes cendres avec pour seule joie de blesser les ténèbres *** SANTōKA « Paysage d'herbes folles » 15 €Santōka est le nom de plume de Taneda Shōichi (1882-1940), moine itinérant et poète de haïku japonais, connu pour ses haïkus en vers libres. Il a publié sept recueils de poèmes, des journaux intimes et de nombreuses éditions la revue Sambaku qu’il a fondée en 1926.Né dans un village situé à l’extrémité sud-ouest de Honshū, l’île principale du Japon, dans une riche famille de propriétaires terriens, il est élevé par sa grand-mère après le suicide de sa mère, alors qu’il a 11 ans. Dans ses journaux intimes, il attribuera cette tragédie aux débauches de son père, et il y verra l’origine d’une série de catastrophes : l’abandon de ses études de littérature à l’Université, l’échec de son mariage obligé, le suicide de son frère cadet rongé par les dettes, la mort de sa grand-mère, sa difficulté à trouver un travail à Tokyo, la mort de son père... Tout cela vécu dans un état quasi permanent de « dépression nerveuse » (un euphémisme pour des ivresses répétées et sévères) qui l’amènera à plusieurs reprises à tenter de se suicider.En 1911, après quelques travaux de traduction (Tourgueniev, Maupassant), il s’engage dans le mouvement littéraire shinkeikō (litt. « nouvelle tendance ») qui prône le « haïku de forme libre », c’est-à-dire un style qui renonce à la fois à la règle syllabique traditionnelle (5-7-5) et au kigo, le « mot de saison » habituellement requis.En 1924, à la suite d’un suicide évité de justesse, il est amené au temple zen Sōtō Hōon-ji, dont le prêtre l’accueille dans la fraternité zen. La vie zen semble fonctionner pour Santōka : dès l’année suivante, à l’âge de 42 ans, il est ordonné dans la secte Sōtō.A partir de 1926, il alterne de longs voyages à pied et de brefs passages à Kumamoto, où il a installé sa famille, et pendant lesquels il publie des haïku et commence à rédiger une revue de son cru intitulée Sambaku. Puis il reprend la route. Pour survivre, revêtu de sa robe de prêtre et d’un grand chapeau en lanières de bambou appelé kasa, équipé d’un unique bol qu’il utilise à la fois pour demander l’aumône et pour manger, il va de maison en maison pour mendier.En 1932, Santōka s’installe pour un temps dans une masure de la préfecture de Yamaguchi, qu’il nomme « Gochūan » (l’ermitage « Au beau milieu »). Il y vit des contributions de ses amis et admirateurs, de l’argent envoyé par son fils et de ce qu’il pouvait faire pousser dans son jardin.À partir de 1934, alterneront encore voyages à pied, souvent interrompus par la maladie ou la dépression, et séjours au Gochūan. Le 11 octobre 1940, Santōka, à cinquante-sept ans, meurt dans son sommeil.Paysage d'herbes folles, publié en 1936 est le quatrième des 7 volumes de haïkus de forme libre écrits par Santōka entre 1932 et 1940.« Pure expérience », telle est sa conception de la poésie. « Tout ce qui n'est pas réellement présent dans le cœur ne relève pas du haïku ».« Je ne suis rien d’autre qu’un moine mendiant. On ne peut pas dire grand-chose de moi sinon que je suis un pèlerin fou qui passe sa vie à déambuler, comme les plantes aquatiques qui dérivent de rive en rive. Cela peut sembler pitoyable, pourtant je trouve la paix dans cette vie dépouillée et tranquille. »Ainsi se présentait, dans ses journaux intimes, le poète japonais Santōka (1882-1940), connu pour ses haïkus en vers libres. Celui dont une vie chaotique avait fait un moine mendiant s’est employé à exprimer par le haïku une « pure expérience » vécue selon les principes zen d’immédiateté, de simplicité, d’impermanence.Alternant voyages à pied et séjours dans son ermitage, « Gochūan » (« Au beau milieu »), il a laissé sept recueils de haïku. Paysage d’herbes folles, écrit en 1936, est le quatrième.« Il faut supporter la solitude, surmonter sa propre froideur. Il faut creuser profondément pour parvenir à savourer, au fin fond de la solitude, le goût suave de la vie qui suinte. »***Fernando PESSOA « Quatrains au goût populaire »342 p, 22 €Traduit par Danièle Faugeras et Lorena Vita FerreiraIllustré par Inge kresserFernando António Nogueira Pessoa, né le 13 juin 1888 à Lisbonne, est un écrivain, critique, polémiste et poète portugais d'expression trilingue (portugais, anglais et français). Théoricien de la littérature engagée dans une époque troublée par la guerre et les dictatures, inventeur inspiré du sensationnisme, ses vers mystiques et sa prose poétique ont été les principaux agents du surgissement du modernisme au Portugal. Il meurt des suites de son alcoolisme à Lisbonne le 30 novembre 1935." Si, lorsque je serai mort, on veut écrire ma biographie, il n'y a rien de plus simple. Elle n'a que deux dates - celle de ma naissance et celle de ma mort. Entre les deux tous les jours sont à moi. "Présentation de l’éditeur :
"Le pot de fleurs que le peuple met à la fenêtre de son âme » : voilà comment le poète portugais Fernando Pessoa qualifiait la poésie populaire de son pays. Ces pots de fleurs – le plus souvent du basilic ou du romarin, décorés d'œillets et de petits étendards de papier de couleur porteurs d'un poème –, nous les trouvons souvent évoqués dans les présents quatrains, s'affichant sur les fenêtres de Lisbonne comme des gages d'échanges amoureux. Nous voici donc avisés de la thématique majeure de ces 325 petits poèmes écrits entre 1907 et 1935 : l'amour, ses attentes, ses éblouissements et ses peines – les saudades que nous avons / suspendues à notre cœur. Écrivain prolifique, qui s'est exprimé sa vie durant dans des langues, des formes et sous des personnalités extrêmement variées, Pessoa s'inspire ici des cantigas de portugueses ("chansons de portugais"), cette forme issue du fonds commun de l'imaginaire d'un pays très attaché à ses traditions orales.
Cette nouvelle traduction restitue à ces quatrains leurs rythme (octosyllabes), rimes et assonances spécifiques, ainsi que la tonalité "populaire", laquelle se traduit chez Pessoa à la fois par une évocation fréquente des saudades typiquement portugaises, une écriture de la simplicité, avec toujours cette pointe d’humour lucide, parfois railleur, parfois piquant, si caractéristique de la "sagesse populaire".
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08/10/2024
Annie Briet
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Annie Briet Crépuscule de la joie* (Encres Vives, 2024, 6,60 €)
C’est avec un lever de soleil que s’ouvre la lecture du beau recueil de Annie Briet, écrit dans le recueillement nécessaire au travail de deuil. Perte de l’être cher, étincellement de la mémoire en chacun des lieux et temps où l’amour noua les vies, images remontant telles des soleils levés sur l’éternel horizon du premier matin, inexprimable douleur où souvent l’on sent, sous la braise des mots, percer la joie de l’enfant qui s’éveille, ainsi se présente cette suite d’instants que la poète livre dans la plus grande simplicité d’expression au lecteur, qu’elle prend soin, en ce Crépuscule de la joie, d’accueillir dans la prometteuse clarté du jour nouveau :
Le jour d’hiver se lève Les lueurs roses du soleil lissent le ciel derrière les troncs noirs du petit bois de chênes Une bande gris-bleu au-dessus. Ce rose et ce bleu Couleurs de chambres d’enfants pour une vie qui s’éveille
Ici, comme tout au long du recueil, on est avant tout dans la vie, dans la respiration de la vie, telle celle de ce feu dans la cheminée qui accompagne au fil de l’écriture le temps de la mémoire. « Les flammes dans l’âtre / pareilles à des cheveux fous dans le vent / révèlent le bois / Elles puisent en lui / leur force de vie / Elles sont la vie / le mouvement de la vie », le feu à la fois révèle et prend force, l’amour peut-être est bois à la naissance du poème, amour comme flamme lancée vers le monde : « Une flamme prodigieuse s’élançait / de ton cœur vers le blé du monde / la musique de l’espace ». Offrande de cette flamme, peut-être celle de l’écriture, qui tant unissait les vies, à la terre qui fut première inspiratrice. Près de l’âtre, la chatte dans l’attente du retour de celui qui n’est plus : « Elle attend des caresses / des poignées de paroles douces / même quand ma voix / n’est plus qu’un matin de pluie ». On devine la voix de la pluie, l’écoute silencieuse, « ce bruit de source de notre vie / inaudible aux autres ».
La terre, celle des blés, de l’éclosion de l’aujourd’hui, mais aussi celle des pierres, ce qu’elles nous disent, dans leur silence, de la parole ancestrale de l’homme. La poète nous parle des pierres ramassées au cours des voyages faits à deux, puis rapportées à la maison, comme autant de témoignages de l’histoire des terres visitées. « Que peuvent les mots / sur tant d’abîme // Rechercher à nouveau / la pierre / immuable / silencieuse / la seule à posséder / la parole d’origine / la seule à m’apaiser », interroge la poète. Ces pierres, ne sont-elles la part de silence des poèmes écrits sur place, en voyage, dans l’instant de l’ouverture au monde, comme si pierres et poèmes étaient les deux faces d’une même parole, concrétudes des mots et de la pierre mêlés en une même vérité à serrer au creux de sa main ? « Toucher la pierre la porter / c’est tenir l’éternité dans ses paumes / durant notre vie éphémère », peut-être éternité du poème dont à travers la pierre on caresse le silence. Éternité qui est au cœur de la pierre, qui en est comme le noyau, ainsi de ce galet « en forme de cœur », comme la poète aimait tant en ramasser sur la plage pour en consteller sa maison, qui vient à se briser, dévoilant son cœur longuement travaillé par la mer : « L’une d’elles, / il y a peu, / m’a échappé / s’est brisée / au beau milieu // Un cœur noir / une pierre de lave / polie par la mer / pendant des milliers d’années ». Et c’est, relisant ces poèmes d’ici et d’ailleurs, caressant ces pierres, la communion avec celui dont on partagea l’amour de la terre et des mots : « Les doigts de ta main / Les paumes de tes mains / qui ont touché / tant de pierres / tant de livres / écrit tant de pages // devenus cendres // Dans l’âtre / les cendres du bois / douces / comme un ventre d’oiseau // Irréparable blessure ». Et l’on revient au feu, qui dévore le bois sans en effacer la douceur au toucher, le feu qui commet l’irréparable, mais n’éteint jamais l’espoir ; et à l’oiseau, qui en ces poèmes accompagne le rêve : « Et tu n’as cessé / de voguer / avec tes rêves / poussières d’oiseaux ». Le ciel, les oiseaux, le feu, autant d’éléments constituant la cosmogonie de la poète, en qui s’affrontent (ou se joignent ?) douleur de la perte, disant l’éphémère d’une vie d’homme, et émerveillement face à la nature, en perpétuelle renaissance.
Il y a dans la poésie de Annie Briet une grande retenue, une pureté d’expression et de sentiment qui donne aux mots à la fois transparence et profondeur. Les mots, dans cette mise à nu de la parole, prennent véritablement pouvoir de recréation, on nait à proprement parler des mots, comme devant cette forêt couverte de neige dont on fait poème :
Nous aimions tout autant la neige La lente chute des flocons La longue lente descente du ciel sur la terre L’enivrement de la première neige L’enivrement des premières fois Une féerie en forêt Tant de blancheur posée sur l’herbe des prés. Tant de pureté soudain surgie pour se mettre au monde avec les mots
Nul atermoiement dans l’expression de la douleur, des mots forts nourris du bois fort de l’amour de la vie : « Le ciel coulait de mes yeux / Je marchais / naufragée d’absence / égarée en moi-même / noix sans sa coquille / sans protection, nue / Ce manque infini de toi // Vivre et mourir, c’est la terre / Le temps et son poing de pierre ». La sincérité des mots, la simplicité des images, se conjuguent ici pour offrir ce verbe puissant et délicat qui dit tant de la douleur, mais aussi de la force pour la surmonter. C’est ainsi qu’il faut prendre ce recueil, comme une leçon de vie. Le poème se clôt par une reprise d’éléments des premier et deuxième poèmes, avec cette strophe placée en fin de recueil :
Matin du monde baigné de poésie par les oiseaux Leur écriture dans le ciel Leur silence l’hiver Splendeur chaque jour renouvelée éphémère, éternelle
Le cycle est achevé. C’est ainsi, entre l’aube et le matin, que s’inscrit ce Crépuscule de la joie, qui en est aussi, en quelque sorte, l’avènement dans le jeu incessant de l’éphémère et de l’éternel. Un très beau recueil, à la fois de deuil et d’espoir, que nous offre là Annie Briet, dans une langue simple et lumineuse, sans fioriture, disant l’immédiate beauté du monde.
* Pour commander le recueil, contacter l’éditeur à l’adresse encres.vives34@gmail.com ©Éric Chassefière « Annie Briet » Note de lecture de Éric Chassefière Francopolis, Été 2024 |
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01/10/2024
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Christian Saint-Paul s’entretient avec Joël Vernet auteur familier des auditeurs de « Les poètes » au sujet de son dernier livre :Joël VernetJournal d’un contemplateurIllustrations de Vincent Bebert 80 pages ‒ 18 € Joël Vernet est né en Margeride dans un petit village aux confins de la Haute-Loire et de la Lozère. Dès les années 75, il entreprend plusieurs voyages qui le conduiront aux quatre coins du monde. Son écriture rend justice aux joies sans artifices du quotidien, à la magie du minuscule et du lointain, toujours prétexte à aborder des émotions qui nous dépassent. En 2021, il remporte le prix de poésie Heredia de l’Académie française pour L’oubli est une tache dans le ciel, recueil en proses. *** Il y a une joie profonde à lire tout livre de Joël Vernet. Le « Journal d’un contemplateur » agrandit encore la plénitude qui envahit le lecteur quand il termine une œuvre de ce poète qui ne cesse d’ouvrir nos yeux sur la beauté du monde. Et cette beauté, il la découvre partout dans le monde, unique en chaque lieu de passage et multiple par ses ressemblances. Si son dernier livre répond à son serment de « chanter avec la lumière la gloire du monde », il est aussi une introspection de ce qui a motivé une vie faite de voyages, de rencontres et d’écriture. Sans l’avoir vraiment voulu, il obéit à l’injonction de Rimbaud pour lequel « la première étude de l’homme qui veut être poète est sa propre connaissance entière ». C’est le regard ébloui sur le monde qui lui révèle sa destinée : écrire cette beauté et par ricochet, donner à la vie la lumière. « Ecrire c’est vivre les choses et les vivre, c’est aussi les inventer ». Ce Journal est le journal de cette écriture, de ce « travail de fou » dont la récompense est l’étonnement. Dans cette quête de l’étonnement et dans sa célébration de la beauté du monde, Joël Vernet ne s’écarte jamais d’une narration mesurée, à hauteur d’homme, immédiatement ressentie par le lecteur comme familière. Il règne une humilité au sens le plus noble du terme dans l’écriture de ce Journal. Une humilité portée par une langue somptueuse, précise, alerte. Une langue claire comme les idées que les pérégrinations de la vie du poète voyageur ont engendrées pour être saisies par l’écriture. Pour cela, il faut être habité par la passion de l’incertitude. Rien d’étonnant alors qu’il rejette les fanfarons et les beaux parleurs. Son moteur à lui, c’est plutôt la douceur : « seule la douceur invente » affirme-t-il. Cette douceur qu’il porte sur les êtres le conduit à une forme de salut qu’il reconnaît : « Le visage de l’Autre m’a sauvé ». Terrifié par « les voix aboyantes d’aujourd’hui », il ne craint pas la nostalgie qu’il vit comme « un pont vers l’avenir ». Et cette nostalgie s’empare avec émotion du lecteur lorsque Joël Vernet évoque la vie ordinaire, et héroïque dans son altruisme, de sa mère, veuve, rivée à la tâche domestique d’élever ses six enfants dans un petit village de montagne. Nostalgie aussi de l’effondrement d’une langue autrefois parlée dans ce pays et qui n’est autre que l’occitan, effondrement qui est aussi effondrement de toute une vie perdue à jamais. L’amour de l’auteur pour sa mère, son père, ses regrets de n’avoir su le montrer quand il aurait fallu, s’étend, par le miracle de la beauté renouvelée du monde, à cet amour de l’Autre qui se discerne dans le silence.
Joël Vernet est de ces auteurs rarissimes qui n’ont « en rien cédé à l’époque ». Il faut le lire comme une des grandes voix de ce siècle alors même que disparaissent les voix sœurs de Christian Bobin et de Charles Juliet.
Christian Saint-Paul
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24/09/2024
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Gérard Zuchetto, poète, musicien, compositeur et éditeur (tróba vox éditions) vient parler de son dernier livre paru à ses éditions « l’ultime cantic » « le dernier cantique » Poèmes en occitan avec traductions en français de l’auteur et des photographies de Sandra Hurtado-Rós. Gérard Zuchetto chante les troubadours des XIIème-XIIIème siècles et la lyrique médiévale occitane dont il étudie les œuvres poétiques et musicales dans les manuscrits originaux. Chercheur et compositeur, il puise aux sources du trobar l’originalité de sa propre création et une interprétation de la canso d’hier au plus juste de ses sonorités et de ses émotions. Chanteur et auteur, il publie en 1996 Terre des troubadours, anthologie bilingue commentée et illustrée (Éditions de Paris / Harmonia Mundi : 455 pages avec CD), en 1998 un CDRom du même nom (Éditions de Paris / Studi / Le Seuil) et en 1999 Le livre d’or des troubadours (Éditions de Paris /Harmonia Mundi). En 2017, La Tròba, l’invention lyrique occitane des troubadours XIIe-XIIIe siècles. Anthologie commentée du Trobar(éditions Troba Vox, 2017) 812 pages. Présentation de 110 troubadours et de leurs œuvres, plus de 300 chansons en occitan avec les traductions en français. Il est l’auteur de nombreux CD Albums consacrés aux troubadours. Gérard Zuchetto est également poète. Il a publié plusieurs livres dont L’ultime cantic, 2023 ; Ombras de la lutz, 2022 ; De mots sus la Ròsa dels Vents, 2021 ; Entre lo Zèro e lo Un, 2020 ; Entrebescs e cançons, entrelacs et chansons… en 2013 il reçoit le Prix de l’Académie d’Occitanie, en 2019 à Toulouse le prix Auguste Fourès de l’Académie des Jeux Floraux et, en Italie, le Premio Ostana 2019. Il intervient régulièrement à l’Université de Stanford et à l’UAB de Barcelone dans les domaines de la musicologie et de l’interprétation des chansons du Trobar. Depuis 2019, il est Mainteneur de l’Académie des Jeux Floraux de Toulouse. Ecoutons le Maître ès-jeux de l’Académie des Jeux floraux Franc Bardou sur son confrère Gérard Zuchetto, Mainteneur à la même académie : « Dans ses œuvres poétiques, Gérard Zuchetto explore les chemins de la vie et scrute à l’intérieur des chemins de l’âme humaine. Les deux chemins s’y bousculent, s’y cognent, s’y séparent, s’y joignent et s’y entrelacent, suivant l’aller des mots qui ont leur propre sagesse, reflétant l’anti-hasard dont René Nelli chantait l’évidence discrète. L’auteur marche dans les pas de Raimbaut d’Orange se jouant même des mots qui se jouent de nous, avec clarté dans ce qui est le plus obscur et mystère dans ce qui est le plus clair, suivant un trobar franc et limpide. Poèmes de maturité et de jeunesse tenace s’y enchaînent harmonieusement, pour le plus grand plaisir du lecteur. Franc BARDOU (Lo Gai Saber 2022)
L'ultime cantic - Le dernier cantique est le récit d'une odyssée intérieure au cœur d'un monde qu'il faut abandonner. Prendre un dernier bateau pour un dernier voyage. Le dernier cantique est un poème occitan, en vers, qui s’étire sur une centaine de pages. C’est le grand chant d’adieu au monde d’un poète qui connut les valeurs humanistes dans une société où l’amour et l’amitié étaient au centre des relations humaines. Non sans humour et optimisme, l’auteur déroule au fil des mots qui s’entrelacent, tels les vents dans la voile de son bateau en partance, ses espoirs et ses doutes mêlés à la critique qu’il fait des artifices de la société d’aujourd’hui. Réflexion introspective appuyée au fil des pages par un langage photographique des plus subtils. Gérard Zuchetto présente également : CANTIC tróba vox éditions, Livre-CD , poèmes mis en musique de Max Roqueta, Gérard Zuchetto, Miguel Hernández, Antonio Machado. (En mémoire de Max Rouquette) « Pendant les mois de confinement, Sandra a parcouru les plus belles pages de la poésie de ce que René Nelli et Joë Bousquet définissaient comme étant celle du Génie d’Òc et de l’Homme Méditerranéen, alors que de mon côté j’interrogeais dans mon écriture une situation sordide qui, de façon brutale, nous renvoyait tous aux aléas de notre existence et à la fragilité de nos vies, dans l’ensemble des communautés humaines, inopinément mises en danger et conditionnées par des décisions approximatives, aberrantes, liberticides (…)Et nous voici, mis à nus et solitaires à réinterroger nos destins en écrivant des pages de sensibilité dans notre langage familier, celui de la poésie lyrique, forgé dans une alchimie à la fois douce et acide, notre art musical, choisi comme moyen d’expression pour vivre, de tous les pores de notre corps et tous les neurones, notre manière d’être et pour témoigner, avouons-le, de notre existence en ce monde envers et contre tout. » Livre-CD poèmes en occitan de Gerard Zuchetto et Max Rouquette, et en espagnol de Miguel Hernández et Antonio Machado. Compositions, chant et piano Sandra Hurtado-Ròs. Création pour chant, piano et orchestre de chambre, présentée pour la première fois à Narbonne Salle des Synodes du Palais des Archevêques le 30 avril 2022 au profit de l’association Narbonne-Ukraine, et d’Aude Solidarité à l’initiative de l’association Trob’Art Productions, Gerardo Zuchetto et Sandra Hurtado Ròs. SANDRA HURTADO-RÒS Les études de chant au Conservatoire d’Aix-en-Provence permettent à la chanteuse soprano de découvrir la musique baroque et médiévale, et de faire quelques expériences comme soliste dans le chant choral ou dans la musique contemporaine ("D'une couleur lithique" 1999 de François Rossé) avant de rejoindre Troubadours Art Ensemble dirigé par Gérard Zuchetto. Dans ses interprétations, elle exprime sa passion pour la mélodie, renouant ainsi avec ses racines Sévillanes et le chant profond de son Andalousie natale. Depuis 2019, la chanteuse, pianiste et compositrice, qui a partagé plusieurs fois la scène avec Paco Ibañez, interprète les poètes contemporains liés à son histoire personnelle (celle de l’exil des républicains espagnols et catalans) Miguel Hernández, Federico García-Lorca, Antonio Machado… et celle de poètes occitans qui évoquent l’exil en Méditerranée, Aurelia Lassaque, Alem Surre-Garcia, Franc Bardòu, Gerard Zuchetto… La poésie du grand poète occitan Max Rouquette ne pouvait la laisser indifférente, en 2022 Sandra Hurtado Ròs met sa voix au service de la création poétique occitane dans son nouvel opus CANTIC SINFONIC
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17/09/2024
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Gérard Zuchetto, poète, musicien, compositeur et éditeur (tróba vox éditions) vient parler de son dernier livre paru à ses éditions « l’ultime cantic » « le dernier cantique » Poèmes en occitan avec traductions en français de l’auteur et des photographies de Sandra Hurtado-Rós. Gérard Zuchetto chante les troubadours des XIIème-XIIIème siècles et la lyrique médiévale occitane dont il étudie les œuvres poétiques et musicales dans les manuscrits originaux. Chercheur et compositeur, il puise aux sources du trobar l’originalité de sa propre création et une interprétation de la canso d’hier au plus juste de ses sonorités et de ses émotions. Chanteur et auteur, il publie en 1996 Terre des troubadours, anthologie bilingue commentée et illustrée (Éditions de Paris / Harmonia Mundi : 455 pages avec CD), en 1998 un CDRom du même nom (Éditions de Paris / Studi / Le Seuil) et en 1999 Le livre d’or des troubadours (Éditions de Paris /Harmonia Mundi). En 2017, La Tròba, l’invention lyrique occitane des troubadours XIIe-XIIIe siècles. Anthologie commentée du Trobar(éditions Troba Vox, 2017) 812 pages. Présentation de 110 troubadours et de leurs œuvres, plus de 300 chansons en occitan avec les traductions en français. Il est l’auteur de nombreux CD Albums consacrés aux troubadours. Gérard Zuchetto est également poète. Il a publié plusieurs livres dont L’ultime cantic, 2023 ; Ombras de la lutz, 2022 ; De mots sus la Ròsa dels Vents, 2021 ; Entre lo Zèro e lo Un, 2020 ; Entrebescs e cançons, entrelacs et chansons… en 2013 il reçoit le Prix de l’Académie d’Occitanie, en 2019 à Toulouse le prix Auguste Fourès de l’Académie des Jeux Floraux et, en Italie, le Premio Ostana 2019. Il intervient régulièrement à l’Université de Stanford et à l’UAB de Barcelone dans les domaines de la musicologie et de l’interprétation des chansons du Trobar. Depuis 2019, il est Mainteneur de l’Académie des Jeux Floraux de Toulouse. Ecoutons le Maître ès-jeux de l’Académie des Jeux floraux Franc Bardou sur son confrère Gérard Zuchetto, Mainteneur à la même académie : « Dans ses œuvres poétiques, Gérard Zuchetto explore les chemins de la vie et scrute à l’intérieur des chemins de l’âme humaine. Les deux chemins s’y bousculent, s’y cognent, s’y séparent, s’y joignent et s’y entrelacent, suivant l’aller des mots qui ont leur propre sagesse, reflétant l’anti-hasard dont René Nelli chantait l’évidence discrète. L’auteur marche dans les pas de Raimbaut d’Orange se jouant même des mots qui se jouent de nous, avec clarté dans ce qui est le plus obscur et mystère dans ce qui est le plus clair, suivant un trobar franc et limpide. Poèmes de maturité et de jeunesse tenace s’y enchaînent harmonieusement, pour le plus grand plaisir du lecteur. Franc BARDOU (Lo Gai Saber 2022)
L'ultime cantic - Le dernier cantique est le récit d'une odyssée intérieure au cœur d'un monde qu'il faut abandonner. Prendre un dernier bateau pour un dernier voyage. Le dernier cantique est un poème occitan, en vers, qui s’étire sur une centaine de pages. C’est le grand chant d’adieu au monde d’un poète qui connut les valeurs humanistes dans une société où l’amour et l’amitié étaient au centre des relations humaines. Non sans humour et optimisme, l’auteur déroule au fil des mots qui s’entrelacent, tels les vents dans la voile de son bateau en partance, ses espoirs et ses doutes mêlés à la critique qu’il fait des artifices de la société d’aujourd’hui. Réflexion introspective appuyée au fil des pages par un langage photographique des plus subtils. Gérard Zuchetto présente également : CANTIC tróba vox éditions, Livre-CD , poèmes mis en musique de Max Roqueta, Gérard Zuchetto, Miguel Hernández, Antonio Machado. (En mémoire de Max Rouquette) « Pendant les mois de confinement, Sandra a parcouru les plus belles pages de la poésie de ce que René Nelli et Joë Bousquet définissaient comme étant celle du Génie d’Òc et de l’Homme Méditerranéen, alors que de mon côté j’interrogeais dans mon écriture une situation sordide qui, de façon brutale, nous renvoyait tous aux aléas de notre existence et à la fragilité de nos vies, dans l’ensemble des communautés humaines, inopinément mises en danger et conditionnées par des décisions approximatives, aberrantes, liberticides (…)Et nous voici, mis à nus et solitaires à réinterroger nos destins en écrivant des pages de sensibilité dans notre langage familier, celui de la poésie lyrique, forgé dans une alchimie à la fois douce et acide, notre art musical, choisi comme moyen d’expression pour vivre, de tous les pores de notre corps et tous les neurones, notre manière d’être et pour témoigner, avouons-le, de notre existence en ce monde envers et contre tout. » Livre-CD poèmes en occitan de Gerard Zuchetto et Max Rouquette, et en espagnol de Miguel Hernández et Antonio Machado. Compositions, chant et piano Sandra Hurtado-Ròs. Création pour chant, piano et orchestre de chambre, présentée pour la première fois à Narbonne Salle des Synodes du Palais des Archevêques le 30 avril 2022 au profit de l’association Narbonne-Ukraine, et d’Aude Solidarité à l’initiative de l’association Trob’Art Productions, Gerardo Zuchetto et Sandra Hurtado Ròs. SANDRA HURTADO-RÒS Les études de chant au Conservatoire d’Aix-en-Provence permettent à la chanteuse soprano de découvrir la musique baroque et médiévale, et de faire quelques expériences comme soliste dans le chant choral ou dans la musique contemporaine ("D'une couleur lithique" 1999 de François Rossé) avant de rejoindre Troubadours Art Ensemble dirigé par Gérard Zuchetto. Dans ses interprétations, elle exprime sa passion pour la mélodie, renouant ainsi avec ses racines Sévillanes et le chant profond de son Andalousie natale. Depuis 2019, la chanteuse, pianiste et compositrice, qui a partagé plusieurs fois la scène avec Paco Ibañez, interprète les poètes contemporains liés à son histoire personnelle (celle de l’exil des républicains espagnols et catalans) Miguel Hernández, Federico García-Lorca, Antonio Machado… et celle de poètes occitans qui évoquent l’exil en Méditerranée, Aurelia Lassaque, Alem Surre-Garcia, Franc Bardòu, Gerard Zuchetto… La poésie du grand poète occitan Max Rouquette ne pouvait la laisser indifférente, en 2022 Sandra Hurtado Ròs met sa voix au service de la création poétique occitane dans son nouvel opus CANTIC SINFONIC |
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Septembre 03/09/2024
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Emissions du 3 et 10 septembre 2024 Présentation et lecture d’extraits de : - Sophie Nauleau « Mais de grâce Ecoutez » Actes Sud éd. 2024, 75 P, 13 €. Une petite merveille d’écriture, un style superbe, d’extravagantes digressions de la chauve-souris à Emilie Dickinson, de la vérité sortie de l’intelligence d’un enfant qui voit dans la grâce, thème de ce bel essai et du Printemps des Poètes de 2024, la façon de grandir. Celle de Ricardo Reis, hétéronyme de Pessoa qui préconisait : « Pour être grand, demeure entier ». La grâce qui éclaire le vitrail pour nous prendre pour cible et nous percer à jour. La grâce qui a inspiré le moine qui a trouvé le moyen de colorer à l’or le vitrail et qui pour cela a été béatifié. La grâce retrouvée des poèmes de Tristan Corbière avec ses « Amours jaunes ». La grâce du poème et de la vie, toujours imprévisibles et qui pour cela peut-être doivent être célébrés ensemble. A lire comme un viatique qui nous régale. ***
- Yves Leclair « Le village de l’idiot » Pierre Mainard éd. 2024, 87 p, 14 €. Une très belle veine aussi d’écriture de ce poète auteur de journaux poétiques. Il faut voyager et voir vivre l’humanité quand elle n’est plus assaillie par tous les artifices étourdissants des lieux fabriqués pour le regard de la multitude moutonnière. On retrouve là, la démarche volontaire d’un Joël Vernet, autre voyageur de pleine terre. C’est dans ces lieux gagnés que s’organise la pensée. Un village loin des mégapoles où va s’écrire cet ouvrage de célébration. Celle du vide de l’être accompli. Car ce poète se nourrit de lectures taoïstes et bouddhistes. Ce qui ne l’empêche nullement de célébrer par ailleurs les troubadours, en particulier Jauffre Rudel et Peire Cardinal mais aussi « Cercamon» « Cherche Monde », ce troubadour du XXII° siècle qu’il a présenté et adapté dans une publication « Chansons de Cercamon » en édition bilingue occitan-français pour la collection Littérature occitane Troubadours des éditions Mainard et dont nous avons rendu compte dans l’émission du 9 janvier 2024 toujours accessible. Les poèmes en prose de ce journal de pensées dans ce Village de l’idiot se lisent avec une déconcertante facilité. Ce plaisir de lecture est peut-être le résultat de la conjonction d’un langage d’une clarté consécutive à une simplicité virtuose et d’une envahissante spiritualité en filigrane du récit. Yves Leclair nous offre ici des moments de lecture jubilatoire, de cette joie pure chère à la philosophe Simone Weil. Qu’il en soit remercié !
Extraits :
Exercice spirituel de cet après-midi. T’asseoir sur le vieux billot de bois fendu en deux devant le cabanon. Rester assis sans rien faire d’autre que regarder le vert clair du petit étang. Butiner, vibrer comme l’abeille jaune d’or sur le grain de raisin fendu dans la grande treille de chasselas.
L’abeille qui zigzague cherche sa route dans l’air bleu.
Avec son ami Liu Yü-hsi qui, lui, sut se passer d’écriture, Po Chu Yi se proclame heureux d’être considéré dans le village de Lo Yang comme un vieux fou. Tu rejoins bien volontiers cette confrérie des idiots du village mondial. Bienheureux taoïste.
Un pichet de rouge, une nouvelle natte, le soir à converser avec les étoiles, avec la lumière noire, au bord du petit étang tout vert de lentilles. Ainsi se poursuivent tes béatitudes. Une chouette hulule. Tu mènes la grande vie. *** Ecrire un poème, aux dires de Po Chu Yi, est son dernier travers ! Ecrire, au bout du compte, serait un défaut, un défaut d’être. Être devrait suffire. [ ...] Les plus grands sages de l’humanité n’ont rien écrit. **** |
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Août 23/07/2024
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Présentation et lecture d’extraits du livre :
EPURES DU CRI de Pierre Thibaud Editions Alcyone (collection Surya) 90 p, 21 €
Voici ce qu’en dit son éditrice Sylvaine Arabo qui dirige les éditions Alcyone qui œuvrent avec talent à la connaissance et la diffusion de la poésie d’aujourd’hui :
Pierre Thibaud est né le 2 mai 1938 à Boulogne, Vendée. Il est titulaire du Capes de philosophie (1964) et d’un Doctorat 3ème cycle (1970). De 1970 à 2003, il enseigne la logique mathématique au département de philosophie de l’Université de Provence (Aix Marseille), tout en poursuivant ses recherches sur Charles Sanders Peirce, dans le cadre du séminaire d’épistémologie comparative créé par G. Granger en 1974 Colloques internationaux : septembre 1989 : Harvard (Massachusetts); septembre 1991 : Université de Perpignan ; 1993 : Université de Navarre (Pampelune) ; Juin 1994 : Université de California (Berkeley) ; Juin 1995 : Cerisy ; mai 2014 : Collège de France. Activités musicales :organiste titulaire des orgues historiques (1601) de Pertuis (Vaucluse) de 1960 à 1992.Restauration d’orgues historiques (Pertuis avec le facteur d’orgue Alain Sals, Monêtier-les-Bains avec le facteur d’orgue Gérald Guillemin );création d’un orgue neuf (Chamonix avec le facteur d’orgue Michel Giroud).Création du Temps Baroque (pour violon, soprano, alto et orgue) et direction de 1995 à 2002.Création (1994) et direction durant 20 ans du Festival annuel d’orgue de Chamonix.Actuellement organiste suppléant à la Cathédrale St Sauveur d’Aix-en-Provence.
Ce nouveau livre de poésie vient après Jardin des Voix publié en 2022 et Vent Nomade en 2024. La préface de Raymond Jean témoigne que ce qui pouvait n’être qu’un cri devient «par le travail d’une écriture inlassablement épurée, imminence contenue» et qu’« au secret de ce calme maîtrisé quelque chose veille. Sans doute le désir».Cherchant à ouvrir les portes du regard vers le côté caché des choses, le livre voudrait créer cette Stimmung chère aux romantiques allemands, qui est une atmosphère à la fois affective et musicale, où se fait entendre un chant qui est indissociable de toute poésie. Pierre Thibaud Extraits :
Il y a un instant où le monde te creuseun instant entre la vague et l'écumeentre voix et écho un instant où ton corps brûle dans l'épaisseur de la lumière
un instant qui fuit comme futaiesous le vent un instant entre donner et trahir entre ton corps et l'être des chosesoù tu te regardes entre fatigue et folie
un instantcomme brèche entre mots et mémoire tu parles tu deviens
** Grivealourdie de nuit fait-il beau très haut
paraphe furtif du jourvisible est dans le soirla transparence exacte de l'ombre élevant le tempsà l'épure du cri **
Ce soir encore ce clairdes terres qui s'enfoncentà regret dans la nuittaches de forêts de corps d'os parés pour la mort prochaine
le village s'estompe doucement sous la nappe de sommeilqui nous dissoutnous fonde aux terres de l'absence
**
Nous écartions les joursà pleines branchesrire du ventdans le remuement d'arbres d'herbes
nous n'étions que visages tendus vers le rougeoiement du ciel avant que ne se lèvent les ombres
dans les hautes chambres de notre veillenos cris enfouisdans leur bogue d'enfance **
Sur tes yeux encore marqués des runes du jour la lumière du couchant comme un long frôlement de tulle sur ton corps fragile
il se fait tard et nous ironsdu côté caché des choses explorer par les mailles des arbres le clair visage de la nuit **
Nous entrâmes dans l'été́sous un ciel tout tremblant d'oiseaux
dans le vide en nous creusé la pierre et l'arbreavaient pourtant germé
plus la lumière te fait vaciller plus vite se rapproche l'horizon qui te fuitquand au bout de tes motsle monde est en suspens **
Dans mon poèmele feu m'appelle m'épelleet je deviens braise projetant mille étoiles à la face du temps
orées frémissantessans fin recherchées jamais atteintes tandis qu'orant je m'avance ***
Pour se procurer le livre de Pierre Thibaud : - Envoyer un mél à editionsalcyone@yahoo.fr (envoi rapide et soigné) - ou commander ce livre en librairie.
EPURES DU CRI de Pierre Thibaud Editions Alcyone 21,00€ (+ port/emballage : 04,00€) *** L’émission est ensuite consacrée à l’évocation de l’œuvre de : Marcel Migozzi (1939 - 2024) en premier hommage à ce poète qui s’inscrit désormais dans l’histoire de la poésie française des XXème et XXIème siècles. |
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photo de
Peter
Gabor 2014
Eric Dubois |
L’émission est consacrée à la présentation et lecture d’extraits de : Eric Dubois « Nul ne sait l’ampleur » poèmes éditions Unicité 2024, 46 p, 12 €
Eric Dubois est né en 1966 à Paris. Auteur, lecteur-récitant et performeur avec l’association Hélices et le Club-Poésie de Champigny-sur-Marne. J'ai l'expérience des scènes ouvertes, dit-il, des récitals de poésie, depuis 1997 avec Poèmes en Gros, Slam Production, La Cité des Poètes, Uback Concept, Le Club-Poésie de Champigny-sur-Marne et ...Hélices (depuis Septembre 2003). Je ne conçois pas seulement la poésie comme pratique quotidienne et secrète de l'écriture mais aussi dans la dimension de l'Oralité, de la lecture intérieure et silencieuse à la lecture à voix haute en public. La Poésie est un langage qu'il faut démocratiser et désacraliser. Le Poète doit défendre sa poésie, servir ses textes et établir avec les autres poètes tout un réseau de voix multiples et variées.
Ce dernier livre d’Eric Dubois confirme, si nécessaire, que ce poète s’ancre désespérément, mais pour le plus grand bonheur de l’histoire en cours de la poésie d’aujourd’hui, dans la grande rade qui abrite les créateurs qui font l’histoire de demain. Son travail sur la langue, loin des artifices qui prévalent chez les poètes de laboratoire ou les poètes de la poésie bien-pensante dans le déferlement de la vague du wokisme, se construit de vécu et d’intuition juste. En cela, sa poésie est réconfortante, nous renvoie un réel lucide, souvent noir mais habitable si on le désire, comme doit être désirée la poésie.
Extraits :
Je partage avec la lumière l'envie de me reposer à l'ombre de quelque arbre de porter au bout des bras des fruits magiques et des fleurs épiques Je donnerai tout mon être à l'explication des sentinelles qui veillent sur tous les silos aux esprits miraculés du bonheur aux anges perdus de l'amour.
Je partage avec la lumière l'envie de me reposer à l'ombre de quelque arbre de porter au bout des bras des fruits magiques et des fleurs épiques
Je donnerai tout mon être à l'explication des sentinelles qui veillent sur tous les silos aux esprits miraculés du bonheur aux anges perdus de l'amour
Écrire nous confronte aux illusions, aux désirs et à une inévitable insatisfaction semblable à celle qui se love au bout de l’amour. Le désir ne peut être assouvi sous peine de s’éteindre. Les frontières sont floues et incandescentes, des braises.
Ma tête est un reposoir. Un écho pris de vertige.
Une flamme noir qui calcifie les oiseaux du paradis. *** Pour poursuivre l’émission Vincent Calvet de la semaine précédente :
Vincent Calvet
« Ensauvagement » préface de Grégory Rateau 4ème de couverture de Paul Sanda éditions Rafael de Surtis, 90 p, 19 €
Une exploration d'un nouvel univers, dans l'hommage à Apollinaire, et ses successeurs surréalistes.
« Je ne suis pas un poète qui investit une forme et s’y tient toute sa vie » a prévenu Vincent Calvet. En effet ce livre « Ensauvagement » dévoile une autre facette, je dirais une nouvelle facilité d’écriture, propre à ce poète prolixe, à son aise aux côtés des grands surréalistes et des grands maudits ou grands inquiétants comme Lautréamont ou Artaud. Une nouvelle façon de sublimer la langue et de continuer avec bonheur l’héritage des surréalistes. Paul Sanda qui parachève le joyau de la poésie surréaliste, ne s’y est pas trompé en choisissant Vincent Calvet.
Extrait :
Signifiants ô signifiants ô !
La poésie croît comme un mancenillier : entendez-vous le cri du singe- bleu-camisole et du jaguar-à-crinière &les autres races non connues arceaux-vitrines de l’Ancien Monde ?
Entendez-vous voyez-vous frémir ces formes massives dans les feuillages de l’Ancien Temps ? Chaînons manquants cimaises charnières-vocalises
& cet envol pur d’ibis rouges au- dessus des vagues d’or ?
Il ya les corolles gigantesques de ces roses tueuses dont le parfum rance & capiteux mène par le bout du nez les sauvages à peau verte
il y a les couloirs des racines & les clairières des sables mouvants des sentes boueuses & des éboulis sans nom grottes avens loupes cycles & hymnes hors une intense odeur d’ argile & de vesses siège des mégafougères & des cyclamens- mégalithes on ne distingue aucune odeur spécifique & le bruit de fond est un fracas de volière trouée par les coups de massue des créatures antédiluviennes... ***
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Elisabeth Aragon devant le buste de Clémence Isaure à l'Hôtel d'Assézat siège de l'Académie des Jeux floraux
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Signalement et lecture d’extraits de : 1 ) Elisabeth Aragon « garde-moi de l’oubli » az’art atelier éditions, 16 €.
C’est une familière de l’émission « Les poètes » qui a fait paraître une réédition de ce livre de poèmes déjà publié en 1995, accomplissant ainsi une double fonction : celle de rendre accessible un livre épuisé et celle de poursuivre une mission intime de sauvegarder la mémoire vivante de son ami Jean-Marc victime du Sida. Elisabeth Aragon est poétesse, autrice de plusieurs recueils à La Découverte, Garde-moi de l’oubli, L’échappée belle, Horizon andalou, en français et en espagnol, publications en revues (Encres vives, Décharge…).
Garde-moi de l’oubli : « Le titre à lui seul résume le sens du recueil et de sa réédition. Evocation d’un temps suspendu à l’attente, celle la faucheuse effroyable, à l’hécatombe des années 90, au nom Sida. Jean-Marc était mon ami, mon double d’âme et d’art depuis le lycée. Années de partage, invraisemblable des rencontres, des voyages, des choix définitifs, l’écriture pour moi, la musique et le chant pour lui. Jean-Marc ténor, son rire, sa fougue, son culot désarmant, qui au moment où il prenait son envol sur des grandes scènes a été rattrapé par la réalité, et la fulgurance de la maladie. Nous n’allions pas fêter nos 30 ans ensemble, nous n’allions plus voyager vers la Toscane ou L’Emilie –Romagne, nous n’allions plus aller au bout des rêves. J’avais commencé à écrire Garde moi de l’oubli, bien avant que le sida en peu de mois le transforme en ange déchu. Effrayée par la crudité de ce qui m’était presque « dicté », et de ce qui allait arriver au réel, ne l’éprouvant pas encore, j’ai laissé ces pages dans un tiroir. Je suis devenue la spectatrice impuissante, l’accompagnante des derniers mois, prenant le relais dès que possible auprès de son compagnon. Quelque temps après sa mort, j’ai voulu reprendre mes mots. « Ecris ! écris pour moi » avait été aussi une dernière injonction. « Garde moi de l’oubli » Je tenais promesse en lui faisant don de mémoire reprenant le manuscrit qui au nombre de pages définitif, et sans les avoir comptées, devenait étrangement son âge clos. Une première édition, belle aventure humaine et littéraire, lectures, mise en scène théâtrale, en lycées, en prison… Comme souvent dans l’édition poétique, plus de possibilité de le trouver, de l’acheter, de le faire vivre. Le contrat me laissait la possibilité de lui redonner corps de trame et de papier. Sous l’impulsion d’un ami, qui me demandait pourquoi le recueil n’existait plus, que c’était « inadmissible », je me suis lancée dans cette nouvelle parution dans la collection Esparto. L’oubli, ne sera pas, le temps redoublant à la fois le livre mais aussi notre âge ! Mémoire aussi de protection, la maladie est encore là, malgré l’avancée majeure des traitements, des tant d’années de vie qui s’offre. » Mars 2024 Elisabeth Aragon
Extrait : Tu laboures les jours d’une force de grêle Tremblements, déroutes de prière
Tu ne veux pas savoir la fin qui t’accompagne Ce toucher de la pierre à chaque coin du lit
Tu voudrais clore les yeux sur la mort lente L’empêcher de te prendre, écarter le tonnerre
Tu mises sur ta vie, sur les aubes clairières
Mais déjà tes doigts tressent l’écume du voyage *** 2 ) Pierre Ech-Ardour
« Ramenez-les à la maison » éditions Levant collection Etincelles du Levant, 41 pages,
Pierre Ech-Ardour réside à Sète. En son rapport intime aux lettres, sa poésie, « tours de mots » où interfèrent extrinsèques lumières et clartés profondes, incarne la parole d’une utopie propice à l’approche des sources du monde. Sa poésie traduit ce battement, cette trame discrète où s’orfèvre le poème ; chaque mot porte le déplis d’une pensée poussée à l’orbe des confins. L’écriture, jouant de sa lumière et de sa contre lumière, laisse doucement à l’entente la palpitation du froissement et du défroissement des mots, conservant perpétuels leur vastité et leur respir. Ce sont dans ces amples et discrètes variations que la parole trouve son surgissement de visage, cette force particulière d’être elle-même l’envol de ce qui d’un coup se dévoile à la vue et à la pensée et aussitôt se dérobe, insoluble. Et si se laisse saisir par la peau que donne la traverse des langues, des souffles terrestres, des sensualités et des mémoires d’une certaine intimité, sa poésie est une voix portée, une entière adresse à l’humain et à son tremblement d’infinité.
En 2016 paraît de cet auteur un recueil au titre sommatif réparations (...ailleurs nulle part ... suivi de lumineuse opacité avec des peintures de Nissrine Seffar). Blessure et renaissance, chute et enciellement, dès le premier moment, l’un est ailleurs et la filiation des mots comme celles des fils n’est vraiment nulle part. Le calame crée de tout surgissement un étrangement. Dans sa course, l’écriture façonne pour le poète le meilleur chemin possible, c’est-à-dire une instable traversée, car le monde court sur un fil, la lumière brûle le plus souvent d’une mèche de vent et d’inaccessible infini.
En mars 2018, est publié aux Éditions Levant deux abécédaires, L’Arbre des Lettres en Chemin et L’Arbre des Lettres d’Exode réunis en regard sous le titre L’Arbre des Lettres (calligraphies de Saïd Sayagh), où l’Homme est l’Arbre. Comme les racines de l’arbre, les lettres hébraïques ouvrent un chemin vers le ciel. Pour Michel Eckhard Elial, elles y puisent, non pas la tentation du tout qui peut être l’ambition du langage, mais une source de lumière et un éclairement du monde et de ses mystères.
Paraît en juillet 2018, édité par l’Institut d’Estudis Occitans del Lengadòc, Lagune – archipel de Thau, traduit en occitan par Joan-Frederic Brun (Président du PEN Club Occitan), orné d’encres acryliques et de chine composées spécialement par Alain Campos. Le poète ouvre un chemin à la vie, lumière du monde à venir. Comme le souligne Georges Drano dans l’avant-propos du recueil, « Loin des profondeurs obscures et des flots malmenés, la surface de l’eau accueille une étrange présence ajoutée au mystère de la lagune et de la langue, elle garde ses secrets ». Le 6 octobre 2018 Les Gourmets de Lettres, sous l’égide de l’Académie des Jeux Floraux, lui décernent à Toulouse pour ce recueil, le Premier Prix de Poésie 2018.
Après l’ignominie terroriste du 7 octobre 2023, Pierre Ech-Ardour a participé du 25 février au 8 mars 2024 à une mission volontaire organisée par l’Association Générations Gamzon. Cette mission s’est déroulée au centre éducatif de Nitzana, tout près de l’ancienne cité nabatéenne, située dans le sud-ouest du désert israélien du Néguev près de la frontière égyptienne.
Il est présent à Tel Aviv sur la Place des Otages avec familles et sympathisants. C’est pour se rapprocher des vivants, car les otages sont bien de ce monde, qu’il a pris l’initiative du présent recueil pour témoigner que les otages sont toujours vivants. Ce recueil leurs est dédié. Il exprime une expérience inoubliable d’un présent tragique qui ne peut être oublié : Am Israël Haïm ! עַם יִשְׂרָאֵל חַי. « Le peuple d’Israël vit ». Le jour arrivera, parce que nous avons foi en la vie et l’espoir, et nous pourrons apprendre à dialoguer.
EXTRAITS
Ne plus connaître le monde du trésor maintenant morcelé, intime ronge le désastre matinales vos ombres arrachées
Vers l’ailleurs des poussières aux regards malfaisants tendues sans obole implorent vos mains un retour, se nouent souffrances et destins en la spirale d’espérance et soufflent sur le malheur la cruauté et vos blessures
Enfants de la Terre promise, dans le suspens du dénouement brûle l’effroi vos innocences
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Comme un poème écrit au mur chaque aube prononce une syllabe, étire le temps de tous les instants, comme si rien ne se passait en l’infinie déchirure des jours
Seule mutique la musique clôt son cercueil de lumière Renaîtront à Reïm[1] et en Israël multiples des Tribe of Nova quand tous nous danserons !
[1] Lieu où se déroula le festival de musique Tribe of Nova, où 364 personnes furent le 7 octobre 2023, assassinées par les terroristes du Hamas. Sur les champs où les victimes ont été massacrées, sont depuis plantés des arbres avec la photo d’un défunt posée au pied de chaque arbre.
**** L’émission est ensuite consacrée aux 2 dernières publications du poète Vincent Calvet « Six solitudes » éditions La rumeur libre, 181 p, 17 € et « Ensauvagement » préface de Grégory Rateau, 4ème de couverture de Paul Sanda éditions Rfaël de Surtis, 90 p, 19 €.
Vincent Calvet est né à Carcassonne en 1980, il vit à Toulouse. Études de Lettres Modernes. Poète, auteur, illustrateur, instituteur spécialisé, il anime des ateliers d’écriture avec des adolescents handicapés. Publie dans plusieurs revues, participe à des festivals en France et à l’étranger, Russie, Tunisie. Il est traduit en arabe, espagnol et russe. Fonde en 2010, avec Paul Sanda la revue Mange Monde, et en 2020 la revue Septième sens, mêlant ésotérisme, poésie et spiritualité. Il dirige actuellement la revue Sémaphore (Bruno Geneste, Maison de poésie de Quimperlé). Sa poésie est couronnée en 2005 par le Grand Prix de la Ville de Béziers, en 2007 par le Prix de la Vocation de la fondation Marcel Bleustein-Blanchet et du Printemps des poètes pour La Haute Folie des mers, Cheyne. Livre de poésie. Six solitudes composent ce livre, chacune compte une vingtaine de poèmes, toutes d’une même unité et puissance d’invocation lyrique. Les Solitudes déroulent des variations de ces rivages au regard de la mer, miroir, où le poète puise la matière des métaphores et des passerelles sonores. Six solitudes pour nous réconcilier avec la puissance d’invocation de la poésie
La 1ère Solitude est celle de la mer, ce qu’elle est, ce qu’elle porte, ce qui y vit / du règne du vivant, jusqu’aux marins, c’est la femme / la mère, le tout autre. La 2ème Solitude est celle de la voix du poète plongée dans les signes de la mer, d’un « je » qui se déploie alternativement dans le même registre d’invocation et d’un « tu » introduit formellement par un texte en italiques. Cette solitude se referme sur un poème /dauphin égaré / échoué sur la grève/. La 3ème Solitude est celle d’une adresse au lecteur / auteur, une tentative de nouer la parole à un autre, qu’il sait d’avance qu’elle est destinée à échouer dans le langage du soliloque, tentative qu’il vient ranimer dans /le rêve de la mer/. La 4ème Solitude introduit la présence du rêve sur la ligne d’écriture, recourt de nouveau à l’alternance du « je » et du « tu ». Cette présence affleure, elle clignote, « elle » est là. Le miroir s’empare de la réalité de la langue du poète /tu me tends un miroir dans lequel je me vois et prends ma réalité/. La 5ème Solitude introduit la durée écoulée, de l’enfance au temps présent du poème. /C’est une nouvelle solitude qui commence / au Bord de la Mer / dans ton visage / dans son image / dans la Nuit qui vient/. La 6ème Solitude est celle de l’entrée dans la Nuit heureuse /la mère/ où le texte et la voix se font prière, adresse absolue à l’infini qui apaise les souffrances et où s’inaugure l’Espoir.
Extrait :
De tout mon codeur ô Mer ! Je rendrai grâce à ta Bonté. Je dirai tes éternelles merveilles. Pour toi je chanterai, je danserai ou j'exulterai ô. J'écrirai encore ces poèmes légers ! Jusqu'au Ciel ta splendeur est chantée par la bouche des enfants. Par ma bouche aussi, par la bouche de Pierre ou de Philippe ou Jean. Toi transparente à elle, toi la médiatrice qui murmures à son oreille, elle qui est assise au pied de la Croix, elle qui a eu la primeur de ses paroles & de son sang. La Sainte Vierge ô, belle saine et sainte Rose ! A voir la Nature, le Réel, la lune & les étoiles fixées au firmament, qu'est-ce que je suis moi simple pour qu'elle pense à moi, qu'elle prenne soucis de ma candeur & de ma faiblesse. Pourquoi est-elle si loin de moi & pourquoi son fils est-il si loin de moi également. Ne suis-je pas plus qu'un fétu de paille dans la grange ne suis-je pas plus qu'un coquillage fêlé ne suis-je pas plus qu'un infime ciron, un grain de sable sur la plage, un gravillon dans l'allée de cyprès sombres. Peux-tu lui demander la raison exacte de son silence, elle que j'ai tant adorée, elle qui m'a fait tant pleurer, elle pour qui j'ai tant prié, elle pour qui j'ai tant peiné dans les décombres de la parole poétique puisque tu disposes d’une assiette à sa table pourrais-tu ô Mer ! intercéder pour moi auprès d’elle pour qu’elle daigne enfin m’entourer de ses bras maternels & m’apporter le réconfort & le soin dont je manque & qu’elle me permette de boire dans le calice de la Crucifixion & qu’elle me laisse lire son évangile & ses prières apocryphes
La semaine suivante sera consacrée à son livre « Ensauvagement ». Un poète installé dans le paysage de la poésie contemporaine que nous suivrons avec plus de facilité qu’il vit dans nos terres toulousaines. *** |
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02/07/2024
Capitaine Slam alias Thierry Toulze
Jean-Claude Solana, Christian Saint-Paul, Capitaine Slam
Jean-Claude Solana, Capitaine Slam
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Invités : Jean-Claude Solana et Capitaine Slam
Ces deux poètes poursuivent leur échange de la semaine précédente, autour de l’art - Jean-Claude Solana homme de spectacle et de rencontre organisant des événements où les arts musicaux, plastiques et littéraires se répondent -, de la poésie et de la ville de Toulouse. Lecture d’extraits de : « les dames de la carte du ciel » éditions Interstices, 63 p, 15 €.
Capitaine Slam et Jean-Claude Solana : deux poètes que vous pouvez croiser dans les rues de Toulouse et qui dans le futur feront partie des personnages marquant les promenades littéraires de la cité rose. |
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Capitaine Slam alias Thierry Toulze
Jean-Claude Solana, Christian Saint-Paul, Capitaine Slam
Jean-Claude Solana, Capitaine Slam
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Jean-Claude Solana, écrivain, poète, homme de spectacle, Capitaine Slam, alias Thierry Toulze, slameur, poète, homme de spectacle, et par téléphone Méryl Marchetti, poète, homme de spectacle. À travers le Groupe français d'éducation nouvelle auquel participa Michel Cosem, et le festival d’Uzeste, il a rejoint très vite la Ligne Imaginot. Il pratique l'improvisation poétique avec des musiciens et des formes d’art plastique. Son œuvre a été publiée à Encres Vives et aux éditions Solicendristes.
Les trois invités se livrent à un long entretien au sujet de l’œuvre de Jean-Claude Solana ; ce dernier dit un long poème « J’ai vu des oiseaux voler à l’envers » ayant pour cadre la catastrophe AZF du 21 septembre 2001 à Toulouse, puis des extraits de son dernier livre : « les dames de la carte du ciel » postface de Méryl Marchetti, paru en 2019 aux éditions Interstices, 64 pages, 15 €. Capitaine Slam dit également quelques poèmes de lui.
Voici ce que répond Jean-Claude Solana à une interview sur litteraire.com :
« Je suis né à Condom, Gers. J’ai vécu à Lagor puis à Mont, Pyrénées Atlantiques, ai atterri à Lourdes, puis suis venu en fac de psychologie à Toulouse. J’ai vécu à Madrid, Séville, puis retour au bercail. Je suis d’ici, mais pas que. Le paysage urbain est un des thèmes de Les dames de la carte du ciel. Sinon je voulais savoir si des fragments de vie donnaient un récit. Camper le quotidien à divers moments, lors de différentes rencontres, relever des noms, s’en approcher, essayer de cerner mon histoire, dans la ville qui m’occupe depuis pas mal de temps. » *** Toulouse est au centre des textes de Jean-Claude Solana. Son poème dit à l’antenne est un poème lyrique destiné à l’oralité, imprégné d’un vécu dont il a compris la nécessité de devoir le partager, le titre venant de la parole même d’un passant rencontré ce jour de drame et qui avait vu réellement les oiseaux soufflés par l’explosion de l’usine AZF voler à l’envers. C’est cela un poète, celui qui appréhende les mots dans la rue et leur redonne une vie démultipliée. Toulouse encore, objet de ce livre baroque, récit qui rebondit d’images en images, de pensées en pensées, d’histoires en histoires, allant du fait divers comme l’accident vu près de la rue d’Assalit (rue du siège de Radio Occitanie) à la grande histoire de Toulouse ou l’autre encore plus vaste, du cosmos. Du lyrisme avec un ton de sincérité rarement égalé chez les poètes. Le plus frappant est cette capacité à l’optimisme, au bonheur du rien, de l’émerveillement d’un livre, d’un tableau, d’un lieu, d’un fait historique ou trivial de cet étonnant poète ressemblant à un Charles Bukowski, mais qui serait sobre, débonnaire et fraternel. Un livre à lire pour Toulouse et pour saluer Jean-Claude Solana !
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Guillaume Decourt
photo
de Olivier
Pascaud
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L’émission est entièrement consacrée au dernier livre de Guillaume Decourt « Un temps de fête » Poésie aux éditions La Table Ronde 2024 96 p, 14 €
Né en 1985, Guillaume Decourt est poète. Il a passé son enfance en Israël, en Allemagne et en Belgique puis a vécu dans les monts du Forez, à Mayotte et en Nouvelle Calédonie. Il partage aujourd’hui son temps entre Paris et Athènes.Il a publié une dizaine de recueils, parmi lesquels : Un gratte-ciel, des gratte-ciel (Lanskine, 2019) et À 80 km de Monterey (AEthalidès, 2021). Le Bonjour de Christopher Graham a paru chez AEthalidès en 2023. Lundi Propre (La Table Ronde 2023)a reçu le prix Max Jacob 2024.
Des poèmes en prose charpentés dans tous les domaines de la vie, donc de la poésie, qui est partout chez elle, comme nous le signifie ce curieux inventaire où le trivial s’imbrique dans la pensée en une interminable réflexion sur le monde encore plus curieux, dans lequel nous évoluons. Une grande voix de la poésie d’aujourd’hui !!
Extraits :
NATATION
« Les nageurs ont une légère couche de gras sur les muscles, comme les Indiens des Plaines et la plupart des peuples qui vivent dehors », me répétait mon père. Johnny Weissmuller était son héros. Il nageait le crawl en gardant la tête hors de l’eau. Il a fini sa vie dans un hôpital psychiatrique d’Acapulco. Chaque soir, il y faisait retentir son cri de Tarzan. Cela terrorisait les autres patients.
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11-06-2024
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Diffusion de « Dona negra » (La dame noire) poème en catalan écrit et chanté par Eric Fraj extrait du CD « Gao » Troba Vox éditeur (traduction française lue au préalable) *** Présentation et lecture d’extraits de « Cœurs, comme livres d’amour » d’Hélène Dorion éditions Bruno Doucey, 87 p, 14,50 € *** Présentation et lecture d’extraits de « Quarante clics à curitiba suivi de idéolarmes » de Paulo Leminski édition bilingue poèmes traduits du portugais (Brésil) par Danièle Faugeras et Lorena Vita Ferreira érès éditeur PO&PSY, 82 p, 15 € *** Présentation et lecture d’extraits de « Comment vivre sur la planète terre » de Nanao Sakaki édition bilingue poèmes traduits de l’anglais (E.U.) par Danièle Faugeras, gouaches de Jean-Baptiste Née, érès éditeur PO&PSY, 80 p, 15 € *** Présentation et lecture d’extraits de « Atelier lumière où se joue une physique poétique » poèmes et photographies de Marina Kramer érès éditeur PO&PSY, collection a parte 115 p, 25 € (un véritable livre d’artiste !) ***
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28-05-2024 04-06-2024
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Invité : Patrice Teisseire-Dufour
journaliste reporter-randonneur pour « Pyrénées Magazine » écrivain (de beaux livres sur les lieux, en particulier d’Occitanie et Catalogne), lauréat de l’Académie des jeux floraux de Toulouse en 2020 pour « Corbières, la frontière cathare », nouvelliste (« Nuits sur la Brèche et autres récits haut perchés », poète venu parler de trois livres : « Cahier d’un illusionniste » préface de Marc Court éditions Vox Scriba, collection Poesis, 100 p, 15 € ;
« Derniers Chants Faydits » préface de Michel Roquebert Prix du livre de la Malepère 2020, éditions Vox Scriba, collection Poesis, 44 pages, 10 € ;
« Montagne Noire - En eaux passagères » poèmes sur des photographies de Brigitte Fort, Empreinte éditions, 57 p, 22 €. *** Dernier cri avant la nuit
Souviens-toi de moi Quand tu t’enfonceras Dans les Corbières Et que tu te croiras seul Sache que nous sommes des centaines A être revenus arpenter nos collines S’emparer de l’esprit du maquis Et goûter au sang des étoiles Nous suivons le ciel Les pas des bonhommes et de leur socis Esprit pensant juste et droit Donne-moi de croire en toi
Souviens-toi de moi Quand tu t’enfonceras Dans les Corbières Sans espoir sans terre Et pour un bout de pain Ce sera comme un festin Et une dernière course Termes déjà est sans source Et avant que ne soit pris à revers La cour d’amour de Puivert Accepte la part qui t’échoit Esprit pensant juste et droit
Je m’enfonce dans mes Corbières J’y reviens toujours en prière Sur les traces des absents Du Congost à Aguilar De Lagrasse à Quéribus Chaque rocher se souvient Chaque rocher est un cri Un appel avant la nuit Et mon sang coule Du Verdouble à l’Orbieu Prends la part qui te revient Et apprends à reconstruire demain
Patrice Teisseire-Dufour Derniers chants faydits, ed. Vox Scriba. ***
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Annie Briet
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Invitée de l’émission Annie Briet écrivaine, poète membre du comité de rédaction de la revue Encres Vives qui fut la compagne de Michel Cosem qui partageait sa vie et qui vient parler de ce grand poète disparu le 10 juin 2023 pour lequel sera rendu un hommage le jeudi 23 mai à 18 h à l’Hôtel d’Assézat siège de l’Académie des jeux floraux de Toulouse. Entretien avec Christian Saint-Paul sur l’enfance, la vie et la posture poétique de Michel Cosem
HOMMAGE A MICHEL COSEM ET ENCRES VIVES par l’Académie des Jeux Floraux Jeudi 23 mai à 18 h salle Clémence Isaure de l’Hôtel d’Assézat 7, place d’Assézat 31000 TOULOUSE Michel Cosem (1939 - 2023) fut l’infatigable éditeur de la revue et des éditions Encres Vives créées à Toulouse en 1960 et qu’il poursuivit sans faille 63 ans. Romancier, poète, auteur pour la jeunesse et animant des ateliers d’écriture il rassembla un temps les poètes à Escalasud et publia un grand nombre de poètes qui marquèrent l’histoire de la poésie de ces deux derniers siècles. Lui-même était déjà rentré dans l’histoire de la poésie du XXème siècle avec l’anthologie de Robert Sabatier qui loua son imagination créatrice fondée sur le réel.
Une braise. Un mot. Silence attentif et comestible tout autour. J’invite toutes mes idées mes personnages mes rêves, mes autres moi-même à partager le langage des connivences et des éternités. On a plaisir à tremper nos lèvres dans l’élixir de l’écriture et l’on se fait de petites offrandes dans la tiédeur du feu. Dehors l’hiver commence à hurler ses litanies déraisonnables entre les arbres décharnés et les herbes brûlées, mais c’est sans importance. On a tous pris de bonnes résolutions : une braise, un mot.
La revue Encres Vives continue après la disparition de son fondateur.
Bruno Ruiz lira le recueil posthume de Michel Cosem et Stéphane Amiot, Elisabeth Aragon, Sabine Aussenac, Annie Briet, Catherine Bruneau, Eric Chassefière, Michel Ducom, Régine Ha-Min-Thu, Gilles Lades, Cédric le Penven, Francis Pornon, Christian Saint-Paul, témoigneront de la vivacité de cette œuvre.
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Yves CHARNET
La presse en parle
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Poursuite de l’émission de la semaine précédente Entretien avec Yves Charnet à propos de son dernier livre : « Lettres à Juan Bautista (Vingt ans après) » éd. Le Diable Vauvert, 392 p, 22 €. Le mot de l’éditeur : Été 2023. Yves Charnet replonge dans les lettres adressées à Juan Bautista de 2001 à 2006, avant qu’il ne devienne l’une des grandes figures de la tauromachie française. Les turbulents débuts du torero : brusque interruption de sa carrière en 2003 puis retour miraculeux en 2005. Un destin hors-normes s’écrit à la pointe des cornes. Jusqu’au triomphe du 15 août 2006 et sa légendaire faena sous le déluge de Dax. Que reste-t-il de nos Années Bautista ? Vingt ans après, pareille recherche du temps perdu prolonge le geste littéraire de l’écrivain-matador Yves Charnet. L’afición est le fil rouge du poète égaré dans le dédale des temporadas d’après l’an 2000. À la poursuite de Juan B., le double impossible. De la crise de la quarantaine aux angoisses de la soixantaine, chaque vie d’homme finit par ressembler à une grande corrida.
Un livre « d’autruifiction » près de 400 pages de « proésie », une merveille du genre dans la continuité ininterrompue de l’œuvre d’autofiction entrepris sans relâche par ce poète de la prose depuis la révélation que fut son premier livre : « Proses du fils » (La Table Ronde et coll. poche La Petite Vermillon)
Entretien avec Christian Saint-Paul et lecture d’extraits du livre. *** La deuxième partie de l’émission est dévolue au dernier livre d’Abdellatif Laâbi « A deux pas de l’enfer » éd. Le Castor Astral, 160 p, 16 €. L’auteur, poète marocain a reçu le 3 mai 2024 à Toulouse salle des Illustres au Capitole le Grand Prix de Poésie d’expression française Georges Mailhos, de l’Académie des jeux floraux. Né en 1942 à Fès, il a notamment reçu le Goncourt de la poésie, le Grand Prix de la francophonie décerné par l’Académie française et le prix Mahmoud-Darwich pour la création et la liberté.
Brève présentation de l’auteur et lecture d’extraits. Le mot de l’éditeur :
Abdellatif Laâbi ouvre grand les portes de son univers poétique. Dans une langue à l’imaginaire inépuisable, ses poèmes donnent corps aux souffrances humaines qui agitent le monde. Ils distillent les réflexions d’un homme qui a traversé de multiples combats et connu de nombreuses épreuves. Son regard universel nourrit, en retour, sa propre expérience. Témoin de son existence, il décrit avec humour le vieillissement du corps, le sien, et les désillusions qui l’accompagnent. Il chante aussi la disparition des personnes qu’il a connues et son amour pour celles encore présentes.
Loin d’être l’aboutissement d’une œuvre, ce nouveau livre tend une main pleine d’espoir vers un avenir meilleur.
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Yves CHARNET
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L’émission est entièrement consacrée à Yves Charnet pour la parution de son dernier livre : « Lettres à Juan Bautista (Vingt ans après) » éd. Le Diable Vauvert, 392 p, 22 €.
Le mot de l’éditeur : Été 2023. Yves Charnet replonge dans les lettres adressées à Juan Bautista de 2001 à 2006, avant qu’il ne devienne l’une des grandes figures de la tauromachie française. Les turbulents débuts du torero : brusque interruption de sa carrière en 2003 puis retour miraculeux en 2005. Un destin hors-normes s’écrit à la pointe des cornes. Jusqu’au triomphe du 15 août 2006 et sa légendaire faena sous le déluge de Dax. Que reste-t-il de nos Années Bautista ? Vingt ans après, pareille recherche du temps perdu prolonge le geste littéraire de l’écrivain-matador Yves Charnet. L’afición est le fil rouge du poète égaré dans le dédale des temporadas d’après l’an 2000. À la poursuite de Juan B., le double impossible. De la crise de la quarantaine aux angoisses de la soixantaine, chaque vie d’homme finit par ressembler à une grande corrida.
Un livre « d’autruifiction » près de 400 pages de « proésie », une merveille du genre dans la continuité ininterrompue de l’œuvre d’autofiction entrepris sans relâche par ce poète de la prose depuis la révélation que fut son premier livre : « Proses du fils » (La Table Ronde et coll. poche La Petite Vermillon)
Entretien avec Christian Saint-Paul et lecture d’extraits du livre. Cet entretien pour un livre aussi dense ne pouvant se terminer en une seule émission sera poursuivi la semaine suivante.
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30-04-2024
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Lecture d’un long poème : « Rue Révolution » d’Alain Lasverne extrait du n° 78 de la revue Nouveaux Délits Revue de poésie vive le n° 7 € + frais de port abonnement 40 € pour 4 n° à commander à : Association Nouveaux Délits Letou 46330 Saint Cirq-Lapopie
des poètes enroulés dans les limbes pleurent pour des rimes folles dans leurs coffres dans leur BAL dans leurs cages ç vivants ils les cacheront ces rimes sans nom
car les noms il en est qui ouvrent les portes à qui ne devrait pas les portes décident in fine elles ont vocation les rimes folles mènent aux serrures inviolables pas d’entrée désignée pas de porte pas de nom
au pays sans nom qui peut dire où il se trouve qui peut se dire vivant au pays sans nom qui a pénétré un pays sans nom là où le nom est tu même les fleurs chuchotent écoutez les murmures et vous saurez le tourment des poètes sans noms *** Lecture in extenso de : « Atma heurt » de Christophe Lévis
publié à « L’Âne Qui Butine » coll. troglodyte w.w.w. anequibutine.com Cet auteur qui publia à Encres Vives nous livre un bref récit baroque comme un rêve éveillé d’un amour nostalgique dans le temps brûlant de l’adolescence. Mais est-ce un prétexte pour que parole se fasse ?
Soudain, elle se tait. - Tu attends quoi ? Le tabouret du bar grince en reculant. Mes lèvres sur les siennes, je suis adolescent. Qu’est-il advenu de ce lointain si proche ? L’orbe s’est estompé en ourlant le ligneul recouvrant chaque heurt d’une charpente de feu. Oh... les mensonges iniques des satyres, nous ne les voulons plus ! Seulement le rire franc et clair de nos cœurs mêlés. *** Evocation de la continuité de la revue et des éditions Encres Vives qui paraissent depuis 1960. A lire sans tarder les n° consacrés à Michel Cosem « Une vie consacrée à la poésie » 529 ème Encres Vives et « L’heure de la tourterelle » préface d’Annie Briet œuvre posthume de Michel Cosem 530 ème Encres Vives le n° 6,60 €, abonnement 40 € à adresser à Eric Chassefière, 232 av. du Maréchal Juin, 34110 Frontignan
L’eau de la rivière verte et ensoleillée en ce lieu glisse entre les feuillages les peupliers fidèles et la falaise soudain muette Un reflet animal glisse le long d’un coup d’aile comme le mot à jamais universel *** |
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23-04-2024
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Évocation du poète marocain : Abdellatif Laâbi qui sera présent à Toulouse le vendredi 3 mai 2024 pour le 7ème centenaire des jeux floraux à l'Académie des jeux floraux Hôtel d'Assézat siège des académies savantes. Lecture d'extraits de :"L'espoir à l'arraché" Le Castor Astral éditeur 2018, 112 p, 14 €. *** diffusion d'un poème de Jean Sénac mis en musique et chanté par Gilles Méchin accompagné au piano par Alain Bréheret pianiste toulousain. *** Emission consacrée à l'oeuvre d'une des grandes voix de la poésie algérienne d'expression française : Samira Negrouche à partir de son anthologie (2001 - 2021) : "J'habite en mouvement" Poésie préface de Nimrod éd. barzaakh, Alger 2023, 282 pages.
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09-04-2024
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L’invité de l’émission est le Capitaine SLAM alias Thierry Toulze poète qui pratique depuis longtemps la scène Slam de Toulouse et d’ailleurs.
Au cours de son entretien avec Christian Saint-Paul, le Capitaine Slam tente par des textes inspirés d'expliquer ce qu'est le slam. Il évoque l'histoire toulousaine de ce mouvement dynamique, parle du militantisme comme d'une impasse artistique et invite les auditeurs à tuer symboliquement (ô sacrilège !) : Éluard, Prévert, Grand Corps Malade et Lamartine pour leur préférer Artaud, Nada, Céline et Novarina. Dans la lignée directe du Docteur Cachou, il suggère aux Troubadours de se jonglariser et met le doigt là où ça fait mal : encore une fois, il nous enchante par son génie cosmique, sa verve poétique, sa fureur satirique, sa fougue indomptée, son humour volontiers clownesque (il faut bien que le peuple exulte) et l'acuité de son regard d'artiste.
Un artiste qui honore Toulouse et que nous suivrons avec passion.
Lire les textes lus au cours de l’émission |
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02-04-2024
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Diffusion de « En un vergier » (« Dans un verger sous une feuille d’aubépine ») canson d’une dame troubadour (trobairitz) typique de l’amour courtois, extrait du CD « Voix de Femmes Troubadours » chanté par Sandra Hurtado-Ròs, Tròba Vox éditeur.
Invités : - Manijeh Nouri femme de lettres Iranienne, traductrice de la littérature persane, auteure de nombreux ouvrages sur la littérature et la poésie persane et iranienne contemporaine.
- Alem Surre-Garcia écrivain, essayiste, librettiste, poète auteur de nombreux ouvrages sociologiques, historiques, poétiques en langue française et en langue occitane.
L’objet de leur entretien porte sur la Rose et la Violette. En effet, une exposition « Violette et Rose » au-préalable préparée à Toulouse par les deux artistes invités aura lieu en août 2024, en Vendée à Saint-Gilles-Croix-de-Vie. C’est toute une symbolique sur ces deux fleurs qui est révélée par les deux invités. Toulouse et les jeux floraux qui fêtent cette année leur septième centenaire sont au centre de ces deux fleurs mythiques, la violette de Toulouse et Toulouse Ville Rose. Voir le texte de Manijeh Nouri sur l'exposition Origines persanes de la Rose exposition violette et rose
Violette et rose
Fleur rouge, fleur d’eau de rose, fleur de Mohammad, ou encore Vard, sont des noms différents, attribués à une fleure (la rose) dont les origines sont persanes dont l’Iran aujourd’hui encore offre au monde ses meilleurs extraits et produits. Qamsar, dans la province d’Ispahan, dans la commune de Kâchân, appelée la capitale de la rose, est la plus important producteur des eaux floraux et l’essence de rose.
Les différents aspects de la rose ont un rôle important dans la culture et les coutumes iraniennes. Le parfum de la rose est calmant et apaise les nerfs. C’est pour cette raison que dans les lieux publics et pendant les rassemblements de deuil ou religieux, on distribue l’eau de rose aux convives ; ou encore aux personnes qui ont eu des chocs affectifs importants on donne le sirop à l’eau de rose à boire. Une des raisons les plus importantes de la relation entre la rose et la culture persane est sa présence fréquente dans la poésie des plus grands poètes persans. L’exemple le plus évident est une partie de prologue du Jardin de rose du poète Saadi XIV° qui dit : Une nuit, avec les amis, nous étions réunis dans un verger. C’était un endroit fort agréable et verdoyant, avec les arbres bien abondant. les brises d’emails semblaient recouvrir son sol Et le collier des pléiades était suspendu sur ses vignes.
La poésie
À l’aube, quand l’envie de repartir domina le besoin de rester, je l’ai vu m’apporter un plateau de rose et d’hyacinthe. J’avais envie de repartir en ville. J’ai dit : « Comme tu le sais, la rose est éphémère et le jardin de rose infidèle. Le sage dit : il ne faut pas attacher son cœur à ce qui ne dure pas. Il me demanda : que faut-il faire ? J’ai répondu : « Afin de purifier le cœur de ceux qui observent et rendre éloquent les convives, je peux composer le livre du Jardin de Rose. Le vent d’automne ne pourra pas dérober ses feuilles et le temps qui passe ne pourra transformer le plaisir de le lire à l’ennuie.
Poésie : À quoi te servent les roses du jardin, Prends quelques feuilles de ma roseraie. La rose ne dure que 5-6 jours, Ce jardin de rose est toujours vivant et agréable.
La passion du rossignol et son amour pour la rose sont proverbiaux dans la culture des persanophones. La poésie persane en témoigne incontestablement. Dans la littérature religieuse, on raconte que le Prophète transpirait, au moment de son ascension. Les gouttes de sa transpiration sentaient le parfum de rose. Le poète Khaqani compare dans son Divan, les sueurs du Prophète avec l’eau de rose.
La violette en Iran est le nom d’une fleur qui à l’origine était sauvage et en grappe. Dans le nord de l’Iran, au bord de la mer Caspienne, cette fleur de couleur bleue-violette pâle poussait.
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26-03-2024
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Signalement du livre : Eric de Rus « Cet Amour inconnu d’où monte la Parole » poèmes éditions Saint-Léger, 200 pages, 16 €
Éric de Rus est professeur agrégé de philosophie, enseignant au centre pédagogique Madeleine Daniélou (Rueil-Malmaison) et associé au groupe de recherche « Éthique et personnalisme » de la faculté de philosophie de l'Institut Catholique de Toulouse. Sa thèse de doctorat avait trait à Edith Stein, sœur Thérèse Bénédicte de la Croix, née dans une famille juive en 1891, convertie au catholicisme et assassinée pour son peuple à Auschwitz en 1942. Les poèmes d’Eric Rus sont d’une naturelle simplicité, éclairés par la Lumière d’une incessante et heureuse quête spirituelle qui illumine tout le recueil. Extrait : La Parole Absolue Je l’ai trouvée la Parole absolue, Eternelle vibration de l’Amour Portant de l’intérieur toute chose Tel un océan de lumière et de vie.
Verbe éternel d’ardent Silence Inaltérable en son rayonnement, Parole d’amour substantiel Incessamment prononcée.
Douce comme un zéphyr d’aube entre les fleurs d’amandier L’offrande de la Parole Au cœur Surpasse les mots. *** Le poète invité est Gilles Baudry Gilles Baudry est un poète et ecclésiastique français né le 27 avril 1948 à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu en Loire-Inférieure. Il est moine à l'abbaye de Landévennec. Son œuvre poétique publiée en grande partie aux éditions Rougerie lui a valu le Prix Antonin Artaud en 1985 pour « Il a neigé tant de silence » (réédité en 2021) et en 2005 le Prix de l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire. Il présente son dernier livre : « Le chant du balancier » éditions Ad Solem En liminaire il écrit : Le temps est une ombre. Tout passe. Nous passons aussi comme fleurs des champs, mais en Celui qui ne passe pas, en « Dieu jeune ensemble qu’éternel. » (Péguy) Déjà ici-bas, la lumière fait son miel de tout ce qu’elle touche. Prière et poésie se pollinisent…S’instaure au cœur de l’écriture le temps intérieur. Temps sans temps où affleure l’éternel, comme soustrait à l’écoulement des heures…Pour avoir offert l’hospitalité à l’invisible, l’évènement est quotidien et le mystère semble presque naturel. Des petites épiphanies du réel le poème fait une métaphore voilée de la Présence. Humble artisanat des mots silencieux, il suggère, en filigrane et en aparté, qu’on ne devrait pas évaluer notre vie en termes de pesanteur mais en mesure de grâce.
L’entretien avec Christian Saint-Paul a trait à l’expérience poétique et métaphysique du poète, à son parcours de créateur, ses amis poètes, son vécu dans sa quête spirituelle incessante et dont ce livre n’est qu’un des reflets. Le temps, cette durée qui doit finir mais s’inscrit dans un temps inaltérable celui de l’Esprit divin, est au centre des poèmes. Un moment de bonheur car ces poèmes de Gilles Baudry portent l’Espérance à son niveau d’incandescence qui illumine notre vie sans rien retirer du réel et de la grâce du quotidien. L’entretien est ponctué de lecture d’extraits du livre.
Le soleil ce matin ne s’est levé que sur un coude puis s’est recouché. Sous leur housse de brume translucide on eût dit que le ciel et la mer étaient parole à double sens. Lors, j’ai marché le long de l’Aulne rêvant que le bruit de mes pas allait sortir le paysage de ses pensées. *** L’éclat de l’ombre « Le rouge-gorge est une tache de chant » Jean-Claude Albert Coiffard Si l’oiseau rêve de racines et l’arbre d’ailes poète n’es-tu pas parmi les gens de plume l’oiseau venu de nulle part nidifier dans la langue allumer quelques vers luisants dans le demi-jour du sous-bois en dormance ?
Toi pareil au rouge-gorge par la seule magie de sa faible lueur de luciole et du frisson d’un arpège perlé tu cherches à moduler en sa furtive compagnie l’imperceptible éclat de l’ombre. *** Couleur du temps
Pour la paix esseulée du paysage de grâce n’ajoutez rien à la couleur du temps au bruit de la mer dans les arbres au ciel qui tremble à la fenêtre quand écrire avec un cristal sur une vitre c’est comme si vous touchiez du doigt la réalité de l’invisible
N’ajoutez rien n’enlevez rien de grâce puisque pour nous parmi les choses périssables le quotidien a la couleur de l’éternel. ***
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alem surre garcia
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Diffusion de « Matin verd » poème de Franc Bardou chanté et mis en musique par Gérard Zuchetto avec Sandra Hurtado-Ros, extrait du CD « Chemin tournant - Poètes du Sud » éditions Troba-Vox. *** Signalement : - du numéro 529 « Spécial Michel Cosem » de la revue Encres Vives, « Une vie consacrée à la poésie », sous la supervision de Annie Briet. Lecture d’un extrait : « Un poète au service des poètes » de Gilles Lades. - du 530 ème Encres Vives consacré au recueil posthume de Michel Cosem « L’heure de la tourterelle » préface d’Annie Briet, poèmes dédiés au Lot où il passa la plupart de ses étés et ses deux dernières années. Chaque volume : 6,60 € (+ frais de port) abonnement 1 an : 40 € chèque à adresser à Eric Chassefière 232 avenue du Maréchal Juin 34110 Frontignan correspondances : encres.vives34@gmail.com *** L’invité de la semaine est Alem Surre-Garcia poète, essayiste, librettiste, romancier, conférencier, écrivant aussi en langue d’Oc. Il vient présenter son dernier livre : « La Convivencia » un guide très pédagogique du concept de la Convivencia commun aux cultures castillane, catalane, portugaise et occitane, repris dans les années 80 du siècle dernier par le milieu associatif occitan et repris aujourd’hui par la mairie de Toulouse. Entretien avec Christian Saint-Paul et lecture d’extraits. Un livre qui devrait figurer dans toutes les bibliothèques des hommes (et femmes pour ceux qui croient encore que le mot hommes au sens général exclut les femmes de l’humanité) de bonne volonté et dans toutes les bibliothèques des collèges et lycées. |
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12-03-2024
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Diffusion de trois poèmes de Jean Sénac chantés par Gilles Méchin avec au piano Alain Bréheret *** Présentation et lecture d'extraits de "L'espoir à l'arraché" du poète franco-marocain Abdellatif Laâbi éd. Le Castor Astral, 2018, 118 p, 14 €. *** Retour sur Stanislas Rodanski (1927 - 1981) avec le signalement de : "Je suis parfois cet homme" poésie édition établie et présentée par François-René Simon nrf Gallimard, 2013, 169 p, 17 € *** A la suite de la cérémonie de l'inauguration de la plaque de nom de rue : Claude Barrère (1946 - 2021) à Lisle-Jourdain dans le Gers le 9 février 2024, présentation et lecture d'extraits de son livre posthume : "Spicilège poétique" éditions N&B, Toulouse 2024, 52 p, 10 € Dévoilement de la plaque portant le nom du poète et peintre Maître ès-jeux de l'Académie des jeux floraux Claude Barrère (1946 - 2021) le 9 février 2024 à Lisle-Jourdain dans le Gers. Dessous la plaque de gauche à droite : Bruno Ruiz, Elisabeth Aragon, Philippe Dazet-Brun (Secrétaire perpétuel ) Christian Saint-Paul de l'Académie des jeux floraux de Toulouse
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5-03-2024
Michel COSEM
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Emission du (12/04/2007) rediffusée en hommage à Michel Cosem (28 mai 1939 - 10 juin 2023). Christian Saint-Paul reçoit Michel COSEM poète, romancier, éditeur. C’est une figure emblématique de la poésie contemporaine, entrée déjà dans l’histoire de la poésie des XXème et XXIème siècles, qui vient dire son enthousiasme toujours grandissant pour la création littéraire et l’édition de la poésie. Né en 1939, il fonde en 1960 à Toulouse dans les locaux de l’AGET rue des Lois, la revue Encres Vives qui n’a cessé de paraître et en est aujourd’hui à son 415ème numéro. Un exploit quand on connaît la précarité des nombreuses revues qui ont vu le jour sur la même période. Il publie les auteurs reconnus de la poésie d’aujourd’hui qui aiment à intervalles réguliers, faire paraître un recueil comme pour marquer l’évolution de leurs œuvres, mais aussi, il donne sa chance aux poètes pas ou peu connus, qui laissent percevoir une voix de qualité. Car, l’ouverture de ce poète éditeur qui a su réunir un si impressionnant catalogue, est toujours subordonnée à son exigence visionnaire de la qualité. Être publié à Encres Vives est, en effet, un label de qualité. Cette activité assez exceptionnelle sur une si longue durée lui a permis de tisser un vrai réseau fraternel des poètes de notre époque. Bien sûr, c’est l’ouvrage d’un poète passionné et assidu à une création qui n’a jamais ralenti et lui vaut d’être parmi les poètes les plus prolifiques. Déjà dans les années quatre-vingts Robert SABATIER dans son anthologie des poètes du 20ème siècle, lui consacrait de nombreuses pages et le saluait comme « le poète du bonheur intérieur ». Jean-Marie Le Sidaner dira, il y a déjà trente ans, qu’il est un poète « de l’imaginaire susceptible de bouleverser nos rapports avec le monde ». Plus tard, Gilles LADES verra en Michel COSEM un « voyageur contemplatif dans l’aveuglant paradis ». Lauréat des prix Méridien, Artaud et Malrieu en poésie, il poursuit inlassablement sa démarche exigeante. Il construit en même temps une œuvre romanesque chaleureusement remarquée par la critique ; cette œuvre fait l’objet d’études universitaires et il prend place dans les ouvrages et anthologies de littérature contemporaine. Il est aussi l’auteur de nombreux livres pour la jeunesse qu’il considère comme des livres destinés, de la même manière, aux adultes. Dans l’ensemble de cette grande œuvre de fiction, l’imaginaire sera toujours le centre. Mais cet amateur des mythes et des légendes regarde les paysages qu’il traverse avec l’éclairage de l’Histoire et la grâce du poète. Ce regard aigu sur les lieux où il s’attarde, va nourrir en profondeur son inspiration poétique. A propos de son livre « Le Sud du soleil » paru aux éditions de l’Atlantique, Gaëlle JOSSE écrit : « Michel COSEM ne cherche pas l’inspiration, elle vient à lui car il regarde le monde. Il y a en lui quelque chose d’un Monet arpentant la campagne, chevalet et boîtes de couleurs en bandoulière, célébrant le jour en guettant ses plus infimes nuances de lumière ». C’est précisément des textes sur ces lieux qui le fascinent et l’enracinent durablement au monde, que Michel COSEM choisit de lire pour cette émission. Il rappelle qu’il a créé dans les éditions Encres Vives une collection lieu qui rassemble des auteurs cernant un ensemble de poèmes sur un lieu déterminé. (Voir le catalogue général des éditions sur ce site) Le dernier né de cette collection est le 275ème Lieu dont l’auteur est Paul BADIN et le titre « La flânerie aux Alyscamps » et concerne Arles et la Camargue (6,10 € à commander aux éditions). Alternant un entretien avec Saint-Paul portant sur sa démarche personnelle poétique et des considérations plus générales sur la poésie, Michel COSEM lit de longs extraits de ses recueils ayant trait aux Corbières et à la Galice et Mancha : « La ria du cygne noir » (272ème Lieu, 6,10 € à commander aux éditions). Georges CATHALO a écrit à propos de ces poèmes : « Et puis, comme « on sait enfin que rien ne finit », on cherche toujours à voir plus loin même dans l’ici ou le « je » s’efface devant la simple majesté des paysages rencontrés car « l’imaginaire est là, perché entre les plantes rares » et l’on est sûr que « tout recommence à l’instant où l’on croit que tout va s’apaiser », un peu comme ce vent, présent d’un bout à l’autre du livre ».
L’eau nourrit l’eau et les algues du monde le frisson au geste fou et cette origine du vent Ce soleil
Le corps de l’oiseau sans un cri sans la moindre parole boit tout ce qui reste
(La ria du cygne noir)
Un poète dont on souhaite recevoir aussi régulièrement les livres qui nous font voyager et au fond, nous font nous découvrir à travers ce regard jamais habitué.
Abonnement à Encres Vives 34 €, chaque numéro 6,10 €, à commander 2, allée des Allobroges 31770 Colomiers.
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27-02-2024
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Emission entièrement consacrée à la lecture de "La Montgolfière du Déluge Poèmes précédés d'une Lettre à l'astrologue suivis de A cela près" de Stanislas Rodanski éditions Deleatur 1991 Né en 1927, Stanislas Rodanski habita le plus souvent à Lyon, dans le quartier des métiers des canuts qui fonctionnaient encore. Poète ayant appartenu au mouvement surréaliste dont il fut exclu, il s'inscrit dans la lignée des poètes minés par le désespoir et la révolte comme Antonin Artaud ou Gherassim Luca. Il fut hospitalisé d'office en 1949 à Perray-Vaucluse puis à Villejuif jusqu'en 1952. Puis de 1954 jusqu'à sa mort en 1981 il fut hospitalisé à l'asile Saint-Jean-de-Dieu près de Lyon. |
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20-02-2024
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Signalement de : « Une vie consacrée à la poésie » sous la supervision de Annie Briet spécial Michel Cosem Encres Vives n° 529, 6,10 € abonnement 40 € chèque à l’ordre de Encres Vives à adresser à Eric Chassefière, 232 av. du Maréchal Juin, 34110 Frontignan *** « L’heure de la tourterelle » préface de Annie Briet Encres Vives n° 530, 6,10 € abonnement 40 € chèque à l’ordre de Encres Vives à adresser à Eric Chassefière, 232 av. du Maréchal Juin, 34110 Frontignan *** Présentation de : Pierre Ech-Ardour « Vespérales élégies » pérégrinations poétiques et cosmologiques de Sète à Ceret éditions Levant, 70 p, 15 €. Pierre Ech-Ardour réside à Sète (France). En son rapport intime aux lettres, sa poésie, « tours de mots » où interfèrent extrinsèques lumières et clartés profondes, incarne la parole d’une utopie propice à l’approche des sources du monde. Sa poésie traduit ce battement, cette trame discrète où s’orfèvre le poème ; chaque mot porte le déplis d’une pensée poussée à l’orbe des confins. L’écriture, jouant de sa lumière et de sa contre lumière, laisse doucement à l’entente la palpitation du froissement et du défroissement des mots, conservant perpétuels leur vastité et leur respir. Ce sont dans ces amples et discrètes variations que la parole trouve son surgissement de visage, cette force particulière d’être elle-même l’envol de ce qui d’un coup se dévoile à la vue et à la pensée et aussitôt se dérobe, insoluble. Et si se laisse saisir par la peau que donne la traverse des langues, des souffles terrestres, des sensualités et des mémoires d’une certaine intimité, sa poésie est une voix portée, une entière adresse à l’humain et à son tremblement d’infinité. Les Editions Levant publient en janvier 2024 le premier recueil d'une trilogie, titré "Vespérales élégies", recueil de 60 poèmes dédiés à la Vie, à la Liberté, à la Femme et à l'Amour. Il est orné de trois œuvres de Chantal Giraud Cauchy , « Pigments outremer et blanc sur Velin d’Arche – Reliefs 1, 2 et 3 », conçues pour l'ouvrage. La présente publication a été rendue possible grâce au mécénat de Sète Agglopôle Méditerranée. *** Christian Viguié « Comme une lune noire sur ma table » Poésie éditions La Table Ronde, 176 p, 17 €.
Comme une lune noire sur ma table Il y a l’ombre d’un arbre l’ombre d’une montagne mais je préfère une ombre plus grande celle de mon bol Elle est comme une lune noire sur ma table.
Cela me fait du bien de dire le ciel est le ciel une pomme est une pomme Il suffit d’ouvrir ma porte de regarder ce qui est
Pourtant quelque chose se détériore à l ’intérieur du regard et des mots les serrures du silence le jour dépouillé n’importe quelle sentence la cérémonie du vent comme si la première définition du réel était de nous faire tenir au bord du vide Pourquoi le réel ne serait-il pas un enfant qui danse quand il danse un enfant qui dort quand il dort un enfant que nous pourrions nommer uniquement avec nos lèvres perdues ?
*** Sabine Garrigues « rien n’est su » éditions Le Tripode, 125 p , 13 € Originaire de Châlons-en-Champagne, Sabine Garrigues est comédienne et professeure de yoga. Des années après la mort de sa fille au Bataclan en 2015, elle écrit rien n’est su. Une première version de ce texte est devenue en 2022 une pièce radiophonique pour France Culture avec la comédienne Audrey Bonnet sous le titre : Nuit de guerre à Paris. rien n’est su est un récit grave, lumineux, habité par l’amour entre une mère et sa fille. Que faire quand le monde s’écroule et que la vie demeure ? Sabine Garrigues raconte la brutalité de la mort, le manque, la réinvention de soi. Les mots, émancipés des majuscules et de toute ponctuation, disent l’insoutenable absence, mais aussi la beauté d’un monde qui comprend le vide et la douleur : « la mort nourrit la vie / avant je ne le savais pas / maintenant je le sais ». rien n’est su est le premier livre de Sabine Garrigues. Écrit au fil des ans après la disparition de sa fille au Bataclan en 2015, il a donné naissance à une pièce radiophonique diffusée en 2022 sur France Culture sous le titre : Nuit de guerre à Paris. L’interprétation était menée par l’autrice et la comédienne Audrey Bonnet, que le Tripode remercie pour la découverte de ce texte. *** |
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Casimir Prat
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Dévoilement de la plaque portant le nom du poète et peintre Maître ès-jeux de l'Académie des jeux floraux Claude Barrère (1946 - 2021) le 9 février 2024 à Lisle-Jourdain dans le Gers. Dessous la plaque de gauche à droite : Bruno Ruiz, Elisabeth Aragon, Philippe Dazet-Brun (Secrétaire perpétuel ) Christian Saint-Paul de l'Académie des jeux floraux de Toulouse
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06-02-2024
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Diffusion de « Ma vieille France » de Gérard Blua chanté par Jean-Claude Ettori extrait du CD « Vivre » (AGIC diffusion, 20 €) *** Lecture de poèmes de Michel Eckhard Elial extraits du livre de Ronny Someck et Michel Eckhard Elial : « Cristal Blues » illustrations de Giraud Cauchy (verre) et Ferrante Ferranti (photographies), avant-propos de James Sacré éditions Ségust, 40 p, 15 € *** Présentation et lecture d’extraits de « Cette enfance à venir » poèmes de Gilles Baudry, dessins de Nathalie Fréour éditions L’enfance des arbres, 15 € *** Présentation et lecture d’extraits de « René Guy Cadou La fraternité au cœur » de Jean Lavoué préface de Ghislaine Lejard, postface de Gilles Baudry éd. L’enfance des arbres, coll. Poésie et intériorité, 298 p, 20 € *** Présentation et lecture d’extraits de « Ecrits de l’arbre dans le soleil » de Jean Lavoué éd. L’enfance des arbres, 134 p, 15 € *** L’éternité est-ce autre chose que cette épiphanie entre déclivité nativité le seul sésame qui nous ouvre la porte des humbles ?
Celle-ci déjà
d’air et de bleu qui gît en nous inentamée et se tient à l’orée des merveilles
Gilles Baudry « Cette enfance à venir » *** Se laisser traverser simplement Par la splendeur muette De la vie qui se cache Dans l’évidence de sa victoire Qu’aucune menace n’altère vraiment !
Pour cela, s’en tenir à la confiance De ce qui s’élève en nous Même si nous tombons lourdement.
C’est à partir du sol que s’élance la sève, C’est dans le tremblement des racines Que partout s’élève la terre vers la lumière.
Nous serons guidés dans ce frémissement De feuilles et de branches
Vers ce ciel qui nous accepte tel que nous sommes Dans notre fragilité arrachée aux verrous de la peur.
Jean Lavoué « Ecrits de l’arbre dans le soleil » ***
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30-01-2024
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L’émission « Les Poètes » présente ses condoléances au poète chanteur toulousain Bruno Ruiz pour le décès de son épouse, l’artiste plasticienne Kathy Ruiz-Darrasse. Est diffusé de Bruno Ruiz son poème chanté « Hom-Louve » extrait de son CD « Après ». *** Lecture d’un poème de Ioulia Fridman, poète, écrivain et traductrice qui vivait à Moscou et qu’elle a dû quitter dès l’agression de l’Ukraine par les troupes russes. Ce poème est extrait du recueil « Non à la guerre ! » Poètes contre la guerre des éditions Caractères (9 €). *** Présentation enthousiaste de la réédition en format poche de l’œuvre de Jacques Ellul (1912 - 1994) écrivain, philosophe, théologien, Résistant, dans la collection « La petite vermillon » des éditions La Table Ronde. Parmi les titres publiés Christian Saint-Paul invite à lire particulièrement : « L’espérance oubliée » 398 p, 10,50 € « Politique de Dieu, politiques de l’homme » 304 p, 8,90 € « Le livre de Jonas » Préface de Sébastien Lapaque, 192 p, 7,30 € *** Le reste de l’émission est consacrée à l’œuvre poétique toujours continuée de Gilles Lades avec trois de ses dernières publications : « Ouvrière durée » éd. Le silence qui roule, 2021, 100 p, 15 € « Le poème recommencé » éditions Alcyone, coll. Surya, 90 p, 20 € Lecture d’extraits. Un poète ancré dans son pays Le Quercy et par là-même dans la terre, celle de nos campagnes et la Terre universelle. *** As-tu regardé l'insigne maison er les lieux du poète ?
Le vent parcourt les chemins et les chênes tu reconnais ton ancien passage aux champs abolis par l'hiver à la cabane de pierre qui n'est qu'un tas aveugle
une feuille tombe à tes pieds la dernière à rejoindre l'humide
un buis demeure dans la niche d'un fourré comme un chevreuil vigilant
Noël cahote dans ta mémoire avec les larmes de joie de l'enfance
l'on a tant fait pour que tu vives et puisses dire
tu mets le cap à l'inconnu en quittant la vue du village rajeuni de soleil au fond de la vallée
Gilles Lades (extrait de Pays perpétuel)
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23-01-2024
Jean-Louis Clarac
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Signalement réitéré du livre de Jean-Michel Maulpoix « Sous la neige » éditions Mercure de France, 116 p, 16 € *** Christian Saint-Paul reçoit son invité : Jean-Louis Clarac venu informer les auditeurs de la continuation de la revue et éditions Encres Vives abonnement 45 € à adresser à Encres Vives , 232 avenue du Maréchal Juin 34110 Frontignan
et parler de son dernier livre « La rumeur et le fracas » Jacques André éd. 92 pages, 14 €
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16-01-2024
Emmanuel Savy
Elizabeth Aragon
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Signalement de la parution de Nouveaux Délits Revue de poésie vive numéro 77
Un très bon sommaire comme toujours, à découvrir. Lecture de l’éditorial de Cathy Garcia Canalès : Aucune vie ne ressemble à une autre et la douleur n’est pas toujours visible, quantifiable, sauf quand elle est si collective qu’on ne peut plus l’ignorer. Aucune vie ne ressemble à une autre, certaines sont tellement pleines de ces épreuves qui jettent à terre, rouent de tant de coups que cela semble n’avoir plus aucun sens. Les épreuves cependant qui nous tordent, nous forgent de l’intérieur jusqu’à parfois toucher la grâce. Toujours au bord pourtant de basculer, grâce ou folie, la frontière est si fine. En ce début d’année où il est de coutume de souhaiter et s’entre souhaiter, mes pensées vont vers toutes celles et ceux qui souffrent dans leurs corps, dans leurs têtes, dans leur vies, dans le corps des êtres qui leur sont chers. Mes pensées se ruent vers celles et ceux qui vivent dans la peur, la terreur, l’horreur, celles et ceux qui sont accablé-e-s par les injustices, celles et ceux qui éprouvent une solitude inhumaine, celles et ceux qui ont le cœur en miettes, l’âme mutilée, celles et ceux qui sont oubli-é-e-s, piétiné-e-s, humili-é-e-s, écrasé-e-s, broyé-e-s, perdu-e-s, poussières… Et je me souhaite — car qui suis-je pour dire à d’autres ce qui leur est nécessaire ? — je me souhaite, donc, le courage de garder dignité quoiqu’il arrive et le sens du respect, la volonté d’être juste, d’accepter ce qui en moi est fragile et blessé, ce qui chemine dans les ténèbres et la force d’endurer ce qui me tord, me forge, me polit et qui, peut-être à la longue, finira par me sublimer. Aucune vie ne ressemble à une autre mais la vie est une seule et même énergie qui nous traverse, nous anime, qui que nous soyons, où que nous soyons : humains, animaux, végétaux et même, à leur façon, les pierres de cette Terre qui n’en peut plus de nous. C’est ce que je ressens au plus profond de moi. Tout est vibration, tout porte un message alors je voudrais veiller toujours mieux à celui que moi-même je porte et transmets à travers mes pensées, mes choix, mes actions, mes mots, mes cellules… Veiller sur les causes car il est toujours trop tard quand il s’agit de réparer de néfastes conséquences… J’essaie de ne pas me décourager trop vite ou trop longtemps. Aucune vie ne ressemble à une autre, que chacune soit belle et sereine comme un lever de soleil, un chant d’oiseau à la nuit tombée, un vin d’amour à partager. CGC Étant donné que nous avons des cellules qui sont les filles des premières cellules de la vie, nous avons en nous de façon singulière toute l'histoire de la vie... nous avons l'univers en nous.Edgar Morin Abonnement 40 € (4 numéros) chèque à adresser à Association Nouveaux Délits Létou 46330 Saint Cirq-Lapopie *** Entretien de Christian Saint-Paul avec les invités : Elizabeth Aragon, poète directrice de collection des éditions az’art atelier de Pamiers (Ariège) et Emmanuel Savy, poète à propos de ses deux publications : « Point de départ » az’art atelier éditions, 88 pages, 16 € Qu’il ne se passe rien… Voilà, un bien grand risque ! La pulsation dedans notre corps rougeoyant est un rappel constant de la valse du temps Rien n’est fixe… Rien n’est fixe… et « A la limite » az’art atelier éditions, 100 pages, 16 € Epuisement.
Voir la limite , c’est voir à travers
On ne s’évade pas des geôles qu’on construit On n’ouvre rien… On est ouvert.
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Joël Vernet
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Signalement des livres de : Cercamon Cherche Monde troubadour du XII° siècle "Chansons de Cercamon" Présentation et adaptation d'Yves Leclair édition bilingue occitan-français éditions Pierre Mainard, coll. Littérature occitane "Troubadours" 118 p, 15 € *** Jean-Luc Aribaud "En cela" poèmes éditions Abordo, 85 p, 15 € *** Emission ensuite consacrée à Joël Vernet évocation de la démarche d'une des plus grandes voix de la poésie française rappel d'une publication antérieure ayant fait l'objet d'une précédente émission "Marcher est ma plus belle façon de vivre" Notes éparses éd. La rumeur libre, 110 p, 16 € et signalement de sa dernière parution qui fera l'objet d'une prochaine émission "Journal d'un contemplateur" dessins de Vincent Bebert éd. Fata Morgana, 77 p, 18 € *** lecture d'extraits avec digressions d'une brève publication de Joël Vernet qui est un vrai chef d'oeuvre "Lettre ouverte à un marcheur" éditions le Réalgar, 21 p, 5 € *** |
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Michel Eckhard-Elial
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Signalement de : Cercamon - Cherche Monde "Chansons de Cercamon" troubadour (1110-1152) poète inventeur en langue moderne du "Poème débat" Chansons présentées et traduites de l'occitan par Yves Leclair édition bilingue occitan-français Pierre Mainard éditeur 2023, coll. Littérature occitane "Troubadours" 118 p, 15 € *** Jean-Michel Maulpoix "Le jardin sous la neige" en exergue : "Une tristesse en forme d'homme" Paul Valéry éd. Mercure de France, 2023, 120 p, 16 € "Après L’hirondelle rouge (2017) et Le jour venu (2020), Le jardin sous la neige est le troisième temps d’un parcours lyrique en prose où se fait pas à pas plus poignante l’angoisse du vieillissement et de la disparition. Les mêmes motifs s’y recreusent et les coups de boutoir du temps contre le désir y sont plus cruels. Une tristesse plus noire y rôde jusqu’aux Enfers. Mais l’écriture ne s’en tient pas à ces chemins désolés : elle ramène de l’espérance et de la lumière en faisant tomber sur le papier une neige apaisante, longtemps espérée, et comme revenue du fond de l’enfance. Cette blancheur couvre la terre noire du jardin où la mort travaille sourdement ; elle épure et éclaire. D’autant qu’elle ne vient pas seule : en même temps que l’enfance, elle apporte avec elle le souvenir de poètes aimés, dont les voix se font écho tout au long de ce livre.Comme dans Une histoire de bleu (1992) et dans L’hirondelle rouge, ce sont ici de nouveau quatre-vingt-un textes répartis en neuf chapitres qui disposent en miroir les petits tableaux où se succèdent les figures de ce cheminement." Jean-Michel Maulpoix. *** Invité: Michel Eckhard-Elial Professeur de littérature comparée, Michel Eckhard Elial est poète et traducteur de la littérature hébraïque : Yehuda Amichaï, Aaron Shabtaï, David Vogel, Ronny Someck, Miron C. Izakson, Hagit Grossman, Diti Ronen, Eliaz Cohen, Shimon Adaf, Lali Tsipi Michaeli. Il dirige la Revue « Levant-Cahiers de l’Espace Méditerranéen », qu’il a fondée en 1988 à Tel Aviv, aujourd’hui à̀ Montpellier, dont la vocation est de promouvoir un dialogue pour la paix entre les trois rives de la Méditerranée. Entretien avec Christian Saint-Paul à partir des publications suivantes : "L'arbre lumière" éd. Levant, 2017, illustration de Robert Lobet, 47 p, 20 € La poésie est un des noms purs de l’amour, et l’arbre d’amour, comme l’arbre de vie, sa flamme parlante. *** "Crier à l'étoile" oeuvre de couverture de Denis Zimmermann éditions de l'Aigrette, 2021, 55 p, 13 € poèmes adressés à son fils Mathia Eckhard disparu à 19 ans Nous sommes les héritiers d'une plus haute absence
de l'arbre chu en ses racines il reste la lumière pour remonter aux cimes
le monde est-il la langue de la perte ou de la naissance
du temps et de l'espace le monde persiste et signe
l'orient de la naissance attend une autre nuit échappée à la foudre qui ose le jour et l'instant
de quelle lèvre embrasser le monde à l'origine de l'amour l'éternité est tienne *** et de deux livres avec les poèmes de Michel Eckhard-Elial
et de Ronny Someck poète Israélien :
"Cristal Blues"
Avant-propos de James Sacré illustrations de Giraud Cauchy / Verre et de Ferrante Ferranti / Photographies éditions Ségust, 2022, 41 p, 15 € "Deux voix pour dire (et pas forcément chanter) le blues du vivre". *** et "La poésie n'est pas une métaphore" avec les dessins de Ronny Someck éditions Levant, 2023, 45 p, La poésie est le plus court chemin de l’homme au monde, Alain Suied
"Habitée par le monde la poésie n’est pas une métaphore filée dans l’antre des dieux et des astres. La poésie ne dit rien que ce qui pousse en elle, comme l’arbre de vie, de ces racines qui ont la nostalgie du ciel et la force tellurique des volcans en gésine sous la langue. Elle signe cette vérité du Livre de la Création que le monde a été créé dans une parole. Bereshit, in principio, Elohim n’a pas simplement créé, il a dit. Et si le monde a été créé par la parole, la poésie a été créée dans les fragments d’une parole une et nue, à la fois intime et universelle. En d’autres termes, dans le poème c’est l’esprit de Dieu qui plane et souffle dans chacun de ses vers. Le poème devient ainsi le signe de ralliement du temps et de l’espace à la mémoire du commencement renouvelé. C’est dans cette lumière de l’origine désormais, qui a la pureté du cristal et de la foudre, que le poème connaît les déplacements de la vapeur d’eau ou des orages : il sème la prophétie des matins clairs et habille l’obscurité de fontaines creusées dans les airs. Que de métaphores s’ouvrent pour transporter les effusions du chant dans la rotation de la terre et interroger le mystère de l’esprit et des sentiments, comme autant de méridiens mûris en l’ultime retour de l’éveil solaire : dans ses mains flambe l’œil du rêve et la présence au monde de la clarté souveraine."
Michel Eckhard-Elial
et de Ronny Someck :
Hermès Aussitôt après avoir été embauché au service des coursiers de l’Agence Centrale de la Banque de Prêt et d’Epargne, mes nouveaux collègues de travail m’ont entouré et m’ont demandé mon nom. J’étais sûr qu’il n’existait personne au monde qui n’ait lu la Mythologie, et sans le moindre sourire, j’ai répondu : Hermès, en ajoutant intérieurement : le Messager des Dieux. Chaque homme, a écrit la poétesse, possède un nom que Dieu lui a donné et que lui ont donné les murs de la banque et le calcul des taux d’intérêt. Mon dieu à moi s’est transformé en sculpture grecque. Quand le directeur a demandé : Hermès, pourquoi n’es-tu pas arrivé à temps chez l’avocat ? La lettre était urgente. J’ai failli répondre que je n’avais pas trouvé dans sa cage d’escalier une place pour le cheval de la guerre de Troie. La fille du comité d’entreprise, qui distribuait du vin à chaque fête, je l’ai appelée Mme Dionysos. Comme les coursiers s’émerveillaient à la vue de mon amie et me demandaient son nom, j’ai dit, au visage étonné de Dina, Aphrodite. Je savourai alors, goutte à goutte, le nectar de la vie. A la cime des feux de circulation de la ville flottaient des couronnes de laurier, des sandales de cuir étaient cousues aux racines des arbres qui défilaient dans les avenues, mes poumons respiraient l’air de l’Olympe, gonflant la roue des vélos de service. Dans les cafés au bord de la mer j’ai bu de l’ouzo, comme on peut l’imaginer, avec Poséidon. Sur mon lit j’ai aiguisé les flèches de Cupidon, et j’ai souhaité les diriger vers le cœur de celle qui a finalement accepté de déboutonner sa chemise. Puis d’un seul coup, devant les mamelons de la vérité, la tempête de la mer a cessé. La porte des Amazones a été balayée par les rochers, et mes doigts ont fait ruisseler les sources intarissables de l’inimaginable.
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Michel Eckhard-Elial |
Signalement de la parution de : "Farfulaisons" conjugaisons poétiques et farfelues de Stéphane Amiot illustrations de Jordelina Militon éd. Unicité 92 p, 14 € Un très beau livre de poèmes pour les petits et les grands merveilleux cadeau de Noël *** et de : "Écrits de l'arbre dans le soleil" de Jean Lavoué illustration d'Isabelle Simon éditions L'enfance des arbres, 134 p, 15 € Encore un très bel ouvrage d'une facture très soignée de cet éditeur et des poèmes d'une intériorité percutante toujours dans cet humanisme qui caractérise cet auteur. *** Entretien de Christian Saint-Paul avec le poète traducteur éditeur Michel Eckhard-Elial fondateur de la revue et éditions Levant à Montpellier qui a pour vocation de jeter des ponts entre les rives de la Méditerranée et de promouvoir un dialogue pour la paix. Ce poète qui a enseigné longtemps dans les universités israéliennes nous communique ce message d'espérance : "Dans ces jours dramatiques, il est presque incongru d'adresser à nos amis la banale question: comment allez-vous? Nous vivons, éloignés mais proches, dans l'écoute et le spectacle d'une épreuve impossible à nommer. De cette douleur la poésie peut-elle dire quelque chose, et consoler? Probablement pas, car nous sommes désarmés devant l'insupportable violence et la barbarie, mais elle doit nous aider à résister et retrouver, au-delà de la compassion, une unisson d'humanité, et l'esquisse renouvelée d'un rêve de paix. Sur cette voie étroite, LEVANT reste fidèle à sa vocation : aux jours terribles de l'indicible blessure, osons saluer le soleil des jours suivants, dont la voix des poètes, comme des amandiers en plein hiver, porte les prémices !" *** Lecture d'extraits d'un livre écrit à quatre mains La poésie n'est pas une métaphore de Ronny Someck et Michel Eckhard-Elial |